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Actualités - ANALYSE

Éclairage La réponse de Joumblatt aux offensives de charme : Ma place est au « Bristol » Unité et pluralité, désormais la devise de l’opposition

«Une réunion historique. » Le terme est revenu plusieurs fois, hier, dans le discours des très nombreux opposants du Bristol, à l’occasion de la publication du programme commun de l’opposition nationale plurielle. C’est d’ailleurs l’ancien député Habib Sadek qui, avant de lire le document commun, a su dégager, dans une introduction, la portée de cette rencontre, ses caractéristiques-clefs : l’unité de l’opposition dans sa pluralité, et la fonction réelle de ce front, qui émerge dans un contexte de désertification de la vie politique libanaise. Une réalité politique abandonnée au règne des services de sécurité et de l’influence tutélaire syrienne à tous les niveaux. Il y a de quoi souligner le caractère historique de ce rassemblement fédérateur sur le plan de la diversité (qui plus est autour d’un programme commun). Était ainsi présente la nouvelle « dynamique du centre », qui regroupe désormais la Rencontre démocratique (et le PSP), bloc parlementaire du député Walid Joumblatt, le Rassemblement de Kornet Chehwane, la Gauche démocratique et le Forum démocratique. Mais aussi le Bloc national, le courant aouniste, un certain nombre de députés proches de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, notamment Ghattas Khoury et Ahmed Fatfat, et quelques-uns des députés indépendants qui n’ont pas voté la prorogation du mandat Lahoud, notamment Farès Boueiz et Nazem el-Khoury. Le spectre de l’opposition n’a jamais été aussi large, et il faut remonter en effet bien loin dans l’histoire moderne du Liban, avant 1975 en tout cas, pour retrouver un aussi vaste panel d’intervenants et de participants. Ce n’est d’ailleurs pas une coïncidence si l’un des thèmes qui a été le plus souvent évoqué hier était la transcendance de manière définitive et irrévocable des clivages politiques et communautaires hérités de la guerre (l’image concrète de cette idée étant Amine Gemayel et Walid Joumblatt assis côte à côte, hier). Il s’agit bel et bien d’une opposition nationale et plurielle, ont noté tour à tour les intervenants, choisis de manière à représenter toutes les tendances politiques, toutes les communautés mais aussi le plus grand nombre de régions libanaises. Ainsi se sont succédé à la tribune Habib Sadek, Amine Gemayel, Carlos Eddé, Bassem Sabeh, Gebran Tuéni, Dory Chamoun, Assem Salam, Boutros Harb, Élias Atallah, Farès Boueiz, Ghattas Khoury, Misbah Ahdab, Farès Souhaid, Nassib Lahoud et Walid Joumblatt. Le baromètre Walid Joumblatt Le baromètre de cette nouvelle situation politique sur le terrain – l’existence d’une opposition nationale plurielle avec laquelle il faudra désormais compter, d’autant qu’elle a promis dans le document de serrer les rangs pour combattre le pouvoir lors des prochaines législatives en mai – a été hier, une fois de plus, Walid Joumblatt. En l’espace d’une intervention de quelques minutes, le chef du PSP a répondu clairement aux tentatives anjariennes de court-circuiter le rassemblement du Bristol à travers une offensive de charme comprenant une invitation à Damas. Offensive menée pas plus tard que dimanche par le chef des services syriens de renseignements au Liban, Rustom Ghazalé, le directeur de la Sûreté générale, Jamil Sayyed, et le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Dans sa réponse, M. Joumblatt a en fait repris, mine de rien et à travers les faits de ces deux derniers jours, plusieurs des thèmes politiques du programme commun (notamment la question de la lutte contre le pouvoir sécuritaire). À Hassan Nasrallah, il a répondu qu’il défendra toujours la Résistance où qu’il aille, mais qu’il ne changera pas d’avis concernant l’hégémonie syrienne. Et de poursuivre : « Le général Rustom Ghazalé m’a contacté hier. Mais comme l’appareil sécuritaire syrien au Liban s’est développé horizontalement et verticalement, et c’est le fond du problème, je l’ai remercié pour son souci de la sécurité des Libanais. Mais, sur le principe, je suis attaché à ma crédibilité de Paris, au programme commun, en passant par le document des dix points de la Rencontre démocratique : je n’établirai pas de dialogue avec la Syrie par le biais d’un officier sécuritaire syrien », a-t-il indiqué, précisant que l’affaire n’est pas personnelle entre lui et Ghazalé. « Le brigadier Sayyed m’a contacté hier, également dans une initiative d’apaisement. J’affirme aux services libanais de sécurité : nous n’avons pas oublié l’assassinat de la Constitution libanaise à travers la prorogation, ni l’attentat contre Marwan Hamadé et le martyre de Ghazi Bou Karroum. Jusqu’à ce que certaines têtes tombent au Palais de justice et au sein de la sécurité, nous ne ferons pas confiance aux services libanais. D’ailleurs, par principe, nous ne dialoguerons pas avec la sécurité libanaise mais avec le pouvoir, s’il le veut, sur base de ce document commun », a-t-il poursuivi. Rappelant que la route de Damas lui est fermée depuis l’annulation de son dernier rendez-vous avec le président Bachar el-Assad, M. Joumblatt a indiqué qu’il aimerait bien « visiter souk el-Hamidiyé ou Alep », mais qu’il « souhaite que les autorités syriennes ne fassent pas l’erreur de résumer leurs relations avec le Liban à la personne de Walid Joumblatt, et qu’elles offrent à tous les Libanais le meilleur cadeau qui puisse être : l’application à la lettre de Taëf, le rééquilibrage des relations bilatérales via Taëf et la fin des ingérences des SR syriens et libanais dans les affaires libanaises publiques et privées ». Il a enfin rappelé l’expérience de l’union syro-égyptienne, « qui avait éclaté aussi pour des raisons internes, la Syrie se plaignant du comportement de certains partisans de l’Égypte en Syrie ». « Nous ne voulons pas que la Syrie soit représentée au Liban par un Abdelhamid Sarraj libanais », a-t-il dit. Et de conclure d’une manière on ne peut plus ferme, en réitérant (à l’attention de Damas) les propos qu’il avait tenus au Bristol il y a deux mois, lorsque l’opposition s’était solidarisée avec lui : « Si je sors de ce groupe pluriel, je suis fini, et je ne le ferai pas. Je mets l’accent sur le fait que je resterai (au sein de l’opposition) et maintiendrai ma relation personnelle et politique avec Rafic Hariri. » Michel HAJJI GEORGIOU

«Une réunion historique. » Le terme est revenu plusieurs fois, hier, dans le discours des très nombreux opposants du Bristol, à l’occasion de la publication du programme commun de l’opposition nationale plurielle. C’est d’ailleurs l’ancien député Habib Sadek qui, avant de lire le document commun, a su dégager, dans une introduction, la portée de cette rencontre,...