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Ce qu’ils en pensent La rencontre des ministres de la région sud du Mont-Liban

Ce n’est pas encore un rassemblement officiel, mais cela a tout l’air de vouloir le devenir. La rencontre préliminaire a eu lieu la semaine dernière au domicile de l’émir Talal Arslane, ministre des Déplacés, et elle a regroupé les ministres originaires de la région sud du Mont-Liban. Outre M. Arslane, il y avait donc le ministre de l’Environnement, M. Wi’am Wahhab, le ministre de la Culture, M. Naji Boustany, et le ministre d’État, M. Mahmoud Abdel Khalek. Officiellement, les discussions ont porté sur le développement de la région et les possibilités de faire mieux profiter les citoyens des services de l’État. Mais y a-t-il anguille sous roche et tous ces hommes aujourd’hui ministres ne sont-ils pas plus ou moins, et à des niveaux différents, des rivaux politiques du leader druze, Walid Joumblatt ? Nous avons essayé d’en savoir plus avec M. Wahhab. Wi’am Wahhab, ministre de l’Environnement Q : La rencontre des ministres du sud du Mont-Liban est-elle une alliance électorale entre vous ? R : « Pas du tout. La rencontre ne s’est absolument pas tenue dans un tel esprit. D’ailleurs, il est encore trop tôt pour parler d’alliance électorale puisque la loi n’a même pas été élaborée. En fait, la réunion qui s’est tenue au domicile de l’émir Talal est un début de coopération sur les thèmes du développement de la région. Il ne faut pas oublier que quinze ans après l’adoption de Taëf, qui évoque le concept de développement équilibré, la Montagne est restée privée de toute aide étatique. En tout cas, ce concept est resté pour les gouvernements qui se sont succédé depuis 1991 un slogan creux et il n’a jamais été accompagné d’un plan concret. Aujourd’hui, et malgré les moyens limités de l’État, en raison de l’augmentation considérable de ses dettes, nous voulons essayer de faire quelque chose pour cette région, afin que les citoyens ne se sentent plus les oubliés du développement. » Q : Mais finalement, cette rencontre n’est-elle pas dirigée contre Walid Joumblatt, d’autant que la plupart d’entre vous ont mené des batailles électorales sur des listes opposées à celles parrainées par Joumblatt ? R : « Je vous l’ai dit, nos objectifs portent essentiellement sur le développement de la région. Nous n’avons pas d’autres considérations. Quant à Walid Joumblatt, il a son leadership et nul ne songerait à le lui contester. Mais les autres existent aussi et c’est ce que nous voulons essayer de faire savoir. Pendant des années, Joumblatt a profité des structures de l’État et de l’aide que celui-ci peut apporter aux citoyens. D’ailleurs, l’État issu de l’accord de Taëf a, pendant des années, ménagé les structures miliciennes installées pendant la guerre et il a composé avec elles, quand il ne les a pas aussi aidées. Aujourd’hui, avec le gouvernement de M. Omar Karamé, nous espérons que cela changera. D’après ce que nous sentons, l’État veut assumer pleinement ses responsabilités vis-à-vis de tous les citoyens. » Q : Pensez-vous qu’en six mois, ce gouvernement pourra accomplir de grandes réalisations ? R : « C’est vrai que j’ai le sentiment que la population attend beaucoup de ce gouvernement. Peut-être plus qu’il ne peut donner. Mais je pense aussi qu’il peut surprendre beaucoup par son efficacité et son sérieux. En tout cas, je sens cette fois qu’il y a une volonté réelle chez le président du Conseil et chez les ministres d’agir pour le bien des citoyens, sans autre considération. À mon avis, le gouvernement peut mettre le thème de la réforme administrative sur les rails, c’est-à-dire lancer le processus en profondeur et je pense qu’il est disposé à en faire son principal cheval de bataille. » Q : Vous-mêmes, que pourrez-vous faire dans votre ministère ? R : « Je compte surtout essayer de faire participer tout le monde à l’élaboration de solutions et même aux prises de décisions. Je compte ainsi organiser deux congrès sur les thèmes les plus brûlants au ministère de l’Environnement : les carrières et le traitement des ordures. Il y aura ainsi des tables rondes et des ateliers de réflexion où tous les intéressés pourront donner leur avis et discuter avec les autres. Ce sont des questions qui concernent tous les citoyens. Je souhaite donc que le plus grand nombre participe à ces congrès. » Toni Yazbeck, habitant de la montagne Q : Pensez-vous que la rencontre des ministres du sud du Mont-Liban est dirigée contre Walid Joumblatt et, selon vous, que peuvent-ils faire pour combattre son leadership ? R : « Effectivement, je crois que cette rencontre est dirigée contre Walid Joumblatt. Ce n’est pas un hasard si la plupart de ses membres se sont présentés aux élections législatives sur des listes opposées à celles présidées par Joumblatt. Maintenant, que peuvent-ils faire ? Je n’en sais rien. Mais il est certain que s’ils aident vraiment la population, ils y gagneront en popularité. Car il ne faut pas se faire trop d’illusions, avant c’étaient les proches du PSP et de Walid Bey lui-même qui étaient servis en premier. Maintenant, cela pourrait changer. Mais au fond, les méthodes ne changent pas vraiment et cela c’est bien malheureux. » Scarlett HADDAD
Ce n’est pas encore un rassemblement officiel, mais cela a tout l’air de vouloir le devenir. La rencontre préliminaire a eu lieu la semaine dernière au domicile de l’émir Talal Arslane, ministre des Déplacés, et elle a regroupé les ministres originaires de la région sud du Mont-Liban. Outre M. Arslane, il y avait donc le ministre de l’Environnement, M. Wi’am Wahhab, le...