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CITOYEN GROGNON Première pluie...

C’est systématique. Chaque année, la première pluie transforme les quartiers en mares, les bouches d’égout en torrents, et les routes en indescriptibles labyrinthes aussi bruyants qu’embouteillés, où il ne fait pas vraiment bon s’aventurer. La première pluie, pas question pour les élèves, les médecins ou les hommes d’affaires d’arriver à l’heure, même si juste quelques kilomètres les séparent de leurs écoles, de leurs cabinets ou de leurs lieux de travail. Bloqués les camions, bus et voitures par les flots qui ne cessent de gonfler. Excédés les automobilistes qui tentent vainement de se frayer un passage. Trempés jusqu’aux os les piétons mal équipés mais récalcitrants qui, tout heureux d’avoir réussi à se faufiler entre deux mares d’eau, se font néanmoins généreusement éclabousser par les automobilistes excédés. Devant des flics totalement dépassés, gesticulant vainement et qui finissent par aller s’abriter sous les auvents, en attendant le retour du beau temps. La première pluie, les citoyens l’espéraient pourtant avec impatience, las de la chaleur moite d’un été qui n’en finissait pas de se prolonger, las de voir leurs plantations flétrir par manque d’eau. Ce qu’ils ne voulaient pas, par contre, c’est de voir leurs commerces, leurs habitations, leurs terrains agricoles envahis par les eaux. Mais surtout de voir le fruit de toute une vie de labeur saccagé en moins de rien. Des eaux qui s’infiltrent dans les coins et les recoins, refoulées des rigoles et des bouches d’égout saturées. Des eaux qui dévalent de partout, en trombes, en torrents même, se frayant un passage à travers les routes, les terres et les habitations parce qu’on avait omis d’en libérer le cours. Parce qu’on l’avait parfois obstrué avec des déchets dont on ne savait que faire. Comme chaque année à la même période. Les autorités s’empresseront, dès le lendemain, de se justifier, de jurer qu’elles ont fait leur devoir, qu’elles ont déblayé les rigoles et nettoyé les bouches d’égout... sans pour autant lever le petit doigt pour soulager les misères des sinistrés ou pour prévenir de nouvelles inondations. Mais ces explications, le citoyen n’en a que faire. À défaut de pouvoir se payer le luxe de rester chez lui, il continuera, stoïquement d’arriver en retard à son travail, non seulement à la première pluie, mais tous les jours de pluie. Anne-Marie EL-HAGE
C’est systématique. Chaque année, la première pluie transforme les quartiers en mares, les bouches d’égout en torrents, et les routes en indescriptibles labyrinthes aussi bruyants qu’embouteillés, où il ne fait pas vraiment bon s’aventurer.
La première pluie, pas question pour les élèves, les médecins ou les hommes d’affaires d’arriver à l’heure, même si...