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Actualités - CHRONOLOGIE

Le bloc tripolitain ne reviendra pas sur le compromis proposé Karamé rendra publique sa position aujourd’hui

Tripoli retient son souffle. Après l’échec des négociations visant à rapprocher les deux grands pôles politiques qui se constitués au cours des dernières semaines – le bloc tripolitain d’une part, soutenu par le ministre de l’Éducation et celui des Transports, MM. Samir Jisr et Najib Mikati, et d’autre part, l’ancien Premier ministre Omar Karamé –, les spéculations vont bon train sur le cours que prendra l’échéance municipale dans la capitale du Nord. C’est aujourd’hui que le suspense devrait normalement prendre fin avec la conférence de presse que tiendra M. Karamé, dont la position sera décisive pour l’avenir de ce scrutin. Pour certains observateurs, l’ancien Premier ministre pourrait annoncer son retrait de la bataille « pour éviter de perdre la face sur un terrain qui ne lui est plus très favorable ». Pour d’autres, l’intéressé – qui a rencontré il y a deux jours des responsables syriens – pourrait décider de faire cavalier seul et affronter « la liste de Tripoli » ainsi qu’une troisième liste, incomplète, formée par la mouvance islamique. Une source proche du bloc tripolitain (qui regroupe les députés Mohammed Kabbara, Mohammed Safadi et Maurice Fadel) s’attend à ce que « M. Karamé, qui a d’ailleurs reporté d’un jour sa conférence, exploite la grève de la CGTL, pour donner à cette échéance une tournure socio-économique ». Un avis également partagé par un intellectuel tripolitain qui pense que l’ancien chef de gouvernement « criera au complot, en accusant les “requins de la finance” de vouloir monopoliser la décision dans une ville où il entend confirmer à tout prix son leadership ». «Pour M. Karamé, l’équation est on ne peut plus manichéenne : ou tout, ou rien », affirme la source, indiquant que l’ancien président du Conseil « ne sait malheureusement pas négocier. Accepter le compromis signifie pour lui l’échec ». Pour sa part, le bloc tripolitain continue d’affirmer qu’il « a œuvré pour l’entente jusqu’à la dernière minute », soulignant que le compromis qu’il a proposé à M. Karamé en lui accordant la présidence et 11 membres au sein du conseil municipal a été refusé. M. Karamé « a imposé des conditions rédhibitoires, notamment en insistant à maintenir Samir Chaarani, président sortant, sur la liste et en réclamant “sa part” de 13 membres », une exigence que le bloc tripolitain a refusée. » Le problème est qu’il ne veut pas admettre que sa popularité a baissé. Il persiste à vouloir concocter une entente selon des règles propres à lui », précise une source proche de M. Safadi, qui affirme que Damas a d’ailleurs exercé des « pressions » sur le bloc tripolitain pour que ce dernier ne lâche pas M. Karamé. « Le principe qui régit l’attitude des Syriens depuis le début des élections n’a pas changé, à savoir qu’ils entendent rester à égale distance de toutes les parties, l’échéance sécuritaire étant pour eux la priorité de l’instant », précise une source informée. Cette formule est d’autant plus valable à Tripoli que Damas est proche des deux rivaux, notamment de M. Mikati et de M. Karamé. Une manière indirecte de signifier aux protagonistes que l’équilibre politique doit être maintenu et que M. Karamé ne saurait être évincé au profit du camp Mikati, encore moins de celui de Hariri, représenté par son ministre Samir Jisr. Dans les milieux du député Safadi, on continue de rejeter la thèse de « la politisation » du scrutin, « l’enjeu étant en premier et en dernier lieu développemental, les candidats ayant été sélectionnés sur la base de leur compétence ». Ces sources réfutent l’opinion selon laquelle il y aurait une relation entre la présidence du Conseil et l’échéance municipale, même si elles admettent que la capitale du Nord est effectivement une ville «productrice» de Premiers ministres et de chefs de gouvernement potentiels, « tels que M. Mikati et pourquoi pas, M. Safadi ». La thèse qui veut que cette échéance soit à caractère politique ne saurait être retenue, « M. Safadi n’ayant pas dans ce cas précis intérêt à s’allier à un futur concurrent, en l’occurrence M. Mikati », poursuivent ces sources. Face à cet imbroglio, Misbah el-Ahdab, une autre grande figure de la scène tripolitaine, préfère se tenir à l’écart, se contentant de critiquer « le partage du gâteau, qui n’a rien de démocratique ». Sans être pour autant contre le principe de l’entente, M. Ahdab dénonce la manière dont celle-ci a été négociée dès le départ, se demandant notamment comment répartir les 24 postes à pourvoir, alors que Tripoli comprend une multitude de courants politiques et non des moindres. « Qui est habilité à évaluer la représentativité de tel ou tel courant sur le terrain ? » s’interroge le député, qui se prononce ouvertement pour une compétition saine et démocratique susceptible d’amener des conseillers « redevables à leurs électeurs » plutôt que « des membres parachutés, qui n’auront de comptes à rendre que devant leur tuteur politique ». Reconnaissant que le bloc tripolitain a en effet choisi « des personnes valables » pour le représenter au sein du conseil, il relève toutefois l’absence de programme électoral sur base duquel ces derniers devront se présenter. À la question de savoir pourquoi le parlementaire – ayant réalisé un score impressionnant aux dernières législatives – n’est pas pour autant représenté au sein du prochain conseil municipal, M. Ahdab répond : « Je n’ai pas besoin d’un conseiller. Tout citoyen démocratiquement élu peut me représenter. » Malgré les rumeurs qui courent sur un éventuel retrait, en dernière minute, de M. Karamé de la bataille, M. Ahdab reste convaincu que ce dernier gardera en lice ses candidats et qu’il pourra briguer 5 à 6 sièges, selon « l’équation qui veut qu’il n’y ait ni de grands vainqueurs ni de grands perdants ». Entre-temps, la tension est montée d’un cran mercredi à Tripoli, lorsque des inconnus s’en sont pris, lors d’un meeting électoral organisé par la « Liste de Tripoli », aux voitures des candidats arrachant au passage leurs photos et leurs banderoles. Selon une source informée, cet incident « est indiscutablement l’œuvre des services de renseignements locaux qui ont voulu rappeler ce camp-là à l’ordre ». Jeanine JALKH
Tripoli retient son souffle. Après l’échec des négociations visant à rapprocher les deux grands pôles politiques qui se constitués au cours des dernières semaines – le bloc tripolitain d’une part, soutenu par le ministre de l’Éducation et celui des Transports, MM. Samir Jisr et Najib Mikati, et d’autre part, l’ancien Premier ministre Omar Karamé –, les...