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Iftar traditionnel de l’amicale des anciens élèves de Jamhour Eddé : L’esprit d’ouverture résume la vocation du Liban (Photo)

Tradition d’avant-guerre reprise en 2001, l’iftar de la communauté des pères jésuites et de l’amicale des anciens élèves de Jamhour, présidée par Michel Eddé, s’est tenu hier au sein du collège dans une ambiance familiale qui montre, encore une fois, que l’enseignement catholique trouve toute sa portée lorsqu’il s’adresse aux différentes communautés et religions. Étaient conviés tous les anciens et les élèves du secondaire des communautés musulmanes, mais également le ministre de l’Économie, Adnane Kassar, qui est un ancien du collège, le directeur général de Dar el-Fatwa, cheikh Mohammed el-Noukari, le secrétaire général des écoles catholiques, le père Marwan Tabet, le recteur de l’Université Saint-Joseph, le père René Chamussy, les membres du comité de dialogue islamo-chrétien, ainsi qu’un certain nombre d’invités. Le secrétaire général de l’amicale des anciens, Nagy Khoury, a expliqué à L’Orient-Le Jour que cette manifestation « s’inscrit dans le cadre de la politique d’ouverture du collège et de l’amicale en direction des anciens de toutes les communautés et dans tous les pays de rayonnement afin de les responsabiliser sur les problèmes de l’enseignement au Liban, et plus généralement les problèmes nationaux ». Prenant la parole, M. Khoury a fait une intervention pleine de signification, dénonçant l’exploitation du religieux par les fanatiques. Citant à plus d’une reprise André Malraux, il s’est demandé si les prédictions de ce philosophe n’allaient pas s’avérer exactes. « N’a-t-il pas affirmé que le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas ? » s’est interrogé l’intervenant. « En effet, nous assistons depuis quelques années à un réveil généralisé des différentes identités religieuses dans le monde, réveil accompagné, hélas, de l’épanouissement des extrémismes de tout genre, qui prennent en otage une planète entière», a ajouté l’intervenant. Abondant dans le même sens, le recteur du collège, le père Salim Daccache, a insisté sur l’importance de la notion de « cordialité », une vertu fondamentale en ce mois de ramadan, a-t-il dit. « Et comme l’avait mentionné un uléma d’al-Azhar, la cordialité entre l’adorateur et son Dieu ne prend sa signification que lorsqu’elle prend racine entre les humains. » « Nous perdons notre temps à nous occuper de choses superficielles ou marginales aux dépens de ce qui est essentiel », a encore indiqué le père jésuite, invitant les participants à la générosité et à payer la zakat, soulignant que la prière et le jeûne « nous rapprocheront les uns des autres et renforceront notre confiance mutuelle ». Kassar prône une croissance équilibrée À son tour, Adnane Kassar a rappelé en quelques mots le symbolisme du mois de ramadan, « une occasion, a-t-il dit, de dépasser notre égoïsme et d’effectuer une introspection ». Évoquant le message pédagogique et spirituel véhiculé depuis plusieurs années par le collège de Jamhour, il a insisté sur l’importance des valeurs humaines et des enseignements que continue de transmettre cette institution, notamment la fraternité entre les religions et la coexistence, transcendant ainsi les considérations confessionnelles. « De l’Occident développé, ce collège nous a permis d’avoir la science et une méthode de pensée et d’action. De l’Orient, ce même collège nous a ouvert l’accès aux valeurs communes de toutes les religions monothéistes », a-t-il ajouté. Évoquant son programme au ministère, M. Kassar a déclaré : « Mon objectif sera de diriger l’économie nationale vers une croissance équilibrée entre les secteurs et les régions. » Enfin, l’ancien ministre Michel Eddé a entamé son intervention par des vœux conviviaux de ramadan, saluant chaleureusement le mufti de la République, cheikh Mohammed Rachid Kabbani, qui avait dépêché pour le représenter à l’iftar traditionnel de Jamhour le directeur général de Dar el-Fatwa, cheikh Mohammed el-Noukari. Il a également félicité le ministre Adnane Kassar. Président de l’amicale des anciens du collège, M. Eddé a souligné l’esprit constant d’ouverture à l’autre, pour un enrichissement mutuel, de cette institution, dirigée par le père Sélim Daccache. En relevant qu’en définitive, cet esprit résume la vocation du Liban lui-même. Pays qui se fonde sur une formule sociétale d’appartenance authentiquement arabe, dans une palette spirituelle riche de multiples communautés vivant en une même patrie, dont le secret réside dans la coexistence. L’ancien ministre ne manque cependant pas d’évoquer l’enseignement finalement salutaire de la guerre intestine imposée aux Libanais. Épreuve douloureuse qui a conduit chaque communauté à mieux réaliser, à mieux se convaincre, qu’il lui appartient d’être un levain de coexistence. En évitant de tomber dans l’erreur de ne voir les autres communautés qu’en tant que telles, la voie juste étant de ne les considérer qu’à travers le prisme de la patrie, du Liban, dont elles sont toutes ensemble les cellules vivantes. Face aux dangers, la « Prière nouvelle pour le Liban » du Saint-Père englobe évidemment tous les Libanais et pas seulement les chrétiens, rappelle l’orateur. Qui souligne que, de toute évidence aussi, cette prière s’étend au monde entier, à toute l’humanité dans le droit fil de la pensée pontificale pour qui le Liban « est bien plus qu’un pays, un message en soi ». Un exemple, un modèle universel de coexistence pacifique. M. Eddé relève, dans le même sens, que l’Exhortation apostolique invite les Libanais à bien comprendre que l’avenir de l’humanité, vu sous l’angle d’une démocratie pacifique, est lié à l’interaction spirituelle autant que culturelle. Au rapprochement politique autant que social entre chrétiens et musulmans, à l’orée de ce millénaire. Le pape presse les Libanais, chrétiens et musulmans, en cet Orient comme à partir de lui, à approfondir le dialogue de vie entre les deux religions. Pour que leur rencontre, dit M. Eddé, s’épanouisse ensuite sur l’ensemble de la planète, l’Asie, l’Afrique, l’Europe, les Amériques et l’Océanie. Un tel dialogue, qu’incarne d’une manière si vivace le Liban, constitue, note l’ancien ministre, la meilleure riposte à la thèse néfaste d’un prétendu choc des civilisations. Une théorie à portée idéologique, politique et militaire qui vise à précipiter le monde dans une éruption volcanique de guerres de religions, que l’on s’efforce de présenter comme étant aussi nécessaire qu’inéluctable. Le conférencier aborde de la sorte, le chapitre des relations de l’Église avec les religions non chrétiennes, rappelant que l’Exhortation apostolique se réfère aux valeurs spirituelles ou morales chrétiennes et musulmanes communes que le concile Vatican II avait mises en exergue. M. Eddé souligne que l’Église considère avec estime les musulmans qui, sans reconnaître la divinité du Christ, l’honorent comme prophète et sacralisent sa sainte mère, Marie. M. Eddé redit l’importance de l’expérience libanaise dans la cristallisation de la pensée dialoguiste papale. Il cite enfin en particulier l’Église maronite, rendant hommage au patriarche Sfeir.
Tradition d’avant-guerre reprise en 2001, l’iftar de la communauté des pères jésuites et de l’amicale des anciens élèves de Jamhour, présidée par Michel Eddé, s’est tenu hier au sein du collège dans une ambiance familiale qui montre, encore une fois, que l’enseignement catholique trouve toute sa portée lorsqu’il s’adresse aux différentes communautés et...