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Culture D’ailleurs Le mouvement des «Arts derniers», ou la renaissance de l’art funéraire

Soucieux de proposer une alternative à «la triste uniformité» des lieux de sépulture, un groupe d’artistes a créé, en France, et plus précisément en Lorraine, un lieu de résidence où des architectes, sculpteurs, plasticiens et autres designers sont invités à venir s’exprimer sur le thème de l’art funéraire. Installé au cœur du parc du château de l’ermitage Saint-Jean, à quelques kilomètres au sud de Metz, le Centre européen d’art funéraire contemporain a ouvert ses portes hier mardi, jour des défunts. Il accueillera en résidence des artistes porteurs de projets venus de toute l’Europe. Ce nouveau lieu mettra à leur disposition un atelier équipé et leur permettra d’exposer et de vendre leurs œuvres sur le site même de leur création. «Il existe, selon moi, un grand champ d’expérimentation et de réalisation dans le domaine de l’art funéraire. Il nous suffit de continuer le travail des artistes qui nous ont précédés», résume Pierre Aubert, fondateur du mouvement dit «Les Arts derniers» et initiateur du projet. Il cite, en référence, les travaux de Jean Tinguely, de Niki de Saint-Phalle ou du sculpteur César et évoque avec nostalgie le temps où les artistes et les artisans d’art, «ferronniers ou verriers», pouvaient exprimer leurs talents jusque dans les nécropoles. «Comme beaucoup d’autres domaines, l’art funéraire n’échappe pas à l’uniformisation et, en l’occurrence, aux pierres tombales tout-granit. Du coup, rien ne ressemble tant à une tombe qu’une autre tombe», se lamente celui qui souhaite attirer les artisans vers un nouveau métier, celui de «sépulteur». «Vu d’en haut, un cimetière ressemble à un parking», résume, quant à lui, le sculpteur Gio Caillet qui, avec une quinzaine d’autres artistes, forme le «noyau dur» du groupe des «Arts derniers». Dans le parc de l’ermitage Saint-Jean, plusieurs de ses sépultures sont déjà exposées dont une dalle en résine de polyuréthane aux couleurs criardes et surmontée d’une arche formée de cubes. «L’arche symbolise une porte, un passage, parce qu’un jour ou l’autre il faut y passer», explique, non sans humour, l’artiste qui précise que l’œuvre est garantie 25 ans. Un peu plus loin, la sculptrice Marguerite Noirel présente une sépulture tout en métal de récupération. «L’idée m’a paru originale de redonner vie, sur une sépulture, à des pièces métalliques qui, sans cela, auraient achevé leur existence», raconte l’artiste. Dans l’atelier voisin, elle expose une urne funéraire réalisée selon le même principe