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Actualités - OPINION

Courrier L’amour d’une mère

Comme d’habitude, depuis bientôt un mois, tous les matins à mon réveil, j’ai couru à la fenêtre. Non, ce n’est pas possible, c’est trop tôt ! C’est toujours trop tôt, le départ des enfants ! Pendant un mois, j’ai accompagné l’éclosion de ce petit pigeon, j’ai vu sa mère couver amoureusement l’œuf, sous la pluie, malgré un froid intense. Vigilante et inquiète, elle sursautait chaque fois que derrière la fenêtre, je soulevais le rideau pour la regarder, et mesurer l’étendue de l’amour d’une mère. Que de fois je me suis retenue de lui jeter quelques graines, de peur de l’effaroucher et de la voir partir. Aussi, ma joie fut-elle sans bornes lorsqu’un matin, j’ai surpris son partenaire lui glisser un vermiceau dans le bec. N’est-ce pas cela le paradis ? me suis-je demandée. Le père veillant sur sa partenaire, gardienne du logis, la mère sur sa couvée, et ainsi le cercle de la vie se trouvait bouclé, et la continuité de l’espèce assurée ? Et puis, oh ! merveille ! un jour j’ai surpris la mère nourrissant son petit : une petite masse grisâtre dans le petit bec duquel elle glissait le sien. Je me suis juchée sur un escabeau pour voir l’intérieur du nid : tant de peines, d’angoisse, de sacrifices pour un seul petit ? Au fil des jours, une quinzaine, le petit prit forme. Dieu, qu’il était beau, vêtu de son duvet couleur bronze ! Très vite, il s’est mis sur ses pattes. Plus besoin d’escabeau pour le voir. Même sa mère s’en éloignait, ne revenant auprès de lui que pour la becquée. Et ce matin, la fin du spectacle. Le nid affreusement vide. Quelque part m’est revenu le souvenir du départ de mes petits à moi. Alors triste, et tout d’un coup vieillie, j’ai eu recours aux gestes des « pauvres gens » : J’ai pris une poignée de graines et l’ai jetée du côté du nid. Au cas où... Qui sait ? Alida BEJJANI

Comme d’habitude, depuis bientôt un mois, tous les matins à mon réveil, j’ai couru à la fenêtre. Non, ce n’est pas possible, c’est trop tôt ! C’est toujours trop tôt, le départ des enfants !
Pendant un mois, j’ai accompagné l’éclosion de ce petit pigeon, j’ai vu sa mère couver amoureusement l’œuf, sous la pluie, malgré un froid intense. Vigilante et...