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Actualités - REPORTAGE

TOURISME - Développer de nouveaux marchés et devenir une destination alléchante, le nouveau défi du Liban Déjà plus de 1 200 000 touristes, mais des entrées plutôt décevantes durant le Fitr (Photos)

Cette année, touristes arabes et occidentaux se sont croisés sur les sites archéologiques, les plages, les musées, les villages et les routes. Il se sont aussi côtoyés dans les restaurants, les cafés trottoirs, les parcs aquatiques, les cinémas et les boutiques. Et pourtant, à chacun sa vision du tourisme. À chacun ses habitudes, ses horaires et sa conception des vacances et des loisirs. Les premiers, habitués du Liban, ont été attirés par ses montagnes, la douceur de son climat, mais aussi par un mode de vie plus libre et plus permissif. Les seconds, attirés par le soleil, la mer et les sites archéologiques, ont découvert, souvent pour la première fois, un pays qu’ils ont longtemps associé à la guerre et l’insécurité. Soucieux de satisfaire les uns comme les autres, les Libanais se sont mis en quatre pour contribuer à la réussite des vacances de leurs hôtes, quitte à s’adapter, l’espace d’une saison ou d’une fête religieuse, à des modes de vie différents, à des habitudes qui leur sont totalement étrangères. Les commerces, restaurants et cafés-trottoirs du centre-ville de Beyrouth et des stations estivales de Aley, Bhamdoun et Broummana, mais aussi ceux des grandes surfaces d’Achrafieh ou de Verdun, ont pris l’habitude d’ouvrir leurs portes jusqu’à des heures avancées de la nuit, lorsque les lieux sont branchés, pour répondre aux attentes d’une clientèle arabe noctambule. Les plages et nombre de parcs aquatiques, non seulement des zones à majorité musulmane, mais aussi des quartiers exclusivement chrétiens, n’ont pas hésité à permettre aux femmes arabes de se baigner tout habillées dans la mer ou dans les piscines, au risque de choquer la jeunesse locale, peu habituée à ces pratiques. Fin octobre dernier, 1230937 touristes avaient déjà foulé le sol libanais, dépassant le chiffre global de l’année 2003, qui s’était élevé à 1150000 touristes. Les ressortissants du Golfe, fidèles et en augmentation constante, sont venus largement en tête en 2004, avec 490197 entrées, suivis des Européens, dont le nombre a sensiblement augmenté, avec 292681 entrées. Quant aux touristes d’Asie et d’Amérique, leur nombre s’est respectivement élevé à 147786 et 133607 visiteurs. Les fêtes du Fitr et de fin d’année aidant, le chiffre record de 1 400000 touristes, réalisé avant la guerre, en 1973, pourrait même être dépassé, malgré un mois d’octobre moins bon que prévu. Face à ces chiffres prometteurs qui continuent de progresser régulièrement, le Liban doit désormais faire face à un double défi. Sa priorité est d’attirer un nombre encore plus important de touristes : non seulement en fidélisant la clientèle du Golfe, mais aussi en attirant une clientèle plus large et développant de nouveaux marchés arabes, (d’Égypte, de Jordanie, de Syrie, du Maghreb), d’Occident, d’Europe de l’Est ou même d’Extrême-Orient. Mais pour cela, le Liban doit devenir une destination concurrentielle alléchante. Cette initiative, si elle réussit, contribuerait au développement du tourisme interne et ferait profiter le pays dans son ensemble, ainsi que la totalité des secteurs, des revenus du tourisme : ce second défi auquel l’État aura à faire face est vital, car de lui dépend l’essor non seulement des régions touristiques, mais aussi des régions rurales du pays. Deux défis majeurs pour le Liban réputé pour être une destination chère et sélective, et encore absent des circuits touristiques internationaux. En effet, si le pays dans sa totalité se met à l’heure des touristes arabes du Golfe, multipliant d’une part les hôtels, bars et restaurants et d’autre part les boutiques et