Fléchettes Deux casquettes ? Une de trop

D’une manière générale, la règle du right man at the right place commande que l’on confie les ministères à des gens de profession. Un voyagiste au Tourisme, un médecin à la Santé, un ingénieur aux Travaux publics, etc. Mais il faut leur faire comprendre qu’ils endossent désormais un tout nouvel habit, pas celui d’habitude. En fait, l’habit tout court, le costume ultraofficiel. Où l’on doit s’engoncer dans un strict devoir de réserve. Il est bon qu’un ministre de la Justice soit au courant des dossiers. Mais peut-il s’impliquer au point de diriger en personne une enquête judiciaire ? Écoutons Addoum : il est intervenu pour prier sa remplaçante au parquet de saisir le juge d’instruction militaire de l’affaire de l’attentat contre Hamadé. Puis ce même magistrat, le ministre l’a convoqué. Avec le plus grand égard, sans doute, pour l’indépendance de la justice. Avant d’ordonner un recensement, et un interrogatoire des habitants du secteur où le crime a été perpétré. Enfin, le ministre-procureur (il garde en effet sa fonction) déclare que lorsque les assertions de la cible (Hamadé) seront vérifiées comme fausses, « nous (nous, qui c’est nous, la justice ou le ministère ?) ne tarderons pas à engager des poursuites. Le juge d’instruction militaire a décidé de convoquer l’ancien ministre Hamadé... » Pour justifier qu’il enfreint le secret de l’instruction, le ministre invoque la nécessité de contrer une campagne « politique ». C’est bien le terme qu’il a utilisé. On s’est toujours plaint de l’intrusion de la politique dans la justice. Aujourd’hui, on fait entrer la justice en politique. Dans un amalgame aussi étonnant que détonant. J.I.