Rechercher
Rechercher

Actualités

Portrait - Membre du CPL, il est président du bureau des étudiants de l’Esib Ralph Bou Nassif : La résistance pacifique, un choix de vie (photo)

Il est, depuis le 19 octobre dernier, président du bureau de la faculté d’ingénierie (Esib) au sein de l’amicale estudiantine de l’Université Saint-Joseph (USJ). Depuis, il ne cesse de s’activer sur le terrain pour faire aboutir les revendications, macropolitiques et micropolitiques, de beaucoup d’étudiants. À commencer par le rétablissement de la souveraineté et de l’indépendance du Liban jusqu’à, entre autres, la réforme du service militaire. Ralph Bou Nassif se caractérise par son franc-parler. Il n’hésite pas à exprimer, sans détours, ses convictions politiques. Membre du Courant patriotique libre (CPL-aouniste), il est persuadé, au terme d’une réflexion poussée sur le problème libanais, que rien, ou presque, ne peut être réalisé tant que le Liban n’a pas recouvré son droit à l’autodétermination, sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire et son indépendance. C’est dans ce cadre, d’ailleurs, qu’il conçoit son adhésion au CPL, envisagé beaucoup plus comme un mouvement de résistance que comme un courant politique partisan. D’autant, souligne-t-il, que le courant aouniste a adopté, depuis plusieurs années, un discours cohérent, un désintérêt des gains politiciens et une capacité à traduire sa ligne politique par des actions concrètes de résistance sur le terrain. Ralph Bou Nassif a fait ses études au Collège Notre-Dame de Jamhour et sa classe terminale à Champville. Il ne cache pas que certains de ses professeurs ont eu une certaine influence sur ses orientations culturelles et politiques. « À titre d’exemple, José Jamhoury, à l’époque professeur d’histoire, a réussi à nous transmettre certaines valeurs, notamment le sens de la citoyenneté et de l’engagement. C’est à l’école que j’ai d’abord appris à critiquer, remettre perpétuellement l’état de fait en question, à m’éloigner des préjugés », affirme-t-il. Mais c’est sur le campus de l’Esib qu’il décide de s’engager dans l’action estudiantine. S’il a choisi l’ingénierie pour son cursus universitaire, c’est parce qu’il déteste tout ce qui peut déboucher sur la stérilité, les horizons bouchés. Il s’agit également, dit-il, d’un moyen de stimuler son intellect, de faire travailler le mental d’une manière continue. Mais à côté de la formation académique, Ralph est interpellé par l’action politique. « J’ai rapidement senti qu’il est impossible de vivre sans liberté, que toute existence dénuée de liberté est une forme d’annihilation. J’ai constaté très tôt que le Liban échappait désormais aux Libanais, qu’il était en proie à une désertification à tous les niveaux, à une syrianisation politique, intellectuelle, économique, etc. J’aime le Liban, c’est mon pays, et je n’ai pas envie de le quitter, de voyager pour aller m’installer ailleurs. J’avais le choix entre vivre au Liban avec une mentalité d’émigré ou de réagir, d’essayer de changer quelque chose. C’est cette option que j’ai suivie », note-t-il. Sur le campus de Mar Roukoz, il développe, au fil des années, aux côtés d’autres responsables estudiantins comme Rabih Traboulsi (président de l’Esib 2001-2002), la conviction que toute forme de refus du fait accompli et de confrontation par les moyens pacifiques et démocratiques, les manifestations en particulier, est d’une importance capitale. D’autant qu’il s’agit d’un moyen de conscientiser les Libanais au plan interne et d’alerter la communauté internationale sur la situation anormale qui prévaut dans le pays. « Cela a sans doute eu un effet déterminant – avec la conjoncture internationale, bien entendu – sur la position actuelle des pays démocratiques, traduite concrètement par la résolution 1559 du Conseil de sécurité », dit-il. L’importance du changement Pour Ralph Bou Nassif, le mouvement estudiantin existe. Il en veut pour preuve les différentes actions organisées par les étudiants depuis plusieurs années ainsi que certaines dates, qui révèlent désormais l’existence d’une mémoire estudiantine: les 7 et 9 août 2001 le 14 mars 2001 ou, plus récemment, le 19 novembre 2004. « Cependant, ce mouvement nécessite plus de structuration. Et c’est l’objectif principal que nous nous sommes fixé cette année au sein du bureau des présidents de l’USJ. Pour structurer le mouvement estudiantin, le premier pas à faire, c’est le dialogue avec les bureaux élus des différentes universités. L’idéal étant d’aboutir à une fédération des étudiants libanais, sans pour autant tomber dans les concessions, les lieux communs, et une stérilité dangereuse au niveau des idées et de l’action estudiantine. Le mieux serait que chacun puisse préserver ses spécificités, mais qu’il y ait formation d’un tronc commun de revendications fondamentales sur lesquelles il est impossible de faire des compromis: la souveraineté du Liban, l’intégrité de son territoire, l’indépendance et la fin des ingérences sécuritaires à tous les niveaux », affirme-t-il. « Dans ce cadre, la fédération des présidents de l’amicale estudiantine de l’USJ a pour mission de déterminer une stratégie à court, moyen et long terme pour déboucher sur des résultats concrets », précise-t-il. Ralph Bou Nassif est persuadé que l’action résistante ne se limite pas à un créneau spécifique, qu’elle n’est pas limitée à un seul mode d’expression, comme les manifestations. Il croit dans les principes de la résistance culturelle et civique, et pense que chacun peut participer à cette résistance à son échelle, selon ses convenances (écologie, urbanisme, social, écriture...). « Modernité et servitude ne font pas bon ménage. À partir du moment où nous militons pour créer un État moderne, fondé sur le droit et les libertés publiques, nous sommes de facto en train de confronter la mainmise syrienne qui pèse sur le pays. Dans ce cadre, chacun est appelé à participer à cet énorme chantier pour la libération du Liban, envisagée dans son contexte le plus large », souligne-t-il. Partant, Ralph s’oppose aux idées préconçues, traditionnelles, surgies du passé, héritées de la guerre, reproduites à l’infini au niveau des jeunes, alors que ces derniers se doivent d’être des vecteurs de changement. « Pour moi, le CPL est loin d’être un courant traditionnel. C’est un mouvement de changement, qui vise à s’affranchir des schèmes traditionnels, du féodalisme, du clientélisme, du clanisme, de l’affairisme. Il est résolument tourné vers l’avenir », conclut-il. M. H. G.
Il est, depuis le 19 octobre dernier, président du bureau de la faculté d’ingénierie (Esib) au sein de l’amicale estudiantine de l’Université Saint-Joseph (USJ). Depuis, il ne cesse de s’activer sur le terrain pour faire aboutir les revendications, macropolitiques et micropolitiques, de beaucoup d’étudiants. À commencer par le rétablissement de la souveraineté et de...