centres d’achats luxueux dont cette clientèle est friande, il ne semble s’intéresser que de très loin aux desiderata des touristes occidentaux, aux revenus nettement plus limités et qui recherchent des logements et des loisirs à leur portée, autrement dit des plages de sable publiques propres, des sites archéologiques bien entretenus, un environnement préservé et des structures d’accueil aussi confortables qu’abordables. Le ministère du Tourisme s’avoue conscient de ce problème majeur et s’est fixé comme objectif, pour l’année prochaine, d’élargir la cible qu’il entend viser dans ses campagnes d’information et de familiarisation, mais aussi de développer l’infrastructure du pays de manière à attirer et à satisfaire aussi le touriste de classe moyenne. Mais encore faudrait-il que l’État prenne conscience du rôle du tourisme dans le développement du pays et traite ce secteur comme une véritable industrie. Des sondages d’opinion pour connaître les besoins et les observations des vacanciers Cet été, un millier de visiteurs ont dépensé 8 millions de dollars Un budget restreint. Des problèmes à la pelle. Mais un bilan positif qui va en s’améliorant. Car les touristes reviennent, non seulement les Arabes, mais aussi les Européens. La directrice générale du ministère du Tourisme, Nada Sardouk, dresse un bilan de l’année 2004, étude à l’appui, et prépare déjà l’année 2005 qu’elle espère encore meilleure. Multiplier les voyages de familiarisation des journalistes et tour-opérateurs étrangers vers le Liban, mais aussi bien connaître les besoins et les goûts des touristes sont des étapes essentielles dans le développement de cette industrie au Liban. À la condition que l’infrastructure suive, notamment l’aménagement de plages publiques, très prisées des Européens. Durant l’été 2004, huit millions de dollars ont été dépensés par un millier de touristes au Liban. Chaque touriste aurait donc dépensé 8 000 dollars en moyenne. Ce chiffre a été obtenu à partir d’un sondage d’opinion réalisé par le ministère du Tourisme, avec l’aide d’experts de l’Organisation mondiale du tourisme et en collaboration avec les étudiants de la faculté de tourisme de l’Université libanaise. Un sondage effectué sur 959 personnes (dont 181 Saoudiens, 107 Koweïtiens, 136 Français et 36 Allemands), qui se penche, et pour la première fois, sur le comportement des vacanciers au Liban, leurs dépenses, leurs modes de logement, leurs activités, la durée de leur séjour, mais aussi leurs appréciations sur la qualité des prestations offertes par le pays. Des chiffres que L’Orient-Le Jour publie en exclusivité, commentés par la directrice générale du ministère du Tourisme, Nada Sardouk. Des prix montrés du doigt Ils viennent en tête, non seulement par leur nombre, mais aussi par les dépenses qu’ils engagent dans le pays durant leur séjour : Saoudiens et Koweïtiens, représentant respectivement 13,5 et 10,5 % des touristes, et dépensent en moyenne 12 610 et 13 653 dollars par personne au Liban. Au total, 181 Saoudiens ont ainsi déboursé 2 282 454 dollars durant leur présence au Liban, alors que 107 Koweïtiens ont dépensé 1 460 887 dollars. Au hit-parade de ces dépenses, les investissements immobiliers et divers services touristiques (685 100 dollars pour les Saoudiens et 788 350 pour les Koweïtiens). Le shopping vient en seconde position (481 500 dollars pour les Saoudiens et 195 000 dollars pour les Koweïtiens), devançant largement les secteurs des loisirs, de la restauration, de l’hôtellerie et de la location de voitures. « Ces chiffres, explique Mme Sardouk, prouvent que la majorité des Saoudiens et Koweïtiens achète des logements au Liban et s’y installe durant ses multiples séjours. » Utilisant généralement l’avion comme moyen de transport, ils transportent aussi leurs voitures avec eux, évitant ainsi d’avoir à louer une voiture sur place, à se