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Actualités - OPINION

TRIBUNE Budget 2004 : la stabilité, en attendant la reprise

par Fouad KHOURY-HÉLOU Le budget 2004 montre que, sur un plan strictement économique, l’État libanais fait relativement bien son travail actuellement. Ce budget correspond au maximum faisable en préservant la stabilité. Du côté des dépenses, les effets de Paris II ont contribué à stabiliser le service de la dette. Les dépenses de fonctionnement (dont les salaires) sont à un minimum quasi intouchable ; et les dépenses d’investissement (infrastructure, projets) réduites au minimum permettant de respecter les obligations nationales et internationales du Liban. Les recettes sont proches du maximum faisable sans taxer massivement les classes « laborieuses » et les dépôts bancaires. Malgré cela, l’excédent primaire, avant paiement des intérêts de la dette, est égal à 15 % du budget, ce qui écarte a priori un scénario du type Argentine. Ce budget de « stabilité » est proche de celui de 2003 et garde le même cap. Il maintient donc la crédibilité de l’État libanais. Avec un tel budget, le Liban reste « prévisible » pour les marchés financiers mondiaux (et les détenteurs libanais de capitaux). C’est essentiel pour qu’il continue à accéder au financement extérieur. Certes, les privatisations sont en retard. Mais il faut en relativiser l’importance : par exemple, si, par suite d’une crise, les taux d’intérêt sur la dette publique remontaient aux niveaux de fin 1995 (taux sur la livre à plus de 30 %), le surcoût sur un an seulement absorberait les revenus de toutes les privatisations. Celles-ci sont en fait un enjeu d’abord « politique » plus qu’économique. En réalité, deux choses sont primordiales : réduire et stabiliser les taux d’intérêt pour stabiliser le ratio de la dette en pourcentage du PIB, et élever le taux de croissance de l’économie. Or la discipline budgétaire et monétaire de l’État libanais (et malheureusement l’appauvrissement corollaire de la population) a permis de contenir les taux d’intérêt. La baisse mondiale des taux depuis deux ans nous a également beaucoup aidés. Un Paris III sera-t-il indispensable ? Probablement, si l’économie continue de stagner ou si les taux mondiaux remontent rapidement. Mais trois indicateurs permettent de nuancer les choses : la croissance des transferts monétaires sans contrepartie vers le Liban (les transferts effectués par les expatriés). La remontée du tourisme, qui pourrait devenir spectaculaire. Enfin, la hausse des exportations. Tout cela peut provoquer une remontée de la consommation, de l’investissement et du taux de croissance. Ainsi que des revenus fiscaux. Si elle a lieu, cette reprise aura été rendue possible par la politique de stabilisation budgétaire, sociale et monétaire actuelle de l’État. Certes, beaucoup reste à faire : il faut réformer l’Administration, restaurer la confiance, réaménager les infrastructures, développer une politique sociale, améliorer et dynamiser le fonctionnement de la justice, privatiser… Mais dans tout pays, quel que soit le régime politique, ces choses prennent du temps : voyons le blocage actuel des réformes en France. Constater cela permettrait plus d’optimisme « pragmatique », et la psychologie joue en économie un rôle déterminant. La seule réelle alternative à la politique économique actuelle est la dévaluation. C’est une non-alternative, une catastrophe pour le Liban.
par Fouad KHOURY-HÉLOU

Le budget 2004 montre que, sur un plan strictement économique, l’État libanais fait relativement bien son travail actuellement.
Ce budget correspond au maximum faisable en préservant la stabilité. Du côté des dépenses, les effets de Paris II ont contribué à stabiliser le service de la dette. Les dépenses de fonctionnement (dont les salaires) sont à un...