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Actualités - OPINION

CITOYEN GROGNON Service du drapeau : l’occasion ratée

Le ministre de la Défense, Abdel Rahim Mrad, a déjà annoncé la couleur : en guise de réforme du service du drapeau, six mois au lieu d’un an. Et point de service civil. Un service militaire traditionnel, donc, comme celui auquel doivent se plier les jeunes gens, à l’heure actuelle. Comme celui que tentent encore de fuir ces jeunes gens, toutes catégories socioculturelles confondues, et par n’importe quel moyen. Les arguments avancés ? L’éternelle rengaine de la cohésion nationale et la nécessité pour les jeunes de mieux connaître leur pays. Pas très convaincants, les arguments du ministre, alors qu’il est de notoriété publique que les conscrits servent de sous-fifres aux officiers supérieurs et sont utilisés pour des prunes, afin de compenser le manque de main-d’œuvre dans l’institution militaire. Alors qu’il est aussi notoire que le service militaire est un moyen efficace de garder l’œil sur la jeunesse des divers courants du pays. Six mois à jouer aux apprentis soldats, c’est encore bien trop long pour les jeunes Libanais qui s’en passeraient volontiers. Eux qui refusent de rater une année universitaire. Eux qui se démènent corps et âme pour rentrer au plus vite dans la vie active, se dénicher un boulot et soulager un tant soit peu des parents harassés par la crise. Eux qui n’en peuvent plus d’être contraints à s’exiler pour cinq ans, pour éviter d’avoir à servir, avant d’obtenir ce sauf-conduit tant espéré. Sauf-conduit sans lequel ils ne peuvent ni se déplacer, ni travailler, ni vivre librement. Ce qu’ils avaient pourtant espéré, c’est un service civil, durant les trois mois d’été. C’est la possibilité pour ces bacheliers et ces universitaires de mettre leurs compétences au service des autres, durant la période d’été. De contribuer à l’alphabétisation en milieu rural, de donner des conseils aux agriculteurs, de soigner les malades dans les hôpitaux publics ou à l’hôpital militaire, de sensibiliser les populations à l’environnement ou même au code de la route, mais aussi de s’impliquer dans les problèmes nationaux. Bref, de se rendre utile, en attendant de trouver un emploi. Et puis au terme de trois mois de service civil, pas le moindre risque d’oublier ce qu’ils ont appris à l’école ou à l’université. Pas le moindre risque d’être dépassés par les dispensés, plus chanceux ou les exilés volontaires, mieux nantis. Pas le moindre danger non plus de perdre une année entière, de se faire faucher l’emploi tant convoité par le voisin, fils unique. Trois mois de service civil leur permettraient tout aussi bien, sinon mieux, de prendre conscience du véritable sens de la cohésion nationale. Rencontrer les gens de toutes les régions du pays, connaître leur mode de vie, leurs problèmes, les aider à les résoudre, un véritable défi pour ces jeunes qui se feraient certes une joie de contribuer à l’essor de leur pays. Ils avaient espéré, au pire, avoir le choix entre service militaire et service civil. Mais le gouvernement ne semble pas l’entendre de cette oreille. Et en attendant d’être plus réceptif aux demandes des jeunes, c’est au pas qu’il entend les faire marcher. La réforme du service du drapeau est peut-être un premier pas. Mais un premier pas aussi maladroit que décevant. Une occasion ratée par un gouvernement en mal de crédibilité ! Anne-Marie EL-HAGE
Le ministre de la Défense, Abdel Rahim Mrad, a déjà annoncé la couleur : en guise de réforme du service du drapeau, six mois au lieu d’un an. Et point de service civil. Un service militaire traditionnel, donc, comme celui auquel doivent se plier les jeunes gens, à l’heure actuelle.
Comme celui que tentent encore de fuir ces jeunes gens, toutes catégories socioculturelles...