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Actualités - OPINION

Vie politique - Retour aux fondements clarifiés par Boutros Les présentes péripéties risquent de fragiliser encore plus les perspectives d’entente nationale

Les vrais professionnels de la politique, ceux qui se sentent concernés par l’intérêt national bien compris, ne scrutent pas les résultats des municipales en termes de rapports de force. Mais sous l’angle des effets préjudiciables sur cet esprit d’union qui doit animer les Libanais. Surtout dans ces temps difficiles, chargés de menaces. Il n’est donc pas important d’établir un bilan des gains ou des pertes après les municipales. Mais de voir comment gommer les rancœurs. D’autant que déjà au départ l’unité se trouve battue en brèche par un malentendu de base aux facettes multiples. Un phénomène d’incompréhension mutuelle, que Fouad Boutros ne cesse de souligner. En relevant un grave déficit sémantique portant sur les principes premiers et sur les constantes. C’est-à-dire, indique le mentor, que ce qui est classé comme essentiel par les uns ne l’est pas par les autres. Selon l’ancien ministre, jusqu’à présent le seul élément commun, ou réciproque, est que « certains d’entre nous n’acceptent pas certains autres. » Pour lever cet obstacle fondamental, il faut dès lors parvenir à une définition partagée des constantes. Ce qui implique, bien entendu, un dialogue généralisé. Retrouvailles qui restent, autre constat, tout à fait prohibées. Il ne suffit pas, en effet, que les Libanais conviennent de ne plus se combattre (les armes à la main), pour que l’on puisse parler d’entente. Un objectif que seul un accord clair sur le devenir national permettrait de réaliser. À travers une acception unie de vocables fondamentaux comme la souveraineté, l’indépendance et l’autonomie de décision nationale. En passant par une relecture consensuelle des relations avec la Syrie. Afin qu’elles deviennent véritablement privilégiées, assainies, sans discrimination entre un Libanais et un autre. Ce qui induit que la présence militaire syrienne ne soit plus considérée comme un instrument de domination politique. Et aussi, bien évidemment, qu’il ne doit plus y avoir d’immixtions dans les affaires intérieures de ce pays. Or la persistance des failles découle, en droite ligne, de l’inexistence d’une entente en profondeur entre les communautés, comme entre les différents courants, de ce pays. Dans l’ordre pratique des choses, poursuit l’ancien ministre, la réconciliation et l’entente libanaises passent nécessairement par les encouragements de la Syrie. Voire par un rôle positif actif qu’elle assumerait à cette fin. L’impulsion syrienne enclencherait une initiative du pouvoir libanais, qui superviserait la recimentation nationale. Tant que la Syrie ne croit pas à la réconciliation interlibanaise, ou à son opportunité, il ne pourrait y avoir au mieux qu’un arrangement de bric et de broc. Entraînant un cycle alterné de détente et de tension sur la scène locale. Les vues des protagonistes locaux concernant l’action politique resteraient minées par les contradictions. En effet, s’il existe des franges qui font montre de lucidité et s’efforcent de voir plus loin que le bout de leur nez, il y en a bien d’autres qui ne prennent en considération que leurs intérêts propres. Qui, généralement, ne coïncident avec l’intérêt national que d’une manière épisodique ou partielle. Sujétion Fouad Boutros rappelle ensuite que depuis Taëf le pouvoir au Liban, quels qu’en soient les tenants, a pris le pli de se soumettre, pour les questions importantes ou mineures, aux directives des voisins. Les mobiles peuvent parfois être liés au concept de sort commun liant les deux pays. Mais des raisons moins justifiables sous-tendent souvent les pratiques de soumission. De ce fait, les parties extérieures regardent le pouvoir libanais tout autrement qu’elles l’auraient fait si les choses avaient suivi leur cours normal. Entendre, s’il avait été à tout le moins le maître de lui-même. De plus, souligne l’ancien ministre, les querelles entre les dirigeants alimentent le flux puissant des conflits intérieurs. En rendant l’entente encore plus difficile à réaliser. Car ce heurt, bien qu’aconfessionnel de nature, provoque inévitablement des répercussions confessionnelles. Ainsi du reste que des effets fortement négatifs sur la situation économique. L’affrontement ne sert ni le Liban en tant qu’État ou que peuple ni le système ou le pouvoir. Boutros répète que si les Libanais se comprenaient en profondeur, et s’entendaient bien, le pays saurait au moins vers quoi il se dirige. Et pourrait, peut-être, jouer un certain rôle, dans des limites déterminées, sur la scène extérieure. Malheureusement, il n’en est rien. En majeure partie, la décision reste aux mains d’autrui, abstraction faite de l’avis, ou de la volonté, des dirigeants libanais. Or si le Liban ne fait pas acte de présence autonome, et ne récupère pas son rôle naturel, il resterait en quelque sorte une entité hypothétique. Et risquerait de glisser encore plus bas. De perdre un jour néfaste, avec son indépendance, son existence. Dès lors, estime le sage, le temps n’est plus aux tergiversations prudentes, au langage dit diplomatique et aux menteries, mais bien à une transparente, une salutaire, franchise. Il est certes bien que les Libanais ne veuillent plus s’entre-tuer. Mais l’entente c’est encore mieux. Elle implique une plate-forme déterminée et des conditions précises. Il faut, d’abord, un dialogue entre les Libanais. Puis avec la Syrie. Pour traiter les problèmes qui cristallisent des divergences, ou bien au niveau des interprétations de sens, ou bien à celui des applications. L’ancien ministre observe que le Liban, pays composite, ne vit que sur le consensus. Mais, pour aller, il faut réaliser que le compromis de nature communautaire ne doit être qu’une étape. D’autant que le sectarisme masqué est là, et bien là. Et qu’il représente une bien plus dangereuse menace, à terme, que le confessionnalisme consacré. Parallèlement, Kornet Chehwane tire la sonnette d’alarme. En affirmant qu’à l’ombre d’une dangereuse situation régionale, les divisions provoquées par les élections municipales, ajoutées aux préparatifs pour la présidentielle comme pour les législatives, risquent d’ébranler l’édifice interne. Et de mettre à mal la coexistence. La Rencontre condamne, dans son dernier communiqué, les tentatives suspectes de ranimer la discorde, le climat de guerre et les troubles dans ce pays. En montrant les Libanais comme incapables de s’autogouverner. Pour le groupe opposant, il est impératif de mettre le Liban à l’abri des retombées des conflits extérieurs. Et de canaliser la présidentielle de manière à ce qu’elle devienne une chance de changement, en même temps que de récupération de la souveraineté nationale. Pour favoriser l’épanouissement de la démocratie. La Rencontre presse les forces et pôles politiques de se montrer à la hauteur des responsabilités nationales, en cette phase cruciale pour le Liban comme pour la région. En les invitant à coopérer pleinement pour appliquer complètement Taëf. Et pour consolider la coexistence à travers un plan de sauvetage national. Émile KHOURY
Les vrais professionnels de la politique, ceux qui se sentent concernés par l’intérêt national bien compris, ne scrutent pas les résultats des municipales en termes de rapports de force. Mais sous l’angle des effets préjudiciables sur cet esprit d’union qui doit animer les Libanais. Surtout dans ces temps difficiles, chargés de menaces. Il n’est donc pas important...