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MÉDIAS - Sur le plan technique, interdire la chaîne du Hezbollah, c’est interdire toutes les autres chaînes du bouquet sur Eutelsat Stupeur et consternation à al-Manar après la nouvelle plainte du CSA français

L’équipe d’al-Manar est encore sous le choc des informations parvenues de France. Alors que la chaîne s’apprêtait à modifier certains de ses programmes et à se doter d’une nouvelle ligne éditoriale, plus en harmonie avec l’esprit de la convention signée le 19 novembre avec le CSA français, elle a appris par voie de presse, avant d’en être informée officiellement, qu’elle faisait l’objet d’un sévère avertissement de la part du même CSA, qui avait aussi décidé de déposer une nouvelle plainte contre la chaîne devant le Conseil d’État, réclamant l’interdiction pure et simple de sa diffusion sur le territoire français. Au cœur de la nouvelle affaire, les propos d’un expert des questions israéliennes, appelé au téléphone et en direct par al-Manar, dans le cadre d’un programme quotidien al-Yaoumiya, qui décortique et commente la presse israélienne. Cet expert, Omar Saadé, avait ainsi déclaré le 23 novembre, en évoquant les échanges commerciaux entre les pays arabes et Israël, que jusqu’à présent, « le monde arabe avait surtout fait l’objet de tentatives de la part des sionistes de lui exporter des microbes et des maladies graves, dont le sida ». Du temps pour s’adapter aux nouveaux critères Selon le responsable des relations publiques au sein de la chaîne, hajj Ibrahim Farhat, le programme se déroulant en direct, il n’a pas été possible de couper les propos de l’expert. Le présentateur aurait certes pu dire à ce moment-là que ces propos ne reflètent pas nécessairement l’opinion d’al-Manar, mais il n’a pas eu cette présence d’esprit, la signature de la convention avec le CSA étant encore toute fraîche et le PDG de la chaîne, qui se trouvait encore à Paris, n’ayant pas eu le temps de réunir son équipe pour lui donner de nouvelles instructions. Mais, selon hajj Farhat, aucune chaîne ne peut prévoir les propos que tiendra un invité en direct et au téléphone. Sauf s’il s’agit d’un faux direct et d’une opération convenue. « Mais dans ce cas, dit-il, que deviendrait le respect de la diversité des opinions et de la libre expression ? » Autre programme mis en cause dans la nouvelle plainte du CSA, une émission consacrée aux martyrs du Hezbollah, Des hommes qui ont été jusqu’au bout de leurs convictions. Dans l’émission diffusée le 23 novembre, un martyr appelait à la destruction d’Israël, dans un testament filmé avant sa mort. Mais se rendant compte que de tels appels pouvaient faire l’objet d’une polémique, la direction de la chaîne avait coupé ce passage dans la rediffusion de l’émission, quelques heures plus tard. C’est dire que la chaîne était pleine de bonne volonté, selon hajj Ibrahim Farhat, mais qu’elle avait besoin d’un peu de temps pour s’adapter aux nouveaux critères de diffusion établis par la convention avec le CSA. faux prétextes « Pourtant, au cours de nos discussions avec le CSA avant la signature de la convention, nous avions constaté une grande compréhension mutuelle et nous n’avions pas l’impression qu’il existait un désaccord sur le fond, précise M. Farhat. Juste des questions de forme. En tout cas, pour nous, il ne s’agissait pas d’une manœuvre mais d’une volonté réelle de respecter les critères de la convention. » C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les responsables de la chaîne ont été si surpris, voire choqués, d’apprendre par voie de presse qu’ils devaient de nouveau affronter la justice française. En principe, l’audience du Conseil d’État consacrée à cette affaire est prévue pour la semaine prochaine. Il s’agira aux deux parties d’exposer leur point de vue et le juge fixera ensuite une date pour émettre son arrêt. Hajj Ibrahim Farhat a le sentiment que les autorités françaises souhaitent aller très vite. Ce qui n’est pas sans l’inquiéter. Selon lui et selon la plupart des personnes qui travaillent à al-Manar, les affaires invoquées pour remettre en question la convention signée le 19 novembre ne sont pas crédibles. « Il s’agit de simples prétextes, dus sans doute au fait que les pressions exercées sur les autorités françaises, à la suite de la signature de la convention, ont été probablement immenses. » Pour l’instant, les responsables de la chaîne ne souhaitent pas hausser le ton, se contentant de préparer un dossier solide à présenter devant le Conseil d’État. Ils comptent aussi sur l’appui de l’État libanais qui a chargé officiellement le ministre des Affaires étrangères, M. Mahmoud Hammoud, de suivre le dossier avec les autorités françaises. Enfin, ils n’excluent pas l’émergence d’un mouvement de solidarité de la part des médias arabes et des institutions de la communauté arabo-musulmane en France qui ne comprend pas les raisons qui poussent le CSA français à réclamer des sanctions contre al-Manar. Sur le plan technique, al-Manar est diffusée en France par le biais d’Eutelsat, dans le cadre d’un bouquet de dix chaînes dont la plupart sont des chaînes publiques arabes, comme la chaîne satellitaire de l’Arabie saoudite, du sultanat d’Oman, etc. Interdire la diffusion d’al-Manar signifierait l’interdiction de toutes ces chaînes et cela entraînerait de grosses pertes financières pour Eutelsat. Des signes de bonne volonté Mais au-delà de ces questions techniques et financières, la chaîne du Hezbollah a le sentiment de faire l’objet d’une grave injustice. Alors qu’elle avait multiplié les signes de bonne volonté depuis la signature de la convention, arrêtant par exemple les clips appelant à la résistance armée contre Israël, modifiant son website et préparant une nouvelle grille de programmes, tout en se proposant d’établir un nouveau code d’éthique professionnelle largement inspiré des points de la convention, elle a été arrêtée dans son élan et sanctionnée, comme si on ne voulait pas lui donner la moindre chance de faire ses preuves et de se transformer en tribune d’ouverture et de dialogue. Selon les responsables de la chaîne, celle-ci ne va pas pour autant modifier sa ligne de conduite, puisque c’est par conviction qu’elle a signé la convention, mais elle ne désespère pas de voir en définitive triompher la voix du dialogue et de la raison. Mais elle observe aussi de son côté les programmes de la TFJ (la chaîne française juive), pour voir si elle se conforme au code imposé par la convention. Car au-delà des questions médiatiques, il est clair pour al-Manar que le problème est essentiellement politique. Il est un des aspects d’un conflit qui dure depuis des années et qui se transpose maintenant au sein du paysage audiovisuel français. Mais les responsables de la chaîne l’affirment, la bataille sera menée jusqu’au bout. Scarlett HADDAD
L’équipe d’al-Manar est encore sous le choc des informations parvenues de France. Alors que la chaîne s’apprêtait à modifier certains de ses programmes et à se doter d’une nouvelle ligne éditoriale, plus en harmonie avec l’esprit de la convention signée le 19 novembre avec le CSA français, elle a appris par voie de presse, avant d’en être informée officiellement,...