soucier du problème des transports publics ou à se déplacer en taxi. Leurs principales occupations durant leurs vacances sont le shopping, la visite de sites touristiques et les restaurants. Les Français ne sont pas en reste, mais leurs dépenses sont nettement inférieures à celles des touristes du Golfe : ainsi, 136 touristes français ont dépensé 683 299 dollars durant leur séjour au Liban, soit une moyenne de 5 000 dollars par personne. Le shopping est leur dépense principale, vu le taux de change qui leur est très favorable, mais contrairement aux touristes arabes, « ils n’investissent pas dans l’immobilier, mais logent dans des hôtels et goûtent aux spécialités culinaires dans les restaurants locaux », commente Nada Sardouk. Le reste de leurs dépenses est axé sur les transports publics, la location de voitures ainsi que les loisirs. Quant aux activités des touristes, cette étude a permis de démontrer qu’elles ont été centrées, dans leur ensemble, sur le shopping (60 % de l’échantillon), la visite de sites (59 %) et les plages (53 %). Les visites aux parents et amis, ainsi que les visites de musées sont citées par respectivement 38 % et 33 % de l’échantillon. Mais quel est le degré de satisfaction des touristes au Liban, concernant notamment les hôtels, les restaurants et les transports ? De manière générale, si les hôtels et les restaurants sont bien cotés au niveau de la propreté, de la sécurité et du confort, obtenant la mention « bon » et « excellent », la majorité des touristes estime que les prix pratiqués dans ces secteurs sont élevés ou que le rapport qualité prix n’est pas assez bon. Quant aux transports, s’ils sont en moyenne estimés « bons » par les vacanciers, ils sont jugés « moyens » par un grand nombre d’entre eux. « Nous en savons à présent davantage sur les touristes qui visitent le Liban, précise Mme Sardouk, notamment sur leurs dépenses, leurs besoins, leurs loisirs favoris ainsi que leur degré de satisfaction. Des informations précieuses qui permettent de déceler les failles, mais surtout de mieux répondre à ces besoins. » Et d’ajouter que les sondages d’opinion seront désormais pratiqués de manière régulière, et notamment cet hiver, auprès des touristes européens. Déçus par les plages Quant aux préparatifs pour l’année 2005, ils vont bon train. L’augmentation du nombre d’entrées au Liban étant tributaire de l’amélioration de l’image du pays à l’étranger, le ministère du Tourisme multiplie les voyages de familiarisation. Il invite des journalistes et des tour-opérateurs étrangers à la découverte du pays, durant quelques jours, prenant tous les frais à sa charge. « Nous nous concentrons actuellement sur l’Europe, et notamment sur la Suède, le Danemark, la Norvège, la France, l’Italie et l’Espagne, explique Mme Sardouk. Nous avons aussi entamé des négociations avec la Turquie et la Grèce, deux pays qui reçoivent de nombreux touristes libanais, mais où l’image du Liban est quasi inexistante. » Le prochain objectif du ministère du Tourisme est d’attirer les touristes de Russie. Une négociation avec une importante agence russe de tourisme a d’ailleurs été entamée dans ce sens. Soucieux de redorer son image, le Liban participe désormais aux grands événements touristiques internationaux, même si sa présence est encore timide. « Nous participons à des séminaires, des congrès et des Salons, tout en faisant de sorte à signer des contrats au terme d’un voyage de familiarisation ou d’un séminaire », précise la directrice, ajoutant que le Liban est actuellement représenté à la foire de Barcelone, qui se déroulera du 1er au 3 décembre. La promotion du Liban inclut par ailleurs la mise en circulation de nouvelles brochures concernant les sites archéologiques, l’édition de beaux livres sur le Liban ainsi que le développement d’un système de réservations sur Internet. « Le ministère du Tourisme a