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La présidentielle abordée avec un maximum de prudence sur la scène locale

À l’expiration du concours mineur des municipales, dans deux dimanches, commencera le safari majeur de la présidentielle. Jusqu’à présent, à quelques rares exceptions près, les forces locales s’abstiennent de fixer leurs options. Et poussent la prudence au point de ne même pas prendre franchement position quant à la question préliminaire de la reconduction. En effet, ceux qui y seraient favorables concluent toujours par un « à condition que…» restrictif. Et ceux qui y seraient opposés font exactement de même ! En réalité, c’est bien simple, tout le monde attend la Syrie. Échaudés par plusieurs précédents (le retournement concernant le code de procédure pénal, la rallonge pour Hraoui, etc.), les politiciens ne veulent pas s’engager pour se trouver obligés, en fin de compte, de se dédire. Tout ce qu’il est permis pratiquement de faire, pour l’heure, c’est d’émettre des souhaits quant aux qualifications requises pour briguer la présidence. D’ailleurs, c’est le chef de l’État syrien en personne qui s’est livré le premier à un tel exercice de vœux. Dans des déclarations successives, il indique qu’il verrait d’un bon œil tout candidat moralement irréprochable. Capable de rassembler les Libanais autour de lui. Il précise que tous les postulants dont les noms sont évoqués se trouvent être des amis de la Syrie. Qui, d’ailleurs, dit-il, n’a pas de problèmes avec des personnes en tant que telles. Car ce qui lui importe, ce sont les orientations de base. Comme le rejet de l’occupation israélienne, l’entretien de bonnes relations, d’une coopération suivie, avec Damas. Au sujet de la reconduction, le président Assad affirme que le choix appartient aux seuls Libanais. Pour nuancer ensuite (fortement) cette promesse, en indiquant que toutes les éventualités restent ouvertes, la prorogation comme l’élection d’un nouveau président. En laissant tout espoir aux reconductionnistes, puisqu’il rajoute ce constat : « Nous avons appuyé fortement le président Hraoui et il en va de même pour le président Lahoud. Et nous soutiendrons tout président s’inscrivant dans le cadre d’une ligne institutionnaliste. » Insistant sur les critères, il affirme que la Syrie tient toujours compte de la réalité nationale composite du Liban. « Nous ne saurions accepter ou soutenir un président qui serait d’orientation confessionnaliste, ne voudrait pas être le président de tous les Libanais et chercherait à faire retourner les choses en arrière. Le volet de nature national, est donc essentiel. D’ailleurs, le côté institutionnaliste en découle, car ce sont les institutions qui protègent (le Liban) de la partition, du confessionnalisme et de tous ces problèmes. » Petit tour d’horizon Bien entendu, ces conditions qu’énumère le président Assad, nombre de candidats potentiels pensent les remplir parfaitement. Il n’en va pas de même pour les critères que l’Assemblée des évêques maronites a posés de son côté. Et que peu de postulants semblent pouvoir, ou vouloir, assumer. On sait en effet que les prélats veulent un candidat qui réponde « aux aspirations populaires exprimées par des franges nationales. Et qui se cristallisent dans la fin du régime de tutelle, afin que le pays assume pleinement ses responsabilités de devenir. Loin des méthodes qui découlent du suivisme et de la vassalité ». De son côté, le patriarche Sfeir a toujours réprouvé toute tentation d’amender la Constitution pour permettre la reconduction. Il reste attaché au respect de l’article 49 qui fixe le mandat présidentiel à six ans. Notamment afin que le principe démocratique de l’alternance puisse jouer. Ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays de la région… Fait notable, et pourtant peu noté : le président Hariri énonce pour sa part quatre exigences distinctes, bien à lui. À son avis, pour être président de la République, il faut faire montre de nationalisme, de sagesse, de solidité et de probité. Des qualités que beaucoup peuvent prétendre détenir. À cette nuance près qu’il s’agirait de savoir quel sens l’on doit donner au terme premier de l’équation, le nationalisme. Quant au vice-président du Conseil, Issam Farès, il veut un président qui soit « le plus connaisseur, le plus courageux et le plus honorable. » Là aussi, bien des mains peuvent se lever. Mais, à y regarder de près, les trois qualités sont assez difficiles à trouver en une même personne. Et si cela devait être le cas, les chances d’accéder à la première magistrature pourraient être minimes. Pour tout dire, les grands électeurs se soucient sans doute bien peu des demandes locales. Seuls comptent pour eux leurs propres critères. Quant aux sondages d’opinion, qui vont probablement fleurir une fois que la campagne aura démarré, on sait que, même dans les pays évolués, leurs résultats ne sont pas significatifs ou justes. Pour ne pas dire qu’ils sont manipulés. Émile KHOURY
À l’expiration du concours mineur des municipales, dans deux dimanches, commencera le safari majeur de la présidentielle. Jusqu’à présent, à quelques rares exceptions près, les forces locales s’abstiennent de fixer leurs options. Et poussent la prudence au point de ne même pas prendre franchement position quant à la question préliminaire de la reconduction. En effet,...