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Actualités - CHRONOLOGIE

Le chef du PSP met le pouvoir en garde, les milieux officiels calment le jeu Joumblatt : Une mauvaise gestion du scrutin débouchera sur une nouvelle internationalisation

Les milieux officiels se sont gardés hier d’envenimer davantage la polémique qui oppose actuellement loyalistes et opposants, ce qui n’a pas empêché le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), qui s’exprimait hier dans le cadre d’une émission animée par Mlle Dalia Ahmed sur la chaîne satellitaire al-Hurra, de réclamer à nouveau la démission du cabinet actuel et la formation d’un gouvernement neutre pour la surveillance des élections, et d’affirmer, entre autres, que « ce sont les Services qui commandent au ministre Adnane Addoum ». Commentant les polémiques entre ministres et opposants, le président de la République Émile Lahoud a exprimé hier son attachement « au déroulement du jeu démocratique dans le respect des lois en vigueur », et à « la préservation de la vie commune à travers le soutien à la paix civile qui ne doit pas être ébranlée ». M. Lahoud, dont les propos ont été rapportés par le chef du parti Solidarité Émile Rahmé, a appelé à « l’usage d’un langage respectant les règles de la bienséance et de la civilité, pour que les polémiques enfiévrées ne pavent pas la voie à la tension sur la scène interne ». Selon le chef de l’État, « tous, loyalistes et opposants, doivent prendre conscience de la gravité des circonstances et ne pas se laisser entraîner dans certains méandres ». De son côté, le président de la Chambre, Nabih Berry, a estimé que Walid Joumblatt connaît plus que quiconque la route de Damas, et qu’il ne doit pas en arriver au point de rompre ses relations avec la Syrie. M. Berry s’est également démarqué des polémiques par le ton très posé de son discours, appelant notamment « le général Michel Aoun à retourner au Liban dans l’amour et le pardon ». Le ministre de l’Information, Élie Ferzli, a pour sa part dénoncé les ingérences étrangères dans les affaires libanaises, déplorant le niveau des polémiques actuelles. « Le gouvernement n’est pas un maître d’école qui peut fixer des limites de politesse en matière de langage et de propos », faisant assumer à l’opposition une partie des « mutilations » exprimées par le document du Bristol. Walid Joumblatt à al-Hurra Dans son entretien à la chaîne al-Hurra, Walid Joumblatt a réexprimé hier ses positions avec insistance : oui à la fin des ingérences sécuritaires syriennes, oui au repositionnement des troupes syriennes dans la Békaa, non au retrait total, non à la démilitarisation du Hezbollah, oui à la protection de la Résistance jusqu’à la libération des fermes de Chébaa, non à la 1559, oui à Taëf sans ses failles, oui à l’établissement « d’un dialogue politique sain avec Damas loin de l’étau sécuritaire actuel et de la tutelle sécuritaire » syrienne. Dans ce cadre, il a estimé que le chef des SR syriens au Liban, le général Rustom Ghazalé, doit rester cantonné à ses fonctions sécuritaires et « ne pas avoir des horizons politiques ». M. Joumblatt a par ailleurs regretté « la classification opérée par certains des nouveaux alliés de Damas à l’encontre des vrais alliés de la Syrie », estimant qu’il n’est pas « versatile », mais qu’il défend, à l’instar de Kamal Joumblatt, la ligne du Liban démocratique, arabe, pluriel, souverain et indépendant. Interrogé sur l’éventualité d’un nouveau troc syro-US aux dépens du Liban, le chef du PSP a souhaité que l’expérience de 1976, celle de Kissinger, ne se répète pas, estimant que les circonstances ont changé. « Nous voulons un Liban souverain et indépendant, mais la souveraineté est une notion relative. Le Liban ne peut être souverain sans prendre en compte les intérêts de la Syrie », a-t-il indiqué. Et d’ajouter que « les relations qui ont prévalu entre Beyrouth et Damas durant la guerre doivent changer ». Il a également réexprimé sa confiance dans la France, mais sa méfiance à l’égard de la politique des néoconservateurs et des faucons de l’Administration US. Si on lui rend son visa américain, qu’il n’a toujours pas réclamé, il ira dire à Washington ce qu’il a dit au président français Jacques Chirac, a-t-il ajouté. Selon lui, les États-Unis doivent écouter l’opposition au Liban sans exhorter à l’hostilité vis-à-vis de la Syrie. Le chef du PSP a toutefois esquivé des questions sur l’installation d’une ambassade syrienne au Liban, estimant qu’il n’a pas « abouti à cette conclusion jusqu’à présent » et sur le tracé des frontières entre le Liban et la Syrie. « Il faut discuter en profondeur avec des intellectuels et des politiques syriens sur la question libanaise. On ne peut pas limiter toute l’affaire au complexe de la rupture en 1920. D’ailleurs, l’idée libanaise remonte à bien avant cette date », a-t-il précisé. Le député progressiste a également évoqué la prorogation du mandat Lahoud, la qualifiant de « stupidité qui a conduit à l’internationalisation et à la division ». Estimant que M. Lahoud est « président de facto », il a affirmé : « Lorsque nous aurons annihilé les moyens qui ont conduit à la prorogation, en mettant fin à la tutelle sécuritaire et en faisant chuter le cabinet de la prorogation, nous aurons fait chuter la prorogation elle-même », a-t-il indiqué. Il a ensuite plaidé pour la formation d’un gouvernement d’unité nationale représentant « toutes les parties opposantes, mais aussi les loyalistes qui ne sont pas en “remote control”. Il s’agit de la meilleure façon de ne pas internationaliser le scrutin ». Et de lancer une mise en garde aux gens du pouvoir, « qui doivent réfléchir aux répercussions » que pourrait entraîner une falsification de la volonté des électeurs lors des prochaines législatives, et tenir compte des rapports onusiens quotidiens qu’élaborera désormais Terjé Roed-Larsen. Il a également estimé que l’essentiel, pour l’instant, était d’empêcher l’ingérence des SR dans le processus électoral pour mettre fin aux pressions sur les électeurs, affirmant qu’il s’oppose à la présence d’observateurs internationaux pour surveiller le scrutin. M. Joumblatt a en outre rendu hommage à l’opposition nationale plurielle, qui regroupe désormais « Ahmed Fatfat, Misbah Ahdab, Bassem Sabeh, Habib Sadek, Amine et Pierre Gemayel, Nassib Lahoud, et Rafic Hariri, quelque part. Même s’il y a des nuances entre nous. Et si on brise le blocus qui nous est imposé, d’autres se joindront à nous et le groupe sera plus large. C’est pourquoi il faut que les élections soient libres des ingérences des SR ». Au sujet de M. Hariri, il a indiqué : « Il est attaché comme moi à l’établissement de bonnes relations avec la Syrie, mais comme moi, il est devenu une cible politique », estimant qu’on tente par là-même de mener une guerre d’élimination de l’opposition. Il a souligné qu’il n’ira à Damas que « pour exprimer le point de vue de l’opposition ». M. Joumblatt a enfin estimé que l’enquête sur la tentative d’attentat contre Marwan Hamadé est « au point zéro », faisant assumer à certains SR l’agression contre le député. « Certains financent ces SR, comme le Casino du Liban. Certains appareils sécuritaires sont devenus autonomes. Il n’y a plus de contrôle et plus rien n’est sûr », a-t-il indiqué, rappelant, au sujet de l’enquête, que la justice n’a pas donné suite à plusieurs dossiers, « comme celui de l’assassinat de Kamal Joumblatt ». Et sur la responsabilité du président Lahoud dans l’attentat, il a dit : « Je ne sais pas s’il est responsable. C’est complexe (...). S’il s’avère qu’il l’est, cela veut dire que le Liban est entré dans le club de ces Républiques bananières du passé. » Et sur les soupçons qu’il avait portés sur le chef de la Garde républicaine, Moustapha Hamdane, il a indiqué : « Nous avons une intuition dans ce sens, mais pas d’informations », avant de rappeler que le film de l’attentat a été « confisqué par les SR ». Il a enfin accusé le ministre de la Justice Adnane Addoum d’être manipulé par « un fax sécuritaire », estimant que les SR « commandent à Addoum ».
Les milieux officiels se sont gardés hier d’envenimer davantage la polémique qui oppose actuellement loyalistes et opposants, ce qui n’a pas empêché le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), qui s’exprimait hier dans le cadre d’une émission animée par Mlle Dalia Ahmed sur la chaîne satellitaire al-Hurra, de réclamer à nouveau la démission du cabinet actuel et la...