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Actualités - OPINION

Indépendance et souveraineté, thèmes principaux de la bataille Les législatives, un tournant crucial dans la vie politique du pays

Tous les Libanais sont d’accord pour attribuer aux prochaines législatives un caractère crucial. À la lecture des résultats, on saura si ce pays va enfin commencer à se dégager de la crise qu’on lui impose. Ou s’il va continuer à subir le joug, en pleurant sa souveraineté, son indépendance et sa bonne santé économique. La bataille électorale se livre donc autour de ces thèmes. L’opposition lutte pour la récupération de l’autonomie nationale. Le camp loyaliste se bat pour préserver la tutelle d’autrui, au nom d’un soi-disant jumelage. Or beaucoup soulignent que ce camp se donne déjà, abusivement, un avantage décisif. Du fait que c’est un gouvernement de parti pris qui tient les rênes. En se trouvant soutenu par les Syriens, qui continuent à dominer la scène locale, ne serait-ce que par l’effet de la présence de leurs troupes et de leurs services. Le pouvoir, par la loi électorale qu’il peut fabriquer à sa convenance, et par les pressions qu’il peut exercer au niveau des alliances électorales, va sans aucun doute tenter de décrocher une majorité confortable à la Chambre. Afin de continuer à former ensuite des cabinets monochromes soumis. En prenant une option solide au niveau de la prochaine présidentielle. Ce qui signifierait qu’une fois de plus le chef de l’État serait désigné à Damas plutôt qu’à Beyrouth. À moins, évidemment, que les choses ne changent d’ici là, à travers la 1559. Ou encore à travers un renforcement sensible de l’opposition. Qui gagne en ampleur dans la mesure où, de plus en plus, on met à l’écart des leaderships considérables et des figures nationales emblématiques. Que l’on remplace par de quasi-inconnus, au sein du pouvoir. Des hochets qu’il est facile de manipuler. La tendance est telle que personne n’exclut désormais qu’à l’avenir on fasse appel à de tout nouveaux Premiers ministres, sans aucun background politique. Pour leur faire faire tout ce que l’on veut. Ce qui n’est pas possible avec des personnalités qui ont du poids, de la popularité ou de la famille. Des figures de proue qu’on ne peut prendre de haut et qui ne reçoivent pas de consignes des services, locaux ou étrangers. Jadis, le regretté Kazem el-Khalil, mandaté par le président Chamoun et par cheikh Pierre, s’était rendu auprès du président Hafez el-Assad. Pour lui proposer une confédération syro-jordano-libanaise. Il attendait l’heure de l’audience dans le bureau d’un responsable. Qui lui a demandé jusqu’à quand les grandes familles, comme la sienne propre, allaient gouverner le Liban. En ajoutant, pour bien se faire comprendre, qu’en Syrie ce n’était plus pareil, qu’on n’entendait plus parler des Atassi, Mardam, Azm et autres Kouatly. Kazem el-Khalil, de retour à Beyrouth, avait confié à un journaliste ami qu’il fallait craindre une éviction des grandes familles libanaises. Et leur remplacement par des leaderships parachutés, préfabriqués, à la solde, facilement éjectables le cas échéant. La mutation a été accomplie en grande partie. Du moins au niveau du pouvoir. Car à celui du public, les pôles et les familles gardent leur aura, même s’ils se trouvent exclus du pouvoir. Élias Sarkis avait été le premier président élu en dehors du cercle traditionnel. Mais son exemple n’avait pas fait boule de neige, parce que les circonstances de guerre ne le permettaient pas. Sans compter qu’il s’était révélé beaucoup moins malléable que les décideurs ne l’escomptaient en le nommant. Il avait même réclamé leur départ. Aujourd’hui, si les dérives se poursuivent, on risque d’avoir une Chambre encore plus assujettie. Et des gouvernements formés en majorité d’illustres inconnus. Mais comme ils n’auraient aucun mordant sur l’opinion, la vie politique locale ne serait pas vidée de la présence des pôles traditionnels, claniques, partisans ou féodaux, qui l’ont marquée de leur empreinte pendant des siècles. Un tableau auquel le peuple libanais tient, car il y voit un signe de pérennité. Et de rejet de la soumission à la dictée des tuteurs étrangers. Émile KHOURY

Tous les Libanais sont d’accord pour attribuer aux prochaines législatives un caractère crucial. À la lecture des résultats, on saura si ce pays va enfin commencer à se dégager de la crise qu’on lui impose. Ou s’il va continuer à subir le joug, en pleurant sa souveraineté, son indépendance et sa bonne santé économique.
La bataille électorale se livre donc autour de...