Enquête - Publication des résultats d’une étude sur les modes de vie La classe supérieure, un guide vers le changement et la sociabilité

Un atelier de travail qui s’est déroulé hier à l’hôtel Metropolitan sur le thème « Le Liban : culture et structures mentales en état de changement » a été l’occasion, pour l’agence Reach Mass, de publier une partie des résultats d’une étude qu’elle a menée sur les courants socio-culturels et les modes de vie dans le Liban d’aujourd’hui. En effet, si l’étude a été réalisée en novembre et décembre derniers sur un échantillon de 3 500 personnes, seuls les résultats portant sur la classe AB de l’échantillon, soit sur 520 individus, ont été publiés, englobant les catégories sociales supérieures ainsi que des franges supérieures des classes moyennes. La classe AB ne représente que 15 % des consommateurs libanais, mais grâce à son fort pouvoir d’achat, c’est elle qui mène le rythme de la consommation, ainsi que l’épargne et l’investissement dans le pays. L’enquête a, par ailleurs, permis de mettre en évidence que c’est cette même classe qui conduit la société vers le renouvellement et le changement social. Elle ne se contente pas de consommer nouveau, mais elle élabore le discours qui justifie cette consommation, ainsi que le style de vie et les caractéristiques y relatifs. « Cette conduite, précise Joseph Khoury, PDG de Reach Mass, en donnant la conclusion de l’enquête, ne se fait pas uniquement pour le prestige et l’intérêt personnels, mais pour l’ensemble du corps social. » Car le besoin de « faire passer le courant du changement au corps social, dans sa globalité, a été détecté comme un besoin propre à la classe sociale AB ». Par ailleurs, toute société se répartissant en types sociaux, l’enquête a montré que les types sociaux prédominants dans la classe AB au Liban sont les « réalisateurs »(23 %) et les « universalistes » (18 %). Si le « réalisateur » est concerné « par son succès personnel, par la reconnaissance sociale à partir des signes extérieurs du prestige et par l’impression qu’il exerce sur les autres », « l’universaliste », quant à lui, « souhaite un meilleur avenir pour son milieu social, pour l’humanité et pour les générations futures », explique Daniel Weber, consultant international en matière de styles de vies et de tendances socio-culturelles. Certes, il n’en était pas ainsi durant les années 90. À l’époque, les deux grands courants socio-culturels qui dominaient la société libanaise étaient le « traditionnaliste » d’une part et le « réalisateur » d’autre part, le premier groupant des individus se blottissant dans le passé, et le second réunissant des citoyens orientés vers le changement avec l’idée d’en tirer le plus d’avantages personnels. Ce que l’on perçoit aujourd’hui est tout à fait différent, car les deux courants actuels s’inscrivent dans le changement et le cadre d’une sociabilité redécouverte. D’un côté, l’accent est mis sur le succès social, la reconnaissance, le prestige ; d’un autre il est mis sur la qualité de la vie, l’évolution de soi et des autres, ainsi que sur le souhait de la meilleure qualité de vie pour tous. Ces deux cas de figure pourraient avoir des implications sur l’avenir des Libanais, aussi bien sur leur vie personnelle que sur leur vie sociale. Ainsi, estime notamment M. Khoury, dans leur vie personnelle, les Libanais de la catégorie AB donneront une importance accrue aux soins de la santé et de la beauté, auront une multiplicité de références culturelles, feront acquisition de produits ou d’objets pour leur valeur symbolique, comme signe de succès, de modernité et d’appartenance à une culture globale, ou auront recours à des services qui leur permettront de gagner du temps, mais aussi de le savourer. Quant aux changements dans la société, ils seront positifs, indique le PDG de Reach Mass, à condition d’être tributaires de nombreuses réformes. A.-M. H.