d’ailleurs obtenu un don de 70 000 euros pour mettre en place ce système », indique Mme Sardouk. Mais le Liban est une destination qu’il n’est pas facile de vendre. « En effet, déplore-t-elle, les Grecs et les Russes que nous avons invités à un voyage de familiarisation ont été déçus par l’état déplorable des plages du pays. Des plages qu’ils ont jugées mal entretenues et polluées, alors que dans certains endroits, les mentalités ne permettent pas à la femme de s’exposer en maillot de bain. Quant aux plages publiques, elles sont inexistantes. » Et la directrice générale d’insister sur la nécessité de mener une étude du littoral pour l’aménagement des plages publiques. Cette étude est actuellement en cours de la part du ministère des Transports, qui a aménagé cet été deux plages publiques dans une première étape. « Si nous voulons gagner les touristes européens, nous devons à tout prix aménager les plages, insiste-t-elle. De même, nous devons protéger notre environnement et procéder à la reforestation. » Car si le bilan touristique de l’année 2004 est bon, ce n’est qu’au prix d’efforts considérables, de sacrifices même, que le Liban pourra prétendre devenir une destination touritique internationale de choix, prisée à la fois par les Arabes et les Occidentaux. Deux plages publiques à Ramlet el-Baïda et Tripoli «Près de 14 emplacements situés le long de la côte libanaise pourraient être aménagés en plages publiques.» Ces propos, prononcés par le directeur général du ministère des Transports, Abdel Hafiz Kayssi, démontrent une réelle volonté de la part du gouvernement d’aménager des plages publiques à l’intention de la population locale, mais aussi des touristes étrangers. «Un projet pilote a d’ailleurs été inauguré à Ramlet el-Baïda en 2003», note M. Kayssi à ce propos. Projet qu’il a qualifié de réussite totale, car il a accueilli avec succès baigneurs locaux et touristes étrangers des deux sexes. En effet, explique-t-il, «une plage de sable publique a été entièrement aménagée à Ramlet el-Baïda et ouvre ses portes chaque année de fin juin à fin septembre». Nettoyée dans un premier temps, elle a été équipée de douches à l’air libre, de WC installées dans des cabines préfabriquées, de tours de contrôle, d’allées piétonnes en bois, de parasols, des premiers secours, alors que des bouées formant une ceinture de sécurité ont été placées dans la mer pour protéger les enfants et les nageurs débutants. De plus, des maîtres nageurs et des surveillants de plage sont présents en permanence pour assurer la sécurité des baigneurs. «Cette plage est entièrement gratuite», précise M. Kayssi. Par ailleurs, une plage de sable publique a été inaugurée à Tripoli durant l’été 2004. «Cette initiative a elle aussi remporté un franc succès, même si les femmes optent pour les shorts et les pantalons plutôt que de se mettre en maillot de bain, dans cette partie du pays», observe Abdel Hafiz Kayssi. Vu le succès de ces deux projets, le ministère des Transports envisage d’aménager davantage de plages publiques en 2005, notamment dans le Mont-Liban et au sud du pays, indique le directeur général. «Le nombre de plages qui seront aménagées l’été prochain dépendra des budgets disponibles», précise-t-il. Aménager des plages publiques est une des priorités du ministère des Transports. En attendant de trouver des solutions au problème des égouts qui se déversent dans la mer, les emplacements sont sélectionnés de manière à être le plus loin possible des sorties d’égout. Pour les hôteliers et les restaurateurs, un travail énorme reste à accomplir Beyrouth reste favorite, mais les régions souffrent encore L’année 2004 a été bonne dans son ensemble aussi bien pour le secteur de la restauration que celui de l’hôtellerie. Cependant, seules certaines régions du pays ont véritablement bénéficié de la manne touristique, à savoir Beyrouth, Aley