Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Élections - L’histoire est un éternel recommencement, relèvent les observateurs politiques Une mission toujours difficile pour le titulaire de l’Intérieur

Un vétéran rappelle que dans le cabinet d’élections formé le 8 février 1968, sous Hélou, par Abdallah Yafi, le portefeuille de l’Intérieur avait été attribué à Sleimane Frangié, auquel succède aujourd’hui son petit-fils homonyme. Ce choix avait été fixé pour avoir un homme à poigne capable de juguler l’immixtionnisme des services, alors rassemblés sous le label Deuxième Bureau. De fait, Frangié avait dominé le sujet. Mais, quand même, Henri Pharaon, ministre d’État, avait cru devoir démissionner parce qu’il jugeait que les élections s’étaient déroulées dans un climat malsain. Comme quoi, on ne peut pas contenter tout le monde et son père. La déclaration ministérielle de cette époque pourrait être reprise aujourd’hui. On y lit en effet que le peuple est invité à élire ses députés, alors que le Liban et les pays arabes se trouvent soumis à des pressions et des tensions extrêmes. Après une évocation des effets du désastre de 1967 et de l’indifférence internationale, le gouvernement Yafi s’engageait à organiser des élections propres, régulières, libres, permettant au peuple d’exprimer vraiment sa volonté, son choix. Le texte indiquait que les candidats potentiels pressentis pour être ministres avaient renoncé à se présenter à la députation. Gage d’impartialité. Ajoutant que les élections seraient un test pour le peuple, pour les candidats et pour le système. Pour conclure que l’épreuve serait difficile, mais serait assumée par le gouvernement en tant qu’ensemble. C’est la même chose pour le cabinet Karamé. Sauf que nombre de ses membres recherchent également la députation. Alors qu’il faut prévenir toute immixtion, de l’intérieur comme du dehors. Frangié le petit-fils peut certes contrer les percées entrant dans son propre champ de vision et d’autorité. Mais il n’y peut rien, en fait, pour le fond même de l’affaire. C’est-à-dire pour la loi électorale. En effet, même s’il devait lui être demandé d’en rédiger le projet, la mouture finale est du ressort du Conseil des ministres. Et elle doit ensuite être finalisée par la Chambre qui peut en modifier, ou en récuser, les termes. Frangié n’est pas non plus responsable du comportement des ministres-candidats. Qui, le cas échéant, peuvent mobiliser abusivement leurs départements, ou divers services de l’État, au profit de leurs intérêts électoraux. Le ministre de l’Intérieur ne peut rien non plus contre les interventions qui se feraient pour fabriquer des listes et procéder à des parachutages. Sur un plan technique, l’Intérieur n’est responsable de la régularité des listes d’électeurs que conjointement avec le ministère de la Justice. Il en va de même pour les cartes électorales truquées, les urnes surgonflées, les décomptes tronqués etc. Son domaine exclusif de responsabilité se limite à la sécurité, aux effectifs de préposés, au nombre et emplacements des bureaux de vote, à la surveillance du dépouillement, à la défense des droits des scrutateurs comme des électeurs (isoloir). À la supervision de la transparence des résultats et des procès-verbaux. À l’interdiction de la pratique courante qui consiste à utiliser des hommes en uniforme comme piliers électoraux. À la prévention de l’achat de voix, par des enquêtes de terrain serrées, avec l’aide d’informateurs. Selon le vétéran cité, quand l’œil de l’État impartial est bien ouvert, quand la triche est difficile, alors c’est la fabrication des listes de candidats qui contient le secret du succès, ou de l’échec, électoral. Les parties influentes peuvent y introduire, ou en écarter, qui elles veulent. Par des pressions ouvertes ou occultes. Ce qui est évidemment beaucoup plus facile quand les circonscriptions sont grandes et les listes numériquement étendues. C’est bien pourquoi les parties qui sont contre le parachutage prônent la petite circonscription, le caza ou tout au plus le mi-mohafazat. Certains proposent que l’on divise en trois chacun des quatre mohafazats de province, Beyrouth restant symboliquement unifié. Toujours est-il que la grande circonscription n’assure évidemment pas une saine représentation de proximité. C’est le crédo de multiples fractions, et le président Karamé serait favorable au caza. C’est très important. Parce que les élections, qui risquent d’être sous surveillance internationale à la lumière de la 1559, ne peuvent être faussées, dénaturées, qu’à travers les parachutages. Conditionnés par le découpage des circonscriptions. Émile KHOURY

Un vétéran rappelle que dans le cabinet d’élections formé le 8 février 1968, sous Hélou, par Abdallah Yafi, le portefeuille de l’Intérieur avait été attribué à Sleimane Frangié, auquel succède aujourd’hui son petit-fils homonyme. Ce choix avait été fixé pour avoir un homme à poigne capable de juguler l’immixtionnisme des services, alors rassemblés sous le...