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Actualités - ANALYSE

Analyse - Quatrième et ultime étape des municipales hier Au Liban-Nord, peu de surprises et quelques consécrations

La quatrième et dernière étape des élections municipales s’est achevée hier par le scrutin du Liban-Nord. Un scrutin en définitive sans trop de surprises, puisque ce sont les listes données favorites qui ont triomphé un peu partout dans le mohafazat. Seule incertitude jusqu’à l’heure d’aller sous presse, la situation à Tripoli où le dépouillement de près de 150 urnes seulement sur 250 donnait une légère avance à la coalition Négib Mikati-Samir el-Jisr-Mohammed Safadi face à la liste parrainée par l’ancien Premier ministre Omar Karamé. Si la victoire de la liste Mikati-Jisr-Safadi venait à se confirmer, le Premier ministre Rafic Hariri aurait ainsi compensé quelque peu le camouflet qu’il a subi dans sa ville natale de Saïda. Du même coup, en cas de défaite, M. Omar Karamé verrait sa position plus ou moins affaiblie face à M. Mikati comme éventuel chef de gouvernement en cas de changement ministériel. En dehors du cas de Tripoli, le Nord a conforté des leaderships déjà bien établis. C’est notamment le cas dans le caza de Bécharré, à Zghorta et à Tannourine. Dans la localité de Bécharré, la liste présentée par les Forces libanaises (FL) a raflé la totalité des sièges du conseil municipal, devançant avec un large écart la liste appuyée par les trois députés Kabalan Issa el-Khoury, Gebran Tok et Nader Succar et par le chef du parti Solidarité, Émile Rahmé. Dans les autres villages du caza, notamment à Qnat, Hadchite et Hasroun, les FL ont battu leurs adversaires. Cette victoire éclatante du courant de Samir Geagea dans son fief natal ne manquera pas d’assurer à son épouse Sethrida Geagea une légitimité populaire, désormais acquise par les urnes, et jusqu’à hier vivement contestée par certaines mouvances, même au sein des FL. La position de Mme Geagea en tant que porte-étendard du courant se trouve de ce fait raffermie. À Zghorta, l’attention s’était reportée hier non pas sur la localité, mais sur les villages du caza. Dans la ville même de Zghorta, seuls quelques candidats aounistes tentaient de croiser le fer avec Sleimane Frangié uniquement pour le principe. Il reste que le score enregistré par ces candidats sera intéressant, dans la mesure où il reflétera l’implantation de ce courant dans un bastion acquis d’avance au ministre de la Santé. Dans le caza de Zghorta, où la bataille opposait le tandem du Rassemblement de Kornet Chehwane Nayla Moawad-Samir Frangié à Sleiman Frangié, Mme Moawad a réussi le tour de force de remporter cinq des dix villages où des batailles sérieuses se déroulaient. C’est notamment le cas à Alma, où le ministre des Affaires étrangères Jean Obeid a subi un revers, à Hilam, Miriata, Bouhayret Toula, et Aïto. À Kfardlakos, où toute la bataille, pour la députée, se jouait sur un homme, René Nakad, ce dernier est parvenu à se classer premier. À Achech, Nayla Moawad aurait réussi à placer deux candidats au sein du conseil municipal. Elle a également remporté la bataille des moukhtars dans ce village. Le candidat appuyé par Mme Moawad au siège de moukhtar dans le quartier de Saydé, à Zghorta-ville, qui est un membre de la famille Makary, aurait également été élu. Il s’agissait d’une manche importante, dans la mesure où le ministre Frangié avait jeté tout son poids dans la balance. Tard en soirée, la seule incertitude demeurait le village de Rachiine. Au cas où Nayla Moawad parviendrait à y briser l’influence de M. Frangié, elle obtiendrait par conséquent près de 50 % du caza. À Tannourine, groupement de 17 villages et espaces résidentiels, le député Boutros Harb a apporté une fois de plus la preuve qu’il reste le maître du jeu électoral. Sa liste a remporté une victoire confortable – près de 1 000 voix d’écart selon les sources proches de M. Harb – face à une liste soutenue par le courant aouniste, les Forces libanaises et M. Manuel Younès. Cette victoire était importante pour M. Harb dans la mesure où le député de Batroun affirmait que certaines fractions ont tenté, par le biais du scrutin municipal, d’ébranler son leadership et sa position sur l’échiquier politique local en tant que figure de l’opposition. Il reste que, pour la première fois peut-être, M. Harb a fait face à une sérieuse opposition dans son fief, ce qui pourrait avoir un certain impact sur la prochaine élection législative. À Batroun, réputé être un bastion du courant aouniste, le Courant patriotique libre (CPL-aouniste), emmené notamment par le gendre du général Michel Aoun, Gebran Bassil, n’a réussi à placer qu’un seul candidat au sein du conseil municipal. Les aounistes étaient opposés à une liste appuyée par le député Sayed Akl, et emmenée par le président sortant de la municipalité, Marcelino el-Harek, très populaire dans la ville du littoral au célèbre Mur phénicien. Selon des informations rapportées par des sources aounistes, un autre candidat sur la liste du CPL aurait échoué par une voix d’écart uniquement. Ce revers du courant du général Michel Aoun à Batroun, même s’il était plutôt prévisible, ternit quelque peu l’éclat aouniste dans la ville, et ce même si le vote a pris beaucoup plus l’allure d’une lutte familiale que politique. Les aounistes avaient en effet tenté de donner une dimension éminemment politique à la bataille, ce qui n’a pas suffisamment séduit les Batrouniens, au vu des résultats non définitifs. À Kobeyate, dans le Akkar, aucune indication n’avait encore filtré à l’heure d’aller sous presse au sujet du résultat du bras de fer opposant la liste soutenue par le député Mikhaël Daher à celle appuyée par son adversaire traditionnel Faouzi Hobeiche. Excepté peut-être l’ampleur exceptionnelle de la victoire des FL à Bécharré et le revers éventuel de Omar Karamé à Tripoli, cette dernière manche des municipales 2004 ne devrait pas bouleverser outre mesure la donne politique, si tant est qu’un tel bouleversement soit possible dans le contexte actuel imposé au pays. Michel HAJJI GEORGIOU
La quatrième et dernière étape des élections municipales s’est achevée hier par le scrutin du Liban-Nord. Un scrutin en définitive sans trop de surprises, puisque ce sont les listes données favorites qui ont triomphé un peu partout dans le mohafazat. Seule incertitude jusqu’à l’heure d’aller sous presse, la situation à Tripoli où le dépouillement de près de 150...