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Actualités - CHRONOLOGIE

« La non-application de la décision gouvernementale a coûté au peuple 20 milliards de livres », affirme Ghosn Un sit-in syndical très politique, place du Musée (photo)

Avant que les événements sanglants survenus dans la banlieue sud ne viennent ternir la journée de grève contre la politique socio-économique de l’État, près de trois mille personnes, soit quasiment le double des manifestants du sit-in effectué jeudi dernier, se sont rassemblées hier dans la matinée place du Musée pour protester contre le prix exorbitant du bidon d’essence. Dans ce rassemblement où les partis politiques étaient largement représentés, le ton est monté dans les slogans scandés contre le gouvernement et, de façon plus spécifique, contre son chef, Rafic Hariri, et le ministre des Finances, Fouad Siniora. Par ailleurs, si l’on compte les sit-in qui ont eu lieu dans différentes régions, notamment à Jounieh, dans le Chouf, dans la Békaa, à Tripoli... on peut considérer que le mouvement de protestation populaire a certainement gagné en intensité par rapport à la semaine dernière. Dans les rues, le trafic était très fluide durant toute la journée et les automobilistes ont observé un arrêt symbolique de cinq minutes, à midi, en signe de soutien à la grève. Les taxis-service en activité étaient extrêmement rares. Autre fait à relever : bien que l’Association des commerçants n’ait pas lancé un mot d’ordre de grève, un taux non négligeable de commerces avaient décidé de fermer leurs portes dans différentes régions, à Beyrouth et ailleurs. Quant aux stations d’essence, elles n’ont pratiquement pas respecté l’ordre de grève. Les écoles publiques et privées, ainsi que certaines universités, avaient donné congé à leurs élèves. Sur l’autoroute allant de Beyrouth vers le Liban-Nord, de grands convois de taxis et de bus ont considérablement ralenti le trafic le matin, faisant écho aux fermetures de routes qui ont eu lieu dans d’autres régions. Le gouvernement, cible privilégiée Au sit-in de la place du Musée prenaient part le Hezbollah (qui n’était pas présent en force la semaine d’avant) et d’autres formations comme le Parti socialiste progressiste (PSP), le Parti démocratique (Talal Arslane), le Parti communiste (PC), le Parti syrien national social (PSNS), ainsi que le Courant patriotique libre (CPL, aouniste) et le Mouvement nassérien. Mais l’on notait une quasi-absence du mouvement Amal. Des députés comme Akram Chéhayeb, Abdallah Farhat et Marwan Farès ont fait une brève apparition sur les lieux, où les slogans scandés augmentaient de violence chaque minute. Khaled Hadadé, secrétaire général du PCL, a également rejoint la foule, de même qu’une quarantaine de syndicats et des associations à caractère social. Des slogans fustigeant la politique de l’État, qui « fait payer aux pauvres le poids de la dette, tout en en exemptant les riches », étaient inscrits sur d’énormes banderoles et scandés, souvent avec beaucoup d’imagination, par les manifestants qui avaient investi les escaliers du Musée national. Le déploiement des forces de l’ordre était, comme d’habitude, impressionnant. Ghassan Ghosn, président de la CGTL, qui a été, à un certain moment, porté à bout de bras par les manifestants, a beaucoup insisté sur la décision non appliquée du Conseil des ministres concernant le plafond de 23 000 LL. « Leur incapacité à faire appliquer leur propre décision aura coûté au peuple libanais 20 milliards de livres libanaises en une semaine », a-t-il répété plus d’une fois. Il a annoncé que le mouvement ne s’arrêterait pas là, et qu’une manifestation était prévue dans une semaine. M. Ghosn a rappelé que la revendication principale de la centrale syndicale est la réduction du prix des 20 litres à 15 000 LL, « sinon, nous exigeons le mazout pour tous et un retour forcé au mazout à partir de juillet ». Les fonctionnaires des institutions étatiques, notamment ceux de l’Électricité du Liban (EDL), Ogero, la Régie des tabacs, etc., avaient, eux aussi, décidé de grossir les rangs des manifestants. Fadlallah Chreif, secrétaire général des syndicats des offices autonomes, a indiqué que « les fonctionnaires sont indignés par la politique d’affaiblissement de leurs institutions, qui vise à les vendre au plus bas prix ». Parmi les nombreux chômeurs rencontrés dans le rassemblement, toutes tendances politiques confondues, et issus de régions très différentes, un même leitmotiv : les étrangers qui ont, selon eux, une préférence sur le marché du travail. « Peut-être devrais-je aller me faire naturaliser syrien pour être pris en considération par les employeurs », dit avec ironie un jeune de la banlieue sud. « Ils nous ont même fermé la porte des ambassades, sinon personne ne serait resté ici », souligne un autre. Un troisième déclare avoir été licencié de l’usine où il travaillait pour être remplacé par un étranger, moins coûteux pour l’entreprise, lui a-t-on dit. Vers 11h30, les foules se sont dispersées peu à peu, avec la promesse de reprendre le mouvement. S.B.
Avant que les événements sanglants survenus dans la banlieue sud ne viennent ternir la journée de grève contre la politique socio-économique de l’État, près de trois mille personnes, soit quasiment le double des manifestants du sit-in effectué jeudi dernier, se sont rassemblées hier dans la matinée place du Musée pour protester contre le prix exorbitant du bidon...