et Bhamdoun. Alors que des lieux de villégiature, comme Broummana, sont en perte de vitesse et que Jounieh tente de se maintenir tant bien que mal, de nouvelles régions comme Batroun émergent et se distinguent par une vie de nuit qui attire aussi bien la jeunesse locale que les touristes. MM. Paul Ariss et Pierre Achkar, respectivement président du syndicat des restaurateurs et président du syndicat des hôteliers, dressent un état des lieux, tout en espérant que les choses s’amélioreront dans tout le pays. «L’année a été relativement bonne car le nombre d’entrées au Liban a augmenté», estime Paul Ariss. «Cependant, les seules régions qui travaillent vraiment sont celles fréquentées par les touristes», observe-t-il, précisant que Aley et Bhamdoun ont connu un véritable boom, de même que le centre-ville de Beyrouth et Achrafieh. Mais parallèlement, d’autres stations de villégiature comme Broummana attirent moins de touristes, et «la montagne dans son ensemble vit un véritable drame à cause de la cherté du prix de l’essence et de l’état des routes», déplore M. Ariss. « Si Jounieh se maintient, ce n’est déjà plus l’âge d’or », regrette-t-il. «Paradoxalement, la ville de Batroun se maintient très bien et attire autant la jeunesse locale que les touristes étrangers», note-t-il, précisant que ses restaurants, pubs et boîtes de nuit offrent un excellent rapport qualité prix. Le problème réside, d’après le président du syndicat des restaurateurs, dans le fait que le tourisme intérieur est encore très limité: «Les touristes se suffisent de la plage en été, et des restaurants bon marché en hiver», constate-t-il. Quant aux familles libanaises, elles ont perdu le pli d’aller passer l’été à la montagne, comme elles le faisaient dans le temps. «Par ailleurs, le Liban n’est pas encore présent sur les cartes touristiques étrangères alors que de nombreux touristes, notamment les Irakiens ou les femmes russes de moins de 40 ans, peinent à obtenir un visa d’entrée. De plus, la taxe d’entrée est jugée trop chère au gré des vacanciers de Syrie ou d’Égypte», estime-t-il. «Il y a encore trop de freins», déplore Paul Ariss, évoquant la cherté des prix de cette destination, mais aussi les lois touristiques, encore trop désuètes, et le manque de main-d’œuvre qualifiée dans les différents secteurs. «Il est grand temps pour le gouvernement de considérer le tourisme comme une industrie, et de réduire les charges et les taxes de ce secteur», conclut-il. Car ce n’est qu’au prix d’une baisse des prix que le Liban deviendra une destination concurrentielle. De son côté, le secteur hôtelier affiche un bilan positif de manière générale. «Mais certaines régions n’ont travaillé que durant les 4 mois de la saison touristique, estime Pierre Achkar. Quant aux 8 mois restants, ils sont généralement désastreux dans certaines régions, notamment celles de la montagne.» Et de constater que seuls les hôtels de Beyrouth travaillent toute l’année, bénéficiant du boom économique résultant du développement du tourisme médical ou de celui des affaires, de l’organisation de conférences et de foires. «En fait, Beyrouth est l’attraction principale des touristes, alors que les autres régions sont délaissées», déplore-t-il. «Ce n’est donc qu’à partir du moment où le Liban sera sur la carte touristique internationale que toutes les régions libanaises tireront bénéfice du tourisme», indique le président du syndicat des hôteliers, ajoutant que le gouvernement, malgré ses efforts, ne connaît pas la manière d’y arriver. Et d’ajouter que le touriste européen et notamment les personnes du troisième âge recherchant des environnements paisibles seraient susceptibles de contribuer à l’essor des villes et villages du pays. «Certes, un énorme travail a déjà été entrepris, mais il reste tellement à faire, estime-t-il, notamment au niveau des lois, des tarifs, de l’organisation