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Actualités - REPORTAGE

Reportage - Les Marines réservistes ont troqué une vie pépère pour un flirt avec la mort

Il y a encore quelques mois, ils étaient étudiants, hommes d’affaires, policiers, avocats, chirurgiens ou enseignants. Aujourd’hui, ces Américains sont en première ligne dans le « triangle de la mort » pour combattre la guérilla en Irak. « C’est une question de fraternité. Quand vous voyez vos frères partir au combat, vous avez envie d’y être », lance le sergent Deven Hawkins, installé avec sa mitrailleuse lourde sur le toit d’une école abandonnée qui sert de base aux Marines à Youssoufiyah, à 25 km au sud de Bagdad. À le voir ainsi aux aguets, personne ne peut imaginer que ce sous-officier est à la tête d’une compagnie multimédia de variétés employant 46 personnes à Chicago, d’où est d’ailleurs originaire la majorité de ces réservistes : le 2e bataillon de la 24e unité expéditionnaire des Marines. Ce groupe de guerriers est disposé au sud de Bagdad. Le lieu porte le sinistre qualificatif de « triangle de la mort », car c’est dans ce décor champêtre qu’ont lieu les rapts et meurtres d’étrangers et d’Irakiens se rendant au sud et les attentats à l’explosif contre les forces américaines et irakiennes. L’habileté acquise dans le monde sans pitié des affaires est très utile ici. « Vous devez pouvoir mener à bien plusieurs tâches pour réussir votre mission, c’est comme dans les affaires », explique Hawkins, un soldat musulman de 33 ans. La patrouille de fantassins, qui quitte la position fortifiée, est composée d’un pompier, d’un étudiant en biologie, d’un employé de bureau, d’un pilote d’avion cargo, d’un ouvrier syndicaliste, d’un instituteur de maternelle, d’un soudeur, d’un installateur d’alarme et d’un distributeur de produits laitiers. Le « patron » de la base, le commandant Morgan Mann, 34 ans, qui vend des systèmes informatiques chez Cisco, estime que ses hommes ont un avantage sur les jeunes Marines. « Nous avons plus de maturité et d’expérience qu’eux », explique-t-il, assis dans une pièce au confort spartiate. Sur la table est posé Petites guerres, un livre qui analyse des guerres coloniales britanniques. « Nous sommes ici pour faire appliquer la loi et lutter contre la rébellion », ajoute-t-il. Un autre Marine, Jim Roussell, 53 ans, met en application les 28 ans passés comme policier dans le quartier particulièrement dangereux de West Side à Chicago. Le capitaine Brian Murphy, 32 ans, est dans le civil un agent du FBI qui appartient depuis le 11 septembre 2003 au département antiterroriste. Posté aujourd’hui à Latifiyah, 40 km au sud de Bagdad, il était en maîtrise d’islamologie et étudiait l’arabe avant d’être envoyé en septembre en Irak avec son unité qui doit normalement rester jusqu’en février. « Je veux comprendre les raisons » de l’antiaméricanisme dans le monde musulman, confie-t-il. « Certains sont des diplômés, d’autres viennent d’empocher leur premier million » de dollars, rétorque de son côté le caporal Larry Branch, technicien en téléphonie. L’autre chose qui unit ces Marines c’est la conviction qu’ils vont écraser la rébellion. « Il y a bien sûr parfois des doutes, mais il faut regarder le passé. L’Allemagne n’est pas devenue une démocratie en un an », après la Seconde Guerre mondiale, explique le caporal Brian Kollias, en regardant son sept tonnes touché par un engin explosif artisanal posé sur le bord de la route. « Ceux qui posent des bombes vont finir par en avoir marre, l’économie ira mieux mais cela prendra du temps », croit-il. Rory MULHOLLAND (AFP)
Il y a encore quelques mois, ils étaient étudiants, hommes d’affaires, policiers, avocats, chirurgiens ou enseignants. Aujourd’hui, ces Américains sont en première ligne dans le « triangle de la mort » pour combattre la guérilla en Irak.
« C’est une question de fraternité. Quand vous voyez vos frères partir au combat, vous avez envie d’y être », lance le sergent...