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« Il y a des gens très gênés par ma position nationale », dit Boutros Harb à « L’Orient-Le Jour » Batroun et Tannourine : le dimanche de tous les possibles

Littoral et jurd, le caza du Batroun se prépare à vivre après-demain un dimanche électoral brûlant, où les enjeux seront aussi bien nationaux que locaux. Sinon plus. Et à Batroun-ville comme à Tannourine, trois hommes se retrouveront ainsi, après-demain, plus ou moins proches de l’œil, au centre du cyclone dominical : Boutros Harb, Michel Aoun et Sayed Akl. Boutros Harb à L’Orient-Le Jour : « La connotation politique de la bataille est évidente, parce qu’il y a des gens très gênés par ma position au niveau national. Et qui souhaitent l’écorner. » Qui veut la peau de Boutros Harb, incontournable pilier de l’opposition et présidentiable-choc à propos duquel courent toutes les rumeurs ? Qui le verrait volontiers, à part les pôles du pouvoir, se haririser et perdre son fief natal de Tannourine ? « Je ne crois pas qu’au sein de Kornet Chehwane on veuille me faire perdre la bataille. Tout le monde sait que c’est tranché ; les gens savent que c’est moi qui représente KC à Tannourine », répond-il d’emblée, écartant mi-figue, mi-raisin tout éventuel croc-en-jambe fratricide. Le député du Batroun parraine la liste de « La décision de Tannourine », que préside Issam Tarabay, et qui inclut, selon lui, « toutes les familles » de ce village, le plus grand du caza avec 9381 inscrits sur les listes électorales. « Le village est très divisé », reconnaît Boutros Harb, qui assure néanmoins que les deux tiers des habitants sont avec lui. Sauf qu’il ne voit pas très bien quelles sont les lignes politiques de ses adversaires, à qui il demande de définir ce qu’ils entendent par « opposition ». Opposition au système ? Au gouvernement ? « Mes adversaires arrivent avec de grands mots et de grands principes, ils parlent d’hégémonie », ajoute-t-il en précisant qu’il « n’est pas très sûr que les FL et les aounistes » se soient alliés « officiellement » à l’autre liste. Et pourtant, cela semble bien être le cas. Quel que soit leur choix, les habitants de Tannourine éliront dimanche des candidats de l’opposition, puisque l’autre liste, qui comprend également l’ensemble des familles du village et que soutient, fort efficacement selon des sources proches de l’une des principales familles de Tannourine, Nabil Younès, le fils de l’ancien député Manuel Younès ; ainsi que celui de la famille Mrad. C’est en fait, selon ces sources, les jeunes du village, appuyés par les FL et les aounistes, qui ont décidé qu’il était temps d’en finir avec l’alliance des « grands » (Boutros Harb et Manuel Younès, en 1998), qui se fait toujours au détriment des « petits ». Profitant de cette entente entre les deux hommes, qui tardait, jusqu’à il y a quatre jours, à se concrétiser, et qui n’a finalement pas eu lieu – « à cause des atermoiements de Boutros Harb », précisent les sources en question –, la liste de « L’entente civile à Tannourine » a vu le jour hier, sans président mais avec un programme chargé et plutôt complet. Et ces seize hommes et femmes entendent bien percer la liste parrainée par Boutros Harb et arriver même à constituer le tiers du futur conseil municipal. Autre Stalingrad : la bataille pour Batroun-ville, qui opposera une liste emmenée par Antoine Bassil, appuyée à 100 % par le Courant patriotique libre, par les FL, par la Rencontre des jeunes de Batroun et par la famille Daou et par Boutros Harb, à celle que conduira le président sortant de la municipalité, Marcellino el-Hark (dont les qualités sont reconnues par tous, alliés comme adversaires), appuyé sans réserves par le député de la ville, le populaire Sayed Akl, et par le ministre de la Santé, Sleimane Frangié. L’une des figures de proue de la liste aouniste est un des cadres du CPL et un des gendres de Michel Aoun : Gebrane Bassil. Qui assure, interrogé par L’Orient-Le Jour, que la bataille de Batroun est une lutte loyalistes/opposition « par excellence », que « c’est la même logique qu’ailleurs, mais en plus poussée : notre opposition est à la fois nationale (guidée par les principes du CPL) et locale, puisque nous refusons la monochromie de Batroun ». Il n’y a pas cette appréhension de voir Batroun clôturer très négativement la longue liste des défaites aounistes aux municipales 2004 ? « Et pourquoi cette ville ne serait-elle pas l’exception qui confirmerait la règle ? Dans tous les cas, même si nous n’étions pas aussi sûrs de la victoire, nous aurions livré la bataille. Et nous savons pertinemment que, face à nous, il y a la popularité de Sayed Akl et le pouvoir des services rendus et de l’argent. On a promis aux Batrouniens des postes, de l’argent, des emplois ; c’est comme avec Michel Murr au Metn, toutes proportions gardées. C’est du terrorisme : ils ont réussi, après douze ans au pouvoir, à affamer les gens », dit Gebrane Bassil. Et qu’est-ce que vous avez à leur offrir en échange ? « Rien, à part le changement. Un changement qualitatif. » De l’eau fraîche et de nobles idées, qui risquent fort d’en séduire plus d’un à Batroun. Face à eux, Sayed Akl, également interrogé par L’Orient-Le Jour, met en avant les cent ans de politique locale de sa famille, son refus de toute étiquette loyaliste, de toute bataille politique – « ce sont nos adversaires qui l’ont politisée, ils ont de la rancœur, de la haine » –, insistant sur tous les acquis engrangés grâce à la municipalité de Marcellino el-Hark : les 700 millions de livres libanaises offerts par la Banque mondiale, l’énorme chantier de réfection de l’infrastructure, de l’entrée du village, de restauration du vieux Batroun, le boost économique et surtout touristique insufflé à la localité, « où les gens viennent par centaines le week-end », « les souks devenus de vrais bazars, comme à Byblos », etc. Même rengaine, pour les uns comme pour les autres, de la politique face au développement. De l’installé confortable face au changement et à une certaine jeunesse. À Batroun et à Tannourine ce dimanche, ce sera le 30 mai de tous les possibles. Z.M.
Littoral et jurd, le caza du Batroun se prépare à vivre après-demain un dimanche électoral brûlant, où les enjeux seront aussi bien nationaux que locaux. Sinon plus. Et à Batroun-ville comme à Tannourine, trois hommes se retrouveront ainsi, après-demain, plus ou moins proches de l’œil, au centre du cyclone dominical : Boutros Harb, Michel Aoun et Sayed Akl.
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