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Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - À l’Assembly Hall (AUB) Duo violon et piano, un dialogue en profondeur (Photo)

Public assez nombreux pour le concert donné, sous les auspices conjoints du Kulturzentrum et de l’ambassade de Chili, à l’Assembly Hall par deux femmes conjuguant leur talent pour un beau duo de violon et de piano. Un dialogue en profondeur où la musique oscillait entre véhémence, cadence, brillance et douce rêverie… En droite ligne d’Essen, remarquable virtuose et hôte plus d’une fois de notre pays, Annette-Barbara Vogel, violon niché au creux du cou, épaules nues avec une robe longue bleu pétrole satinée, sans autre bijou que son magnifique coup d’archet… À côté d’elle, au clavier, toute simple, à peine coiffée et toute en noir, Paulina Zamora, pianiste chilienne aux accords somptueux et aux chromatismes transparents comme l’eau de source. Pour le bonheur des mélomanes, un programme mêlant romantisme, impressionnisme et quelques éclats vaguement modernes. Un beau voyage sonore, à travers des pages célèbres de Beethoven, Debussy, Ravel et Strauss. Ouverture, tout en gaieté et humeur tonique, avec la Sonate n°5 en fa majeur op 24 pour violon et piano, dite du printemps, dédiée au comte Moritz von Fries. Quatre mouvements (allegro, adagio, scherzo et rondo) pour traduire les élans bucoliques du maître de Vienne dans un romantisme sans morosité. Aimable flânerie d’un promeneur solitaire musardant en pleine nature. Pages éblouissantes de fraîcheur d’une œuvre célèbre (et célébrée par les musiciens) où les deux instruments se répondent en toute harmonie, avec verve et brio. Élégance absolue pour cette sonate qui déploie avec grâce et détermination ses phrases vives avec des accents parfois délicieusement passionnés. Scherzo un peu court mais brillant. Pour conclure, un rondo final chantant et habité par une belle mélodie conduisant l’auditeur droit dans les sous-bois odoriférants d’une forêt se prélassant aux timides rayons du soleil… Des mélodistes français au Munichois Strauss Plus moderne est la Sonate en sol mineur, toujours pour violon et piano, de Claude Debussy. Œuvre (en trois mouvements: allegro vivo, intermède et finale) originale et subtile où l’archet est d’une grande volubilité, offrant des pizzicati bondissants comme les pas furtifs d’un chat jouant avec une pelote de laine. Entre rêve et réalité, sur des accents fantasques et légers, se déroule cette narration un peu brève mais d’une curieuse intensité. Avec des images sonores aux impétuosités imprévisibles et rapides comme un gros chagrin vite chassé par une larme ou un rire… Dans le même sillage inspiré de mélodistes français se place, bien entendu, le brillant concert-rhapsodie tzigane pour violon et piano de Maurice Ravel. Partition orchestrée plus d’un mois après sa création (15 octobre 1945) mais qu’on écoute ici dans sa version d’origine écrite selon la forme czardas. Cette œuvre brillante a toujours eu les faveurs du public. Deux parties, la première lente ou «lassam» et la seconde rapide ou «frisca», forment l’ensemble de cette narration accumulant les difficultés techniques à la Paganini (doubles cordes, harmoniques aigus, pizzicati de la main gauche), mais où les sonorités ne sont pas seulement belles mais ensorcelantes. Premières mesures plaintives et d’un lyrisme brillant de l’archet jouant «à découvert», puis le piano dialogue avec la soliste sur un rythme endiablé pour finir dans un vigoureux style concertant. Petit entracte et reprise avec la Sonate en mi bémol majeur op 18 pour violon et piano du Munichois Richard Strauss, dont le retentissant Ainsi parlait Zaratoustra fut un succès phénoménal. Colorée, vive, sensuelle, chaleureuse est cette œuvre plus classique et romantique qu’outrancièrement moderne, comme certaines expressions du compositeur d’Elektra. Trois mouvements pour cette sonate, où le clavier a de superbes dérives mais vite rejoint par un violon au souffle souvent tourmenté. Flamme vive et rougeoyante d’une narration qui va en s’amplifiant comme une lame de fond, pour finir dans une accélération et une agitation admirablement synchronisées. Interminables applaudissements pour une prestation au-dessus de tout éloge où les deux artistes ont donné le meilleur d’eux-mêmes et de leur talent. Une belle soirée avec un programme de rêve, accessible et chaleureux. Edgar DAVIDIAN
Public assez nombreux pour le concert donné, sous les auspices conjoints du Kulturzentrum et de l’ambassade de Chili, à l’Assembly Hall par deux femmes conjuguant leur talent pour un beau duo de violon et de piano. Un dialogue en profondeur où la musique oscillait entre véhémence, cadence, brillance et douce rêverie… En droite ligne d’Essen, remarquable virtuose et hôte...