Karamé, Moawad et Harb déjà sur le pied de guerre au Nord

Après le Mont-Liban, Beyrouth et la Békaa, le Liban-Sud et Nabatiyeh, ce sera au tour du Liban-Nord de se mobiliser, dimanche 30 mai, pour la quatrième et dernière journée des municipales 2004. Et tout porte à croire, déjà, que comme ailleurs les batailles seront rudes dans ce mohafazat où les enjeux locaux (et même nationaux) particulièrement importants ne manqueront pas de faire couler beaucoup d’encre. À Tripoli d’abord, où deux listes principales – et complètes – s’affronteront : celle de l’ancien Premier ministre Omar Karamé, ainsi que celle de l’axe Samir Jisr-Négib Mikati-Maurice Fadel-Moahmmed Kabbara-Mohammed Safadi. Membre du Front national pour la réforme (aux côtés, entre autres, de deux autres poids lourds nordistes, Nayla Moawad et Boutros Harb), Omar Karamé aura fort à faire et gros à jouer face à la surprenante alliance entre le ministre (haririen) de l’Éducation et son collègue aux Transports et aux Travaux publics, connu pour être l’un des rivaux potentiels de Rafic Hariri. La Jamaa islamiya, qui fait liste (incomplète) à part et qui s’engage dans la bataille avec beaucoup moins de crédit qu’en 1998, jouera sans doute les arbitres, peut-être en faveur de l’ancien Premier ministre. Et à Mina, majoritairement chrétienne, ce sera le même cas de figure : Karamé vs Jisr-Mikati. Dans le caza de Zghorta, ce sera le bras de fer annoncé entre deux piliers incontournables, deux candidats à la présidentielle 2004 qu’absolument tout oppose : Sleimane Frangié (et avec lui la quasi-majorité des familles loyalistes) et Nayla Moawad. Le premier, ultrasymbole du pouvoir, a averti que s’il perdait ne serait-ce que quatre villages, « ce sera comme s’il perdait la guerre » ; quant à la seconde, égérie de l’opposition et forte d’une sympathie incontestable au sein de l’électorat chrétien, elle aura la lourde tâche de confirmer sa victoire aux législatives 2000, de mesurer l’impact de sa popularité personnelle dans son fief, et de mettre, le cas échéant, un peu de baume au cœur d’une opposition décimée depuis le 2 mai. Dans le caza du Batroun, et notamment dans son fief de Tannourine, un autre présidentiable, Boutros Harb, aura lui aussi une partie très serrée et un tantinet fratricide à négocier. Puisque la liste qu’il parraine avec les Torbey croisera le fer avec une autre, elle aussi opposante, et que l’on dit très forte. À Bécharré enfin, les Forces libanaises de Sethrida Geagea, emmenés par Saïd Tok, auront une armada de ténors loyalistes face à eux, à commencer par les deux députés de la ville, Gebrane Tok et Kabalan Issa el-Khoury. Enfin, force est de parier que l’ardeur, plus familiale cette fois, sera également au rendez-vous dans le caza du Akkar. Z.M.