Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Euro 2004 : la fin d’une histoire pour les Bleus

Qu’il soit magnifique et bercé de chants, qu’il soit calamiteux et frappé d’infamie ou qu’il soit simplement honorable et juste, l’Euro2004 marquera pour la France la fin d’une génération dont le nom se gravera en lettres d’or dans les manuels de football. Avec un destin qui leur a parfois donné des coups de pouce, les Français peuvent ajouter une ligne supplémentaire à une décennie où, de matches amicaux en titres à répétition, en passant par un désastre, il ne fut question que d’histoire. Sans chauvinisme, la France possède une équipe de football comme elle en a longtemps rêvé, une équipe qui, en 10 ans, a rejoint le club très fermé des champions du monde, puis celui encore plus restreint des doubles champions d’Europe. étrangement et sans présager de ce que sera leur avenir au Portugal, les Bleus ont pris l’habitude de fixer des rendez-vous à l’extraordinaire. Cette génération est née avec un entraîneur intérimaire Aimé Jacquet et grâce une étrange victoire amicale sur l’Italie à Naples au début de 1994. Bien des péripéties ont suivi, mais ils sont encore aujourd’hui une majorité à lui devoir leur carrière internationale, y compris le capitaine Marcel Desailly dont l’âge approche les canoniques 36 chandelles. Quand le rideau du championnat d’Europe tombera le 4 juillet et quel que soit le vainqueur, des aventures vont s’interrompre, des points d’interrogation vont céder la place à des accents de ponctuation. Il est peu probable que Desailly puisse entretenir l’illusion jusqu’en 2006. Il aura alors 38 ans et le ridicule n’a jamais été sa tasse de thé. De même, Lizarazu (34 ans), Thuram (32 ans), Barthez (32 ans) ou encore – et là, la question se pose avec plus d’acuité – Zidane, qui soufflera ses 32 bougies le 23 juin, font figure de préretraités. Dix comme ça S’il se situe quelque part, le meneur des Bleus doit être au sommet de son art et ne peut s’attendre qu’à une descente vers sa retraite. Si l’Euro 2004 doit servir à quelque chose, ce sera son chant du cygne. L’avenir sans le joueur le plus talentueux que l’équipe de France ait jamais connu hante toujours les nuits des sélectionneurs et, à tout le moins, Jacques Santini s’applique à préparer une transtition. Que son contrat soit prolongé ou non. En fait, c’est toute une génération qui va disparaître au mois de juin, la génération que Jacquet a imposée avec une réelle conviction. Sans en avoir l’air, l’ancien entraîneur des Bleus a négocié un tournant crucial. Il a imposé Thuram à la place de Jocelyn Angloma, Lizarazu à la place d’Éric Di Meco, Desailly pour Alain Roche, Barthez pour Bernard Lama, Deschamps pour lui-même et Zidane pour Éric Cantona. Mais au-delà de ses certitudes, Jacquet a pris des risques qui se sont révélés payants. Thierry Henry et David Trezeguet n’étaient que deux gamins capricieux de l’AS Monaco lorsqu’ils furent sommés à la Coupe du monde. Leur sang-froid et leur maîtrise lors de la séance des penalties en quart de finale contre l’Italie en firent des titulaires à part entière. Ceux-là ont encore un peu de temps devant eux. Mais au-delà des talents individuels, ce que la génération de l’Euro 96 a imposé, c’est une façon de faire, une manière d’être, une reconnaissance ineffaçable. Comme si lorsque l’on devenait champions du monde puis champions d’Europe, on ne pouvait plus jamais être autre chose, quoi qu’il arrive par la suite. « On est champion du monde, criait un supporter devant l’hôtel de l’équipe de France à la Grande Motte. On n’est pas dix comme ça. »
Qu’il soit magnifique et bercé de chants, qu’il soit calamiteux et frappé d’infamie ou qu’il soit simplement honorable et juste, l’Euro2004 marquera pour la France la fin d’une génération dont le nom se gravera en lettres d’or dans les manuels de football.
Avec un destin qui leur a parfois donné des coups de pouce, les Français peuvent ajouter une ligne...