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Actualités - CHRONOLOGIE

Universités Le débat sur le mariage civil relancé par les étudiants de l’USJ

Six ans après le projet du président Hraoui sur le mariage civil facultatif, qui avait suscité un vif débat à l’époque, la question semblait avoir perdu de son souffle. L’idée devait paraître trop avant-gardiste pour un establishment libanais confortablement installé dans son immobilisme moral. Conscients de l’importance du problème et de son incidence sur l’évolution des choses au Liban, les bureaux des facultés de droit et d’économie de l’amicale estudiantine de l’Université Saint-Joseph (USJ) ont organisé à l’amphithéâtre A du campus des sciences sociales de la rue Huvelin une conférence-débat sur le thème : « Le mariage civil ou comment atténuer les effets du confessionnalisme », avec, comme intervenants, cheikh Hani Fahs, le père Jean-Paul Abou Ghazali et le professeur Ibrahim Traboulsi. Un grand nombre d’étudiants étaient également présents, chose rare pour un événement non politique. Après une allocution du président du bureau de la faculté de droit, Marwan Maalouf, cheikh Hani Fahs, célèbre (et parfois critiqué) pour ses positions avant-gardistes concernant l’islam, a voulu placer la question du mariage civil au Liban dans son véritable contexte, celui du confessionnalisme, qui reste, selon lui, « le véritable problème ». Après s’être lancé dans une plaidoirie en faveur d’un système libéral qui permettrait de préserver la pluralité au sein de la société libanaise, cheikh Fahs a abordé le mariage civil en droit musulman, mettant en exergue les deux catégories d’obstacles qui s’y opposent. D’abord des obstacles franchissables, principalement d’ordre formel, mais ensuite une difficulté « pratiquement insurmontable en l’état actuel du fiqh » : celle du mariage de la femme musulmane avec un non-musulman. « Dans mon village, ma famille, je connais des femmes qui ont épousé des chrétiens. Il n’y a pas eu de sang versé, et la vie a continué le plus normalement du monde. Cela montre que la solution réside essentiellement au niveau sociétal », a-t-il estimé. De son côté, le professeur à la faculté de droit, Ibrahim Traboulsi, un spécialiste en la matière, a exposé l’historique du débat au Liban, qui a été alimenté, à différentes époques, par des personnalités comme Raymond Eddé ou Kamal Joumblatt. « L’État peut intervenir à n’importe quel moment pour instituer le mariage civil, puisqu’il n’a fait qu’une simple délégation aux communautés pour élaborer leurs règles dans certains domaines. Il n’a jamais perdu sa capacité à le faire », a-t-il précisé, avant de souligner l’importance du problème des mariages civils tenus à l’étranger et qui sont avalisés par la suite au Liban. Il a également remis en question le lien systématique établi entre mariage civil et divorce, expliquant que, dans certaines législations, le divorce peut être très difficile. Enfin, le père Abou Ghazali s’est lancé dans un réquisitoire contre le mariage civil, en le comparant au mariage chrétien, le seul capable, selon lui, de préserver la famille. Samer Ghamroun
Six ans après le projet du président Hraoui sur le mariage civil facultatif, qui avait suscité un vif débat à l’époque, la question semblait avoir perdu de son souffle. L’idée devait paraître trop avant-gardiste pour un establishment libanais confortablement installé dans son immobilisme moral.
Conscients de l’importance du problème et de son incidence sur...