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Actualités - ANALYSE

Les candidats maronites devront se soumettre d’abord au vote populaire lors des législatives Proposition de Honein pour limiter l’« hégémonie syrienne » sur la présidentielle

Nés peu avant le 3 septembre, jour de la prorogation imposée du mandat Lahoud, la polémique et le débat, ainsi que la colère d’une très large frange d’hommes politiques, leur refus de voir la Constitution libanaise assimilée à un chiffon ou à une serpillère et leur ras-le-bol de la tutelle et des ingérences syriennes dans les affaires intérieures libanaises ont atteint leur point d’orgue au cours du débat de confiance la semaine dernière. La grande majorité des opposants qui se sont succédé à la tribune de l’hémicyle, dont Nassib Lahoud, Nayla Moawad et Boutros Harb, ont ainsi établi un lien direct entre les vices inhérents au gouvernement et à sa formation, ceux liés à l’amendement de la Constitution, et ce que le président du Renouveau démocratique a condamné comme étant « l’administration syrienne » du Liban. Évidemment, naturellement, le premier maillon de cette chaîne pervertie (et perverse), le principal verrou, n’est autre que la première magistrature, pour le choix de laquelle les Libanais n’ont pratiquement aucun mot à dire. Et c’est sur cela, sur ce mépris notoire de la libre décision populaire, sur cette « délibanisation », que Salah Honein a décidé de plancher. Le député de Baabda, membre du bloc Joumblatt et de Kornet Chehwane, s’était demandé lors du débat de confiance « comment l’on peut admettre qu’un régime absolument hermétique à tout schéma démocratique puisse aider le peuple libanais, qui porte en lui les gènes mêmes de la démocratie, à édifier un pouvoir libéré et évolué ». Interrogé par L’Orient-Le Jour, le député rappelle d’abord quelques priorités : « Le plus important n’est-il pas d’écarter l’élection présidentielle libanaise de l’influence étrangère, et, surtout, de l’hégémonie syrienne ? N’est-il pas dans le meilleur intérêt des Libanais d’avoir, à côté de bien d’autres, deux courants principaux, toutes régions et confessions confondues, qui seraient à même de gérer leur politique ; de savoir qu’ils sont sainement représentés au niveau de la présidence de la République qui reste, malgré tout, un symbole de cohésion et une dynamique de rassemblement ? » Et il enchaîne d’emblée, sachant pertinemment le refus et la colère que provoqueront ses mots chez une très grande partie de ses compatriotes : « L’élection présidentielle au suffrage universel saurait résoudre ces problèmes. » Les critiques fusent, à tous les niveaux. Sauf que Salah Honein a un essentiel « cependant ». Il explique ainsi que les normes électorales mondiales ne permettent pas de faire des élections présidentielles au suffrage universel tout en déterminant à l’avance la confession de l’élu : « Un suffrage universel ne saurait s’exprimer exclusivement à travers ou en faveur d’une seule confession, et ne saurait bénéficier à certaines confessions sans d’autres », précise-t-il. Ainsi, et parce qu’il ne veut en aucun cas toucher de quelque façon que ce soit au pacte de 1943, qu’il veut « tout changer sans rien bousculer » ; parce qu’il est convaincu que le plus important, dans une démocratie, « à part l’alternance, reste la bonne représentativité », et parce qu’il est « obsédé par l’habilitation » d’un homme politique, il a pensé une solution, un mécanisme électoral relativement clair. « Les maronites qui voudront se présenter à la première magistrature devront d’abord être soumis, dans leur caza et dans le cadre des législatives, au verdict des électeurs. Lesquels, en même temps, voteront, dans le cadre de la présidentielle, uniquement pour un seul de ces candidats, quel que soit le caza dans lequel il s’est présenté pour la députation. Et parmi ces candidats, les deux premiers choisis par l’ensemble de l’électorat libanais devront d’abord être élus dans leur propre circonscription afin de légitimer leur habilitation. Ils seront d’office candidats à l’élection présidentielle et l’un d’eux sera par la suite élu au suffrage indirect, c’est-à-dire par le Parlement. Les candidats qui se présenteront au niveau national devront obtenir le nombre de voix suffisant dans leur circonscription et 10 % au moins du suffrage exprimé au niveau national, et ceux qui briguent uniquement la première magistrature se présenteront avec un suppléant à la députation. Les législatives se tiendront de la sorte à condition qu’elles aient lieu au plus tard 12 mois avant la présidentielle. Sinon, les candidats à la première magistrature devront démissionner de leur députation au courant du 9e mois précédant la présidentielle, et les législatives partielles auront lieu 6 à 8 mois avant la présidentielle. Le président élu aura les mêmes prérogatives que celles accordées par Taëf, sauf qu’eventuellement, pour assurer une meilleure harmonie au niveau de l’Exécutif, on pourrait lui donner la possibilité de choisir lui-même le Premier ministre, sans consultations parlementaires contraignantes. » La hantise de tous les Libanais serait qu’une communauté seulement décide, par son poids démographique, du président de tous les Libanais. « Absolument pas. Il y a une multitude de courants et de divisions au sein de chaque communauté. Et cette présidentielle donnera lieu à de véritables alliances politiques. Le peuple peut évidemment être soumis à une tonne de pressions, mais c’est bien moins facile que d’imposer un nom à 128 députés. J’ai confiance dans le peuple libanais, je n’ai pas peur du jeu démocratique. J’ai peur du totalitarisme et du diktat syriens », conclut Salah Honein. Difficile d’être plus clair, même s’il semble que beaucoup (trop) d’eau coulera sous les ponts avant que les Libanais, de cette façon ou d’une autre, soient parfaitement représentés à tous les niveaux de l’État. Ziyad MAKHOUL
Nés peu avant le 3 septembre, jour de la prorogation imposée du mandat Lahoud, la polémique et le débat, ainsi que la colère d’une très large frange d’hommes politiques, leur refus de voir la Constitution libanaise assimilée à un chiffon ou à une serpillère et leur ras-le-bol de la tutelle et des ingérences syriennes dans les affaires intérieures libanaises ont atteint...