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Actualités - CHRONOLOGIE

Messe d’action de grâces du père Athanassios Jalkh sur la tombe de Pierre L’Église du Liban face aux mutations régionales

ROME - de notre envoyé spécial Fady NOUN Le Vatican est aussi sévère ces jours-ci pour les Palestiniens qu’il l’est pour Israël. L’intifada des pierres lui apparaît de plus en plus nettement, comme ayant conduit à une impasse. À défaut d’un véritable équilibre des forces, les Palestiniens auraient dû avoir recours à la négociation, dit-on ici. Telles que les choses sont, « on va vers un effondrement total », craint-on. C’est l’essentiel de ce que, dans les coulisses du Vatican, on pense de ce qui se passe en Terre sainte. Le patriarche Moussa Ier Daoud l’a rappelé lundi. Nommé préfet de la Congrégation des Églises orientales, Mgr Daoud Ier a effectué, en avril, une tournée à Bethléem, Nazareth et Jérusalem. Il en est revenu amer et sévère, pour ce qui s’y passe. Amer de voir se poursuivre un combat à armes inégales dont il n’est sorti que morts, destructions et émigration ; sévère pour Israël qui commet aujourd’hui, selon lui, l’un des plus grands crimes de l’histoire contemporaine : la construction du mur de sécurité. Derrière ce mur, qu’il a pu voir lors de son voyage, c’est tout un peuple qui est emprisonné, dit-il en substance. D’habitude, c’est un homme qu’on emprisonne. Dans ce cas, c’est tout un peuple. Le cardinal-préfet est également sévère pour la guerre en Irak, qui sert d’écran, pour occulter les crimes qui se commettent en Palestine. Au-delà de la justice pour la Palestine, dont la cause, à ses yeux, est juste, le Vatican voit aussi l’inanité d’une situation qui draine, hors de Palestine, les derniers chrétiens palestiniens. Israël, apprend-on, met des restrictions au renouvellement des permis de séjour des membres du clergé non palestiniens qui servent les diverses paroisses, en Terre sainte. Aussi, quand des habitants de petites paroisses palestiniennes voient leur prêtre s’en aller, à quoi peuvent-ils songer, sinon à quitter leur village à leur tour ? Le Liban, dernier espoir Le Liban apparaît, dans cette situation, comme un dernier espoir auquel s’accrocher. Le patriarche Daoud Ier a qualifié, lundi, ce pays de « joyau des Églises orientales ». Encore faut-il que ce joyau reste dans son écrin original. Et pour ce faire, c’est à la fois d’adresse politique et de sainteté que l’Église a besoin. Laissant la politique à la diplomatie secrète, qui lui réussit plus qu’autre chose, l’Église parle plus volontiers de la sainteté. Et sous ce vocable, ce n’est pas toujours des vertus privées qu’il s’agit. Son message, dans ce domaine, est également social et, par certains côtés, politique, mais de façon indirecte. En présidant la messe sur le tombeau de Pierre, hier, le supérieur général de l’Ordre libanais maronite, le père Athanassios Jalkh, a parlé du défi culturel et spirituel lancé par le monde moderne à la vie monastique. Il y va de l’âme de l’Église, a-t-il dit, de savoir accueillir la révolution informatique et la civilisation des loisirs, ce qui ne contredit pas ce projet essentiel qu’est l’aspiration à la sainteté. Il s’agit, selon le père Jalkh, d’un choix existentiel autant que philosophique : au milieu d’un monde multiforme et changeant, Dieu seul ne change pas de nature et reste ce qu’il est. Et c’est en lui que le monastère, comme lieu de sanctification, continue d’avoir un sens. « La vie monastique est pour les forts », a-t-il encore rappelé. Ces paroles ont trouvé écho auprès du père Simon Atallah, supérieur général de l’Ordre des moines antonins. Cependant, le père Atallah semble plus sensible à la dimension sociale de la foi. Il fait ouvertement l’éloge de la mission effectuée par un groupe de moines antonins en Irak, durant la Semaine sainte, et un signe d’espoir que de telles initiatives revêtent, pour les Irakiens en général et les Églises d’Irak en particulier. « Prendre des risques pour autrui » est également, pour le père Atallah, une des exigences contemporaines de l’Église. Le père Atallah note aussi que deux prêtres célèbres pour leur action sociale en Italie, Don Orione et Annibale di Francia, ont été canonisés en même temps que Nehmetallah Hardini. Il le fait tout en restant discret sur les conclusions à en tirer. Mais il note aussi que, comparée aux autres Églises de la région et du monde arabe, l’Église du Liban est une Église bien repue, qui gagnerait à perdre un peu de sa graisse. Ainsi, au terme de ces journées libanaises à Rome apparaissent liées, inextricablement, la trajectoire de l’Église au Liban et celles des Églises dans le monde arabe, et spécialement en Palestine. Ainsi, aussi, l’Église du Liban est-elle pressée aujourd’hui de correspondre aux diverses formes de la mission que lui a confiée le Christ, dans un Orient arabe en pleine mutation.
ROME - de notre envoyé spécial Fady NOUN

Le Vatican est aussi sévère ces jours-ci pour les Palestiniens qu’il l’est pour Israël. L’intifada des pierres lui apparaît de plus en plus nettement, comme ayant conduit à une impasse. À défaut d’un véritable équilibre des forces, les Palestiniens auraient dû avoir recours à la négociation, dit-on ici. Telles que les...