d’événements ou de la compétence de la main-d’œuvre.» «Dans l’ensemble, les chiffres sont bons, constate Pierre Achkar. Mais la concurrence de pays arabes comme l’Égypte et Dubaï est rude.» Améliorer encore les chiffres afin que le pays, dans sa totalité, vive des revenus du tourisme en redorant son image à l’étranger: le défi est de taille. «Mais encore faudrait-il, pour cela, que le Liban devienne un havre de paix et de stabilité», conclut M. Achkar, ajoutant qu’à chaque manifestation, le secteur est sur ses nerfs, redoutant des dérives et une mauvaise publicité pour le pays. Bilan d’un séjour agréable malgré quelques déceptions Ils sont français. Valérie et Francis ont passé trois semaines au Liban durant le mois d’août. De leur second voyage au pays, dont est originaire Francis, ils gardent plein de bons souvenirs, ainsi que des attaches affectives et familiales. Mais le couple n’a pu s’empêcher d’éprouver une certaine déception, de se poser une multitude de questions: Pourquoi les plages publiques sont-elles si sales et si mal entretenues ? Pourquoi les Libanais sont-ils si peu soigneux de leur environnement et de leur patrimoine ? Pourquoi, n’ont-ils aucun sens civique ? Pourquoi le code de la route n’est-il pas respecté ? Pourquoi, sur les routes, c’est la loi du plus fort qui règne ? Pourquoi les constructions anarchiques défigurant le paysage ont-elles proliféré et continuent d’être autorisées ? Et pourtant, le Liban a tout pour plaire, estiment-ils. « Des paysages variés et grandioses; une côte découpée qui se jette dans la mer vert émeraude, adossée à la montagne avec ses cimes enneigées, ses vallées saintes, ses grottes naturelles, ses maisons traditionnelles aux tuiles rouges, une plaine fertile tout en couleurs, mais aussi un passé glorieux qui a laissé ses traces dans les sites de Baalbeck, Tyr, Byblos, Beiteddine, etc. Autant de beauté et de grandeur dans un si petit pays.» Pas de doute, malgré les aspects décevants qu’ils n’ont pas manqué de relever, Francis et Valérie ont été fascinés par ce pays «si chaleureux» aux multiples facettes. Comme ils ont été fascinés par les Libanais qu’ils ont trouvés hospitaliers, gentils, généreux et solidaires. «Nous ne nous sommes jamais perdus au Liban; où que nous soyons, il y aura toujours quelqu’un pour nous aider, nous offrir un café et le couvert, racontent-ils. Et puis, la nourriture est si délicieuse et tellement abordable.» Ce qu’ils n’ont pas trouvé abordable, par contre, ce sont les billets d’avion qu’ils ont payés 1800 euros (pour deux personnes), en classe économique, sur la MEA; billets qu’ils avaient pourtant achetés en février pour tenter de bénéficer de prix préférentiels. De même, et dans l’impossibilité de se baigner dans une plage publique, vu la saleté des lieux ainsi que la différence de mentalités, ils se sont rendus dans des plages de sable privées. Mais ils n’ont pas eu recours aux excursions et tours organisés et ont choisi un hôtel aussi abordable que convenable, qui ne leur a coûté que 715 dollars pour l’ensemble de leur séjour. Bilan de leur périple: 4000 dollars sans compter les cadeaux achetés. «Le paradis sur terre existe, il nous faut le protéger.» Ces mots résument le séjour de Francis et Valérie au Liban. Un séjour qu’ils voudraient bien renouveler en compagnie de leurs enfants. «Mais c’est un voyage qui n’est pas à la portée de tous», disent-ils, regrettant qu’ils ne puissent se permettre de le faire chaque année. Anne-Marie el-Hage
Cette année, touristes arabes et occidentaux se sont croisés sur les sites archéologiques, les plages, les musées, les villages et les routes. Il se sont aussi côtoyés dans les restaurants, les cafés trottoirs, les parcs aquatiques, les cinémas et les boutiques. Et pourtant, à chacun sa vision du tourisme. À chacun ses habitudes, ses horaires et sa conception des vacances et...