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ÉCLaIRAGE Le social ne peut être dissocié du politique... ni le mazout de la justice

Le gouvernement a décidé de réduire les tarifs du mazout. Excellente initiative. Mais attention, il ne devrait pas croire que cette décision et d’autres mesures sociales qu’il pourrait prendre doivent lui valoir l’éternelle reconnaissance de la population. Il doit résister à la tentation de croire qu’en échange de ce bien-être, la population devrait faire allégeance au régime. L’allégeance d’un peuple ne s’achète pas. En un mot, le social ne peut être dissocié du politique. Le chef du gouvernement s’apprête à effectuer une tournée arabe, à la recherche de fuel bon marché. Il n’y a plus moyen de tirer une seule piastre des Libanais, soumis à une pression fiscale sans précédent, a-t-il admis, tout en décrivant dans les mêmes termes l’état des finances publiques. Il entamera sa tournée par Damas, où le président syrien pourrait annoncer un geste en direction des Libanais. Là aussi, attention. On ne soudoie pas ainsi un peuple en dernière extrémité. Ce serait, d’une part, immoral. Ce serait, d’autre part, en vain. On n’échange pas la dignité contre le bien-être, ou alors, pour un temps. Il se pourrait, en effet, qu’un peuple épuisé soit tenté de prendre ce qu’on lui offre, mais on ne lui ôtera pas pour longtemps sa soif de dignité. Une fois qu’il aura paré au plus pressé et se sera assuré une vie décente – le chauffage, le pain –, le peuple voudra de nouveau sa dignité, sa souveraineté, son empire, non seulement au niveau de ses rapports extérieurs, mais aussi dans le choix de ses propres dirigeants. Une question de cohérence C’est une question de cohérence. Pour porter ses fruits de stabilité et de paix civile, le social doit pouvoir trouver ses prolongements dans le politique. Pour réconcilier les Libanais avec leurs dirigeants, les libertés sont essentielles, à commencer par la liberté d’expression. Encore plus indispensable est la justice. Les étudiants ont pu défiler en paix, hier. Mais ça ne leur fera pas oublier pour autant les rafles d’août 2001 et la fermeture de la MTV. L’opprobre de l’injustice ne sera jamais effacée avec un peu d’électricité par-ci, un peu de pain par-là. Les Libanais jouissent d’un degré de conscience politique quand même plus élevé ! Le retard que prennent à être exécutés les accords passés entre le Liban et la Syrie, dont le secrétaire général du Conseil supérieur libano-syrien Nasri Khoury fait régulièrement mention, est une autre illustration de cette interdépendance entre le social et le politique. Pour souhaitables qu’elles soient, sur le plan théorique, la complémentarité économique entre le Liban et la Syrie ainsi que la coopération dans tous les domaines, si elles se font dans la dépendance politique, ne feront qu’ajouter dépendance sur dépendance. L’exemple tout récent des producteurs d’huile d’olive, auxquels font concurrence les producteurs syriens, après l’entrée en vigueur de l’accord de libre importation de cette catégorie de produits entre les deux pays, est une nouvelle preuve de ce déséquilibre. Le Liban veut bien être l’agent commercial de la Syrie, ou son banquier, ou son poumon. Pas son esclave. Fady NOUN
Le gouvernement a décidé de réduire les tarifs du mazout. Excellente initiative. Mais attention, il ne devrait pas croire que cette décision et d’autres mesures sociales qu’il pourrait prendre doivent lui valoir l’éternelle reconnaissance de la population. Il doit résister à la tentation de croire qu’en échange de ce bien-être, la population devrait faire allégeance...