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Actualités - REPORTAGE

Ce qu’ils en pensent DÉCLARATIONS LOYALISTES FAVORABLES AU GÉNÉRAL AOUN

De prime abord, la démarche ressemble à une manœuvre aux ficelles un peu grosses, mais depuis quelques jours elle alimente la polémique. Les déclarations répétées de certains membres du gouvernement, favorables au général Michel Aoun, longtemps honni des milieux loyalistes au point qu’il y a quelques mois toute idée de dialogue avec lui était totalement écartée, ne peuvent qu’attirer l’attention des observateurs. S’agit-il d’une tentative de diviser les rangs de l’opposition, en ouvrant des canaux avec certaines figures de l’opposition, pour mieux les refermer avec d’autres, ou bien ces déclarations reflètent-elles réellement la volonté des loyalistes d’en finir avec « l’exception aouniste » ? L’ancien ministre de l’Information, Ghazi Aridi, qui, à son habitude, ne mâche pas ses mots, confie ce qu’il en pense. Ghazi Aridi, ancien ministre de l’Information et proche de Walid Joumblatt Q : Comment expliquez-vous cette soudaine ouverture des loyalistes en direction du général Michel Aoun ? R : « Elle me paraît ridicule. Elle est une fois de plus l’expression parfaite du manque de subtilité des gens du pouvoir. Peuvent-ils m’expliquer ce qui a changé en quelques mois ? Hier, le général Michel Aoun était persona non grata. D’ailleurs, il affirmait avec franchise qu’il était fier du Syria Accountability Act et qu’il était favorable à la résolution 1559. A-t-il changé d’avis pour que les loyalistes fassent aujourd’hui son éloge ? À ma connaissance, il n’a rien dit qui puisse le laisser supposer. De plus, les membres du gouvernement ne parlent pas tous le même langage. Alors que le président du Conseil a déclaré que le général Aoun est libre de rentrer au pays, mais s’il le fait, il devra comparaître devant la justice, en raison des affaires judiciaires qui le mettent en cause, d’autres ministres, que je ne nommerais pas, ont loué sa transparence. Pourtant, tout le monde sait et le ministre de la Justice, qui était alors procureur général de la République, en premier, que les dossiers ouverts contre le général Aoun sont essentiellement financiers. Alors, qui faut-il croire ? Pour être franc, je dirais donc que cette attitude n’est que le reflet de l’impasse dans laquelle se débat le pouvoir, qui cherche à diviser l’opposition. » Q : Mais le général Aoun ne semble pas avoir été sensible à cette démarche ? R : « Je ne peux pas répondre à sa place. Ce qui m’importe, c’est que le pouvoir nous accuse d’être avec la 1559 et multiplie les ouvertures en direction de ceux qui appuient ouvertement cette résolution. La seule cohérence dans son attitude est sa détermination à laisser exploser la haine qu’il nous porte. » Q : Vous-mêmes, pourriez-vous engager le dialogue avec le général Aoun et vous allier avec lui ? R : « Nous participons actuellement à un vaste dialogue avec différentes parties. Le courant du général Aoun a assisté à la réunion du Bristol et il a même présenté un document de travail que nous discuterons. Nous sommes ouverts au dialogue avec tout le monde et nous étudions les possibilités d’alliance. » Q : Vous êtes prêts au dialogue avec toutes les parties sauf avec le pouvoir, qui a, à maintes reprises, tendu la main à l’opposition ? R : « Vous vous moquez de moi ? Le pouvoir a parlé de main tendue mais il a appliqué la politique des langues pendues, invectivant certaines parties de l’opposition et nous en particulier. En fait, je crois qu’il n’a jamais été convaincu de la nécessité du dialogue. Le seul dialogue auquel il est favorable est apparemment celui qui a permis l’explosion de la voiture piégée au passage de Marwan Hamadé, celui qui a entraîné l’abolition des mesures de sécurité devant le domicile de Walid Joumblatt à Clemenceau etc. Ce n’est donc pas la politique de la main tendue, mais celle des poings levés. Nous connaissons désormais la chanson. » Fadi Bassil, étudiant en sciences informatiques Q : Que pensez-vous des déclarations de certains ministres favorables au général Aoun ? R : « C’est sans doute une manœuvre destinée à empêcher l’émergence d’un vaste front d’opposition. Mais je pense aussi que si le général peut obtenir la fermeture des dossiers judiciaires ouverts contre lui, ce ne serait pas une mauvaise chose pour lui. Il est temps que la lumière soit faite sur ces affaires, qu’il soit blanchi et qu’il puisse enfin agir sans ce boulet qu’il traîne depuis des années. Je crois qu’il existe des moments politiques propices à une action donnée. Et même si les ministres ont des arrière-pensées en multipliant les signes d’ouverture en direction du général Aoun, ce dernier peut essayer de tirer de leur attitude le maximum d’avantages. D’ailleurs, en politique, toutes les manœuvres sont permises. Et puis, avec le projet d’amender la loi d’amnistie, de manière à éliminer les clauses qui avaient permis l’arrestation du Dr Samir Geagea et l’ouverture de dossiers judiciaires contre le général Aoun, toutes les données peuvent changer et le pouvoir doit essayer de faire des percées. Sinon, il sera plus isolé que jamais. Le général sait mieux que quiconque ce qu’il doit faire. » Scarlett HADDAD


De prime abord, la démarche ressemble à une manœuvre aux ficelles un peu grosses, mais depuis quelques jours elle alimente la polémique. Les déclarations répétées de certains membres du gouvernement, favorables au général Michel Aoun, longtemps honni des milieux loyalistes au point qu’il y a quelques mois toute idée de dialogue avec lui était totalement écartée, ne...