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Congrès - Séminaire des parlementaires arabes et rapport accablant de l’Association pour la transparence Le Liban nettement plus corrompu que l’année dernière

En un an, le Liban a reculé de 18 places sur l’échelle des pays les plus corrompus dans le monde. Du 78e rang où il était classé l’année dernière, le pays du Cèdre est passé au 97e rang cette année, une évaluation qui ne semble guère surprenante au regard des multiples scandales qui se sont succédé ces derniers temps. C’est ce qui ressort d’une étude effectuée par l’Association libanaise pour la transparence (ALT), qui a lancé hier son séminaire annuel intitulé : « Les parlementaires contre la corruption ». Organisé par l’ALT en collaboration avec Transparency International, l’Organisation internationale des parlementaires pour la lutte contre la corruption (Gopac-Global Organization of Parliamentarians against Corruption), le Pnud et l’ambassade de Grande-Bretagne, le séminaire qui s’étendra sur trois jours consécutifs porte sur les moyens d’améliorer la transparence et d’inciter les responsables et les citoyens dans le monde arabe à répondre de leurs actes. C’est par une anecdote très significative que le vice-président de Gopac, Nasser el-Saneh, a présenté le problème de la corruption dans le monde arabe. Un jour, a-t-il dit, un dirigeant d’un pays de l’Europe de l’Est a tenté de justifier sa fortune devant ses visiteurs en montrant, du toit de son immense villa, un pont reliant deux réseaux routiers. « C’est avec la commission obtenue pour la construction de ce pont que j’ai pu faire fortune », dit-il. Même scénario chez un dirigeant arabe cette fois-ci, qui, de la fenêtre de son château, montre à ses amis un terrain vague, complètement désert. « C’est là que le pont aurait dû être, dit-il, sauf que j’ai gardé l’argent dédié à sa construction. » Premiers concernés par le thème de la corruption, les parlementaires du monde arabe sont venus nombreux pour prendre part au débat, qui a notamment porté sur les outils à mettre en œuvre au plan législatif notamment et les moyens de sensibiliser les députés à ce mal du siècle. C’est pour atteindre cet objectif notamment que l’Organisation internationale des parlementaires pour la lutte contre la corruption est née. Établie par et pour les parlementaires du monde, cette ONG vise principalement à « éduquer » les membres des Parlements, qui « souvent ignorent tout de leur rôle de députés », explique le président de Gopac et membre du Parlement canadien, John Williams. « L’ingénieur effectue des études de génie avant de décrocher son titre, à l’instar du médecin, de l’enseignant et des autres experts qui se spécialisent, chacun dans son domaine respectif. Quant au député, son seul et unique souci est de se faire élire », dit-il. Selon lui, le rôle du représentant du peuple est certes de légiférer et de voter le budget. Mais il a surtout la responsabilité de contrôler l’action du gouvernement qui lui est redevable. Si ce dernier échoue dans sa gestion quotidienne des affaires publiques et dans la résolution des problèmes auxquels font face les citoyens, cela signifie que le Parlement n’assume pas ses responsabilités, précise le député. D’où l’intérêt que porte l’organisation qu’il préside aux outils à mettre entre les mains des parlementaires afin de les amener à exercer efficacement leur rôle. Opérant par objectifs déterminés, Gopac vise à impliquer activement tous les parlementaires, selon le principe que ces derniers « sont à l’origine du problème et doivent par conséquent être acteurs dans la recherche des solutions ». Le responsable canadien avance d’ailleurs un argument incontournable pour faire passer son message auprès des décideurs, à savoir que « la prospérité ne peut venir que par l’intégrité », une équation que le gouvernement de Hong Kong semble avoir vite comprise pour avoir réussi à mener une bataille efficace contre la corruption. Parmi les outils à mettre en place dans le cadre de cette lutte, il y a les conventions déjà établies et les législations spécialisées. Pour Charles Adwane, directeur