Loi électorale - Frangié reçu par le président de la Chambre Berry persiste et signe : grande circonscription et vote proportionnel

Les diverses propositions en vue d’un nouveau découpage électoral ont été hier au centre d’un entretien, au siège du Parlement, entre le président de la Chambre, Nabih Berry, et le ministre de l’Intérieur, Sleimane Frangié. Cet entretien intervient au lendemain des déclarations faites par M. Frangié au siège de l’archevêché grec-orthodoxe de Beyrouth, dans lesquelles il avait une nouvelle fois indiqué que le gouvernement penchait pour l’adoption de circonscriptions « moyennes » et avait souligné la nécessité de satisfaire l’électorat chrétien au moins dans trois régions : Beyrouth, Bécharré et Jezzine. Cette orientation, on le sait, n’est pas pour plaire au chef du Législatif qui plaide depuis toujours pour la grande circonscription, voire même la circonscription unique sur la base de la proportionnelle. De plus, la question de Jezzine est particulièrement sensible pour M. Berry, qui craint qu’un détachement de cette région ne contribue à un affaiblissement de son leadership au Liban-Sud. Hier, M. Berry est revenu à la charge en réaffirmant devant les députés qui lui ont rendu visite son choix en faveur des grandes circonscriptions et du mode de scrutin proportionnel. « Si l’objectif est de mettre en place un système électoral garantissant à la fois la coexistence et la représentation authentique de l’électorat, alors les grandes circonscriptions avec la proportionnelle sont l’unique solution. Sans la proportionnelle, les grandes circonscriptions garantissent la coexistence, mais pas la bonne représentation », a-t-il souligné devant ses visiteurs. « Il ne faut pas perdre de vue que le but est de faire en sorte que la majorité et la minorité soient toutes les deux représentées », a-t-il dit, critiquant les tentatives visant à découper les mohafazats en plusieurs circonscriptions. « De toutes les façons, chaque mohafazat n’aura pas un nombre égal de circonscriptions », a-t-il souligné. C’est à la suite de ces propos que le président de la Chambre a reçu M. Frangié, en présence des députés Fayez Ghosn (proche de M. Frangié) et Ali Hassan Khalil (proche de M. Berry). À sa sortie, le ministre de l’Intérieur a fait part de son optimisme à la presse, cherchant à suggérer que les points de vue contradictoires exprimés par M. Berry et par lui-même sur la question du découpage électoral ne posaient pas de problème majeur. « L’ambiance était excellente et nous nous sommes entendus sur tout », a déclaré M. Frangié. Un journaliste l’ayant interrogé sur le point de savoir s’il y avait eu une franche explication entre M. Berry et lui-même, il a souligné que les choses n’étaient pas arrivées à un point nécessitant cela. « À la base, les cœurs étaient purs », a-t-il dit. S’agissant de Jezzine, M. Frangié a insisté sur le fait qu’il n’existait « aucun problème » à ce sujet, tout en soulignant qu’il y avait « une solution à tout ». Par ailleurs, Akram Chehayeb, député joumblattiste d’Aley, a répondu hier aux propos tenus la veille par le ministre de l’Intérieur, qui avait affirmé que les intérêts de Walid Joumblatt étaient en permanence pris en compte dans les diverses lois électorales adoptées jusqu’ici. M. Chehayeb a rappelé, dans une déclaration, que le chef du Parti socialiste progressiste s’était toujours prononcé pour les circonscriptions fondées sur les cazas. « Si les lois électorales étaient boiteuses, c’est parce qu’il fallait permettre le passage des bulldozers », a-t-il dit. Selon lui, les intérêts qui étaient pris en compte étaient ceux des gens « suivant la ligne » comme au Metn et au Liban-Nord, où l’on avait détaché des régions et annexé d’autres pour affronter l’indomptable réservoir de Bécharré.