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Liban-Hongrie - Le président hongrois a donné une conférence sur la « révolution par la loi » devant un parterre de chercheurs L’USJ rend un hommage appuyé à Mädl, juriste respecté

C’est une conférence de haut niveau, axée sur la transition entre l’économie fermée et l’économie de marché en Hongrie par le biais de la loi, que le président hongrois, Ferenc Mädl, a donné hier à la faculté de droit, au campus des sciences sociales de l’Université Saint-Joseph (USJ-rue Huvelin), devant un parterre de chercheurs et de professeurs, notamment des juristes. Le cadre adéquat, dans la mesure où le chef de l’État est un juriste fort respecté, comme l’ont rappelé le recteur de l’USJ, le père René Chamussy, et le doyen de la faculté de droit, Fayez Hage-Chahine. S’adressant à M. Mädl à la fin de la cérémonie, M. Hage-Chahine a donné lecture de la dédicace qu’il a écrite sur le Livre d’or de la faculté : « Le Parlement hongrois, qui a élu un juriste distingué tel que Ferenc Mädl à la fonction de président de la République, a exprimé la volonté du peuple hongrois de faire régner la morale, la justice et la paix. Ce noble choix identifie votre pays. » Selon un communiqué de presse publié par l’USJ, M. Mädl avait lui-même souhaité parler en milieu universitaire de la « transformation » vécue par les pays de l’Est européen depuis la chute du communisme, transformation effective tant au plan des lois qu’à celui de l’économie. Le président hongrois est arrivé vers 17h à la rue Huvelin, où il a été reçu par le père Chamussy, le vice-recteur, le père Bruno Sion, les responsables du corps professoral du campus, les professeurs, les ministres Bahige Tabbarah et Karam Karam, l’ancien ministre Nasser Saïdi, la députée Nayla Moawad et le représentant personnel du secrétaire général de l’Onu au Liban-Sud, Staffan de Mistura. Plusieurs étudiants ont également participé à l’accueil, aux portes du campus, drapé des couleurs hongroises. Prenant la parole, le père Chamussy s’est directement adressé au président Mädl : « C’est un grand honneur qui est fait à l’USJ que de recevoir celui qui préside aujourd’hui aux destinées de la République de Hongrie. À travers vous, c’est un pays au passé glorieux, au poids culturel reconnu, aux potentialités multiples que nous recevons. C’est aussi tout un avenir puisque la Hongrie s’apprête à entrer dans l’Union européenne, ce qui ne peut laisser insensible une université comme la nôtre, sûre de ses racines proche-orientales, qui a choisi elle aussi d’adopter le système européen des crédits pour ses étudiants. » « Mais ce qui compte aussi pour nous aujourd’hui, c’est d’accueillir en notre faculté de droit un juriste de haut vol, politologue de qualité, qui a su s’investir en de multiples négociations et responsabilités et qui a été, ainsi que le notait la vice-présidente du Parlement européen, “l’un des artisans de l’Europe les plus actifs en Hongrie”. Ce qui compte enfin, c’est qu’en vous rencontrant, nous rencontrons un homme qui nous enseigne comment aimer son pays et comment accompagner la transformation juridique et économique de ce pays de telle sorte qu’il devienne véritablement maître de son destin, tout en restant ouvert à tous les vents de notre monde », a-t-il poursuivi. « C’est ainsi que, pour ma part, je comprends le geste que vous avez bien voulu faire en direction de notre université, de notre faculté de droit, de ses enseignants et de ses étudiants : eux aussi rêvent de transformer leur pays. La leçon que vous pourrez nous donner nous permettra donc de continuer notre route », a conclu le recteur de l’USJ. Le père Chamussy a ensuite remis au président hongrois la médaille de vermeil de l’USJ, médaille qui n’avait été remise jusque-là qu’au président Chirac et au président Wade du Sénégal. La philosophie hongroise De son côté, le président Mädl est revenu, dans son intervention, sur l’effondrement du régime communiste en Hongrie à la fin des années 1980, tant sur le plan économique que philosophique et politique, en l’occurrence « l’exigence du respect de la dignité humaine, des droits de l’homme, des libertés politiques, de la “règle du droit” et de la prise de décision démocratique ». « À partir de 1989-1990, il était inévitable que l’ancien régime soit remplacé par un nouveau, qu’une nouvelle Constitution et de nouvelles lois soient établies afin de mettre en place un marché économique moderne et paver la voie à une révolution pacifique », a-t-il indiqué, en évoquant la nécessité d’enraciner cette nouvelle culture politique, juridique et économique dans la société. L’objectif étant de sortir l’économie et la diplomatie hongroises de l’autarcie, dans laquelle Budapest était plongée du fait de la domination soviétique, pour réintégrer l’économie du monde libre et conclure de nouveaux arrangements bilatéraux entre des États réellement indépendants, a poursuivi M. Mädl. Ainsi, le Parlement hongrois a-t-il édicté en moyenne une affaire de deux cents lois par année portant sur un domaine extraordinairement vaste : restauration de la propriété privée, privatisation, compensations pour les propriétés perdues et pour les dommages politiques faits durant les dernières décades, entrepreunariat, investissements locaux et étrangers, loi des contrats, propriété intellectuelle, secteur bancaire et crédits, taxation, éducation, culture, science, sécurité sociale, chômage, justice, commerce, industrie, défense, gouvernance locale – sans compter le travail de recodification effectué au niveau du code civil, du code pénal, code de procédure civile et criminelle... Le président hongrois a ensuite évoqué l’approche économique privilégiée par la Hongrie pour rompre avec son passé d’économie dirigée. Après étude de plusieurs modèles philosophiques d’économie de marché, Budapest s’est trouvé devant un choix à faire entre une « thérapie de choc » au niveau transitionnel – voie adoptée par la majorité des ex-pays communistes –, et une « approche graduelle » vers une économie sociale de marché. Après avoir analysé le processus complexe de privatisation de l’économie hongroise, auparavant dirigée directement par l’État, il a évoqué le processus juridique qui a été de pair avec ce dernier. M. Mädl a enfin estimé que l’adhésion à l’Union européenne avait été le but stratégique recherché par la Hongrie durant toutes ces années. « Nous avons réussi, et dix pays, parmi lesquels la Hongrie, seront membres de l’UE en mai. Cet événement historique prouve que la révolution par la loi était un succès et que la transformation de l’État et de l’économie est à présent complète », a-t-il ajouté, en précisant que la mission de Budapest était de diffuser les valeurs européennes dans les Balkans, en Croatie, en Serbie, en Bulgarie, en Roumanie et en Ukraine. Et de conclure : « La priorité de la philosophie hongroise est d’établir des relations amicales, non seulement avec les pays voisins de la Hongrie, mais avec tous les pays de la région. Nous voulons étendre notre relation avec le monde entier et renforcer notre coopération avec le Liban, pays que nous aimons tant. Votre pays est très beau, votre culture est splendide. La famille, ce n’est pas seulement la famille-noyau, mais aussi la famille élargie, dont le Liban fait partie. » M. Mädl a enfin remis au père Chamussy une médaille frappée à l’occasion du millénaire de la Hongrie. Il a également remis un ouvrage d’une valeur juridique importante à M. Hage-Chahine. De son côté, le doyen lui a remis le Livre d’or de la faculté.

C’est une conférence de haut niveau, axée sur la transition entre l’économie fermée et l’économie de marché en Hongrie par le biais de la loi, que le président hongrois, Ferenc Mädl, a donné hier à la faculté de droit, au campus des sciences sociales de l’Université Saint-Joseph (USJ-rue Huvelin), devant un parterre de chercheurs et de professeurs, notamment des...