exécutif de l’ALT, le message essentiel de l’association est le suivant : le parlementaire, au Liban en tous les cas, « doit apprendre à renoncer à sa politique clientéliste et rétablir sa véritable fonction, celle qui consiste à demander des comptes à rendre et à contrôler l’Exécutif, au lieu de camoufler la corruption, de l’encourager, voire même d’y prendre part ». En d’autres termes, dit-il en reprenant le fameux adage : « Charité bien ordonnée commence par soi-même. » Pour parvenir à cette fin, l’association entend sensibiliser les responsables aussi bien que les citoyens aux diverses législations et conventions existantes et mener des campagnes en ce sens. Pour Azmi Shuaibi, coordinateur de la « Coalition pour l’intégrité et la transparence » et membre du Conseil législatif palestinien, il n’y a pas lieu de séparer le principe de bonne gouvernance et la lutte contre la corruption, tant il est vrai que celle-ci dépend du fonctionnement du système démocratique. Pour le parlementaire, la corruption sévit à tous les niveaux de la société, d’où l’importance d’une vision et d’une action globales, qui impliquent la société civile. L’intervenant insiste en outre sur l’importance de « l’accès à l’information », un droit inaliénable qui n’est mentionné dans aucune des Constitutions des régimes arabes. « Le problème, affirme M. Shuaibi, est la confusion qui existe dans le monde arabe entre le droit à l’accès à l’information et les secrets d’État. » Actuellement, dit-il, « c’est le slogan de la sécurité qui prévaut » sur tout autre droit, d’où l’absence de l’idée même d’archives nationales. Lutter en faveur du droit à l’information, c’est garantir en même temps au citoyen le droit de recourir à la justice. Expliquant les raisons du recul du Liban dans la classification sur la corruption, le président de l’Association libanaise pour la transparence, Matar Mohammed, a mis l’accent sur le dysfonctionnement des organes de contrôle et sur l’existence de lois électorales déséquilibrées qui faussent le principe de la représentation. Selon lui, « la divulgation de l’information est l’exception et les interdits, la règle ». Au Liban, dit-il, les affaires de corruption sont rendues publiques certes, mais aucune information officielle crédible n’est disponible pour dépister leurs filières. Dans nos sociétés, le citoyen a malheureusement renoncé à participer à la vie publique, à cause d’une part de l’absence d’une information officielle fiable, et d’autre part, de la perte des valeurs, une pathologie qui a fini par atteindre une jeunesse qui cherche à prendre « exemple sur les responsables », a affirmé en substance le conférencier. Le député du Liban-Nord, Boutros Harb, a dénoncé à son tour la confusion flagrante entre patrimoine privé et patrimoine public, en insistant sur la nécessité de redynamiser la loi sur l’enrichissement illicite, dont il était l’un des initiateurs. Présentant la convention pour la lutte contre la corruption, adoptée en 2003 par les Nations unies, le directeur du département légal à la Banque centrale, Pierre Kanaan, a relaté, quant à lui, l’historique de la mise en place de cet instrument juridique international auquel le Liban a activement participé. Or, dit-il, des 123 pays signataires de ce document, seuls 9 pays l’ont déjà ratifié. Le Liban n’a ni ratifié ni même signé cette convention. Celle-ci vise principalement à promouvoir les mesures à prendre pour lutter contre la corruption, dont la nécessité d’un assainissement au niveau de l’administration et d’une collaboration internationale entre les pays signataires. L’intervenant suggère la mise en place d’un comité indépendant dans chaque pays pour suivre de près toutes les questions relatives à la corruption et au blanchiment d’argent. Je. J.
En un an, le Liban a reculé de 18 places sur l’échelle des pays les plus corrompus dans le monde. Du 78e rang où il était classé l’année dernière, le pays du Cèdre est passé au 97e rang cette année, une évaluation qui ne semble guère surprenante au regard des multiples scandales qui se sont succédé ces derniers temps. C’est ce qui ressort d’une étude effectuée...