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Actualités - REPORTAGE

REPORTAGE - Conflits territoriaux et problèmes d’identité culturelle L’Algérie et le Maroc, entre méfiance et hostilité

L’Algérie et le Maroc partagent la même langue, la même religion et la même culture. Mais les histoires politiques divergentes ont nourri méfiance et hostilité entre les deux voisins. La frontière terrestre entre les deux pays est fermée depuis dix ans. Trois décennies de conflit sur l’avenir du Sahara occidental les séparent. Les idées fausses sont légion des deux côtés, souvent nées des clichés habituels qui circulent dans chaque pays. Les Algériens et les Marocains sont à peu près aussi nombreux – environ 30 millions dans les deux cas. Beaucoup d’Algériens jugent les Marocains soumis en raison de leur monarchie. Les Marocains, eux, considèrent les Algériens comme étant irrévérencieux, grande gueule, voire agressifs. Quarante ans après un bref conflit territorial – la guerre des sables de 1963 –, les jeunes générations ont conservé des opinions farouchement nationalistes. Les débats sur Internet, parfois dans un langage cru, révèlent un problème de communication. Le Maroc s’était emparé du vaste désert qu’il considère comme ses « provinces méridionales » en 1975 à la suite du retrait de la puissance coloniale espagnole. Le Front Polisario, bénéficiant du soutien militaire et financier de l’Algérie, avait pris les armes en 1976 pour reconquérir le territoire. Les Nations unies ont imposé un cessez-le-feu en 1991 et essaient depuis de trouver un accord politique satisfaisant pour toutes les parties en présence. Dernièrement, l’Algérie a rejeté des accusations de la presse marocaine selon lesquelles elle essaierait d’étendre son territoire pour obtenir un accès à l’océan Atlantique. Le ministre des Affaires étrangères Abdelaziz Belkhadem a souligné que l’Algérie n’avait aucunement l’intention d’entrer en guerre avec le Maroc. Mais l’antagonisme entre les deux pays dépasse le problème du Sahara occidental, estiment les analystes. Michael Willis, expert de l’Afrique du Nord et ancien professeur à l’université marocaine d’al-Akhawayn, juge que le blocage tient à la « nature des deux États ». L’Algérie moderne est issue en 1962 de sa rébellion contre la puissance coloniale française. Le Maroc, qui a cessé d’être un protectorat français en 1956 avec bien moins de traumatisme et de sang que l’Algérie, s’enorgueillit de sa monarchie vieille de plusieurs siècles. Analystes et diplomates notent que la puissante armée algérienne, qui a défini la vie politique du pays depuis l’indépendance, n’a toujours pas digéré sa défaite dans la guerre des sables. À l’époque, elle était sous-équipée. Au Maroc, les anciens chefs de l’indépendance reprochent aux dirigeants algériens leur ingratitude. Selon eux, les Algériens avaient reçu l’appui des Marocains dans leur lutte contre les Français, mais n’ont pas tenu compte par la suite de leurs accords territoriaux mutuels. Toutefois, le journaliste algérien Moustapha Hammouche argue que ses compatriotes ne sont pas tellement concernés par les revendications territoriales du Maroc. La plupart des Algériens se sentent très proches « sentimentalement et culturellement » des Marocains, souligne-t-il. Mais les deux peuples « se sont construit une image réciproque », constate Mohammed Benyahia, membre de la commission des Affaires étrangères du Parlement marocain. Hamed Slimani, retraité algérois de 62 ans, résume : « En Algérie, nous avons une expression qui décrit parfaitement les relations avec le Maroc : “Je ne t’aime pas, mais je ne peux pas vivre sans toi” .» Ilhem Rachidi (Reuters)
L’Algérie et le Maroc partagent la même langue, la même religion et la même culture. Mais les histoires politiques divergentes ont nourri méfiance et hostilité entre les deux voisins. La frontière terrestre entre les deux pays est fermée depuis dix ans. Trois décennies de conflit sur l’avenir du Sahara occidental les séparent. Les idées fausses sont légion des deux...