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Sommet - Le Liban distingue entre réformes arabes motu proprio et plan téléguidé Obeid réclame des mécanismes d’action, ou de réaction, pour le suivi des résolutions de Tunis

Un commentaire analytique en même temps qu’une prise de position multiforme. Le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, a décrypté hier, dans un point de presse, les résultats du sommet arabe de Tunis. En mettant l’accent sur les suggestions avancées par le chef de l’État, le président Émile Lahoud, lors de cette conférence. Et en démentant les bruits qui ont couru un moment sur le peu d’enthousiasme coopératif qu’aurait manifesté à cette occasion la délégation libanaise. Pour le fond, le ministre a tenu à rejeter tout amalgame entre le concept de réformes adopté par les Arabes et le fameux plan dit du « Grand Moyen-Orient » tissé ces derniers mois par Washington. Il a également insisté sur la nécessité de prévoir des mécanismes pour l’application des résolutions du sommet. Surtout si la communauté internationale devait rester sourde aux appels du monde arabe concernant la neutralisation de l’agressivité israélienne ou le dégagement de l’Irak. Pour Obeid, et pour commencer, les résultats du sommet s’inscrivent objectivement entre l’espérance et les amères réalités du moment sur le plan régional. Ou sur l’état des lieux dans les pays arabes, confrontés entre hémorragie, occupation et drames tournants ou statiques et endémiques. Il note cependant que la vérité arabe profonde recèle de considérables potentialités, une profondeur de champ certaine étayée par la volonté de peuples résolus. Qu’il s’agit de bien mettre en relief dans le cadre des équilibres, des rapports internationaux. Partant de là, le ministre souligne qu’on peut considérer ce qui s’est produit (les résultats du sommet) sous l’angle utile de l’engagement réel et du suivi. Ou alors, comme une simple déclaration occasionnelle, enregistrée pour l’histoire. Si même une simple partie des déterminations étalées devait être appliquée, on pourrait éprouver un certain degré de satisfaction. Car, souligne Obeid, il existe dans l’action arabe une faille constante au niveau du suivi. Or, s’inquiète-t-il, on ne voit pas de mécanisme mis en place pour le cas où il y aurait exécution, et encore moins pour le cas contraire. C’est-à-dire que l’on ne sait pas ce qui devrait être fait, quelle position les Arabes prendraient si le Conseil de sécurité ne répond pas à leur appel de contrer Israël. Ni même quelle orientation précise il faudrait suivre si la communauté internationale devait les écouter. Il y a, répète Obeid, un manque flagrant de suivi. Un déficit d’engagement visible qui affaiblit ipso facto toute déclaration arabe. Pour lui d’ailleurs, il serait bon de parler moins et d’agir plus. Obeid regrette donc, pour conclure sur ce point, que l’on ait préféré reporter à la prochaine conférence des ministres des AE le débat sur la question du mécanisme de suivi. Les refontes Sur le point de savoir s’il y a accord sur une formule définitive concernant les réformes dans le monde arabe, le ministre a d’abord précisé une nuance. Il s’agit, selon lui, de parler d’évolution et de modernisation plutôt que de réforme. Car ce dernier terme s’applique essentiellement quand il y a corruption, et ce mal n’est pas total dans le monde arabe. Il affirme en effet que l’on y trouve bien des lucarnes lumineuses, encore qu’il y ait autant de zones d’ombre qu’il faudrait éclairer. Obeid ajoute, en substance, cette autre précision importante : les modifications envisagées ressortent d’un élan purement arabe et n’ont rien à voir avec le projet américain dit du « Grand Moyen-Orient ». Il affirme que les Arabes sont capables de s’engager sur la voie requise. Compte tenu du fait que la lyre présente plusieurs cordes, plusieurs vibrations distinctes. C’est-à-dire compte tenu des spécificités de chaque contrée. À propos, note-t-il, il existe des paliers et des différences entre un système et l’autre. Aucun pays n’admet cependant, au départ, de rendre compte à un partenaire arabe au sujet de ses réformes intérieures. Ni, a fortiori, à des puissances étrangères. Dans la foulée, et en réponse à une question subsidiaire, le ministre libanais indique que les gouvernements arabes qui ont été invités à assister à la prochaine réunion du G8, s’y rendent si l’on peut dire à titre individuel. Dans ce sens que la Ligue arabe n’a pas été sollicitée en tant que telle. Obeid ajoute qu’il a été convenu que les participants arabes ne pourraient parler au G8 que des vues arabes sur les réformes et non du projet US dit du « Grand Moyen-Orient ». D’autant que cette expression englobe d’autres pays avec lesquels les Arabes ne sont pas en concertations. Sur le plan pratique, Obeid relève que le dossier devrait être traité par les ministres arabes des AE lors de leur prochaine réunion. Pour sa part, il ne dispose pas d’un projet complet, mais d’idées qu’il compte avancer. Il dément, en réponse toujours à une question, toute immixtion américaine dans le sommet de Tunis. Concernant l’apport libanais, Obeid note que la délégation a proposé des amendements divers, notamment lors de l’élaboration du communiqué final. Pour que l’accent soit mis sur le rejet de l’implantation et le droit du retour, thème capital pour le Liban. Khalil FLEYHANE
Un commentaire analytique en même temps qu’une prise de position multiforme. Le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, a décrypté hier, dans un point de presse, les résultats du sommet arabe de Tunis. En mettant l’accent sur les suggestions avancées par le chef de l’État, le président Émile Lahoud, lors de cette conférence. Et en démentant les bruits qui ont...