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Actualités - CHRONOLOGIE

Deux cents étudiants de l’UL se solidarisent avec la chaîne du Hezbollah Marche silencieuse symbolique jusqu’au siège de l’ambassade de France(photo)

Le message se veut fort et percutant. Dans la froide soirée de Beyrouth, près de deux cents jeunes se sont retrouvés devant le siège principal de l’Université libanaise, au Musée, des bougies entre les mains et la bouche muselée par une étiquette adhésive. Silencieusement, ils ont entamé une marche en direction de l’ambassade de France, pour protester contre la décision du Conseil d’État de suspendre la diffusion de la chaîne al-Manar. Arrivés sur place, certains ont installé deux panneaux avec le logo de la chaîne, alors que d’autres portaient des banderoles rappelant que la liberté d’expression est la base de la démocratie et considérant que l’interdiction de la chaîne « est une atteinte aux valeurs républicaines françaises ». Le vent fort annonciateur de tempête tentait d’éteindre les bougies, mais les jeunes, tous des étudiants de l’UL, affiliés à différentes formations et ligues estudiantines, les rallumaient sans cesse pour que l’image soit plus saisissante. Auparavant, les organisateurs (l’amicale des étudiants du Hezbollah) avaient insisté : ni discours, ni slogans, la marche doit être silencieuse et « civilisée ». Et tous les étudiants présents se sont conformés à ces directives, anxieux de montrer qu’au Liban, on sait aussi protester avec décence. Venus d’horizons différents, certains sont des partisans des mouvements de gauche, d’autres des sympathisants des courants de droite, ils ont tous été d’accord pour juger que la décision du Conseil d’État français est « injuste ». Pour eux, qui réclament plus de justice et de liberté dans leur pays, accepter que la France, qui reste un modèle de démocratie et une référence pour la plupart des jeunes, interdise un média, même celui du Hezbollah, reste « une injustice et une aberration ». « Je ne comprends pas comment ils ont pu agir comme cela, déclare Wissam. C’est contraire à tous les principes de dialogue et d’ouverture. D’autant que la chaîne a fait preuve de bonne volonté. C’est malheureux à dire, mais j’ai le sentiment que cette affaire est politique. Or, si la justice française se politise, que faut-il attendre de la nôtre ? » Frustration et déception L’un des organisateurs s’est alors approché pour demander qu’il n’y ait pas de déclarations virulentes. Le Hezbollah ne veut visiblement pas provoquer une crise avec les autorités françaises, mais souhaite simplement que celles-ci sachent qu’« une grande partie des Libanais n’approuvent pas leur décision concernant al-Manar ». Mais les étudiants n’ont pas pu s’empêcher de laisser filtrer leur frustration. D’ailleurs, tout au long de cette marche aux bougies, il n’y a eu aucune manifestation de colère ou de violence, verbale ou autre. Rien qu’un immense silence réprobateur et une profonde déception. Devant le siège de l’ambassade de France, où un impressionnant dispositif de sécurité attendait les jeunes gens, ils se sont postés, brandissant leurs bougies aux flammes tremblantes et posant devant les photographes. Derrière les épaisses vitres du poste de surveillance à l’entrée de l’ambassade, les Français regardaient la scène, mais nul n’est sorti pour parler aux jeunes. Tout s’est déroulé dans le plus grand calme, sans le moindre contact réel entre les responsables de l’ambassade et les étudiants. Ceux-ci étaient d’ailleurs encore plus déçus. « Ils ne veulent pas nous écouter, a protesté Hussein. Parce qu’ils savent qu’au fond, leur décision n’est pas justifiée. On ne sanctionne pas quelqu’un qui fait amende honorable et qui affirme qu’il veut s’adapter. On cherche plutôt à l’encourager au lieu de le pousser à se radicaliser. » Pourtant, la chaîne ne semble pas vouloir modifier sa stratégie d’ouverture et d’adaptation aux critères occidentaux. À en croire les responsables, ils poursuivront les modifications de la grille des programmes, tout en continuant à appeler à des manifestations de solidarité, dans l’espoir que la voix de leurs partisans soit entendue. Aujourd’hui, les associations estudiantines organisent un sit-in devant le consulat français et la semaine prochaine, d’autres activités sont prévues. Peut-on encore modifier la décision du Conseil d’État français ? Les étudiants et les responsables de la chaîne l’espèrent... et attendent l’issue de la rencontre entre les dirigeants d’al-Manar et les membres du CSA français demain, vendredi. Scarlett HADDAD

Le message se veut fort et percutant. Dans la froide soirée de Beyrouth, près de deux cents jeunes se sont retrouvés devant le siège principal de l’Université libanaise, au Musée, des bougies entre les mains et la bouche muselée par une étiquette adhésive. Silencieusement, ils ont entamé une marche en direction de l’ambassade de France, pour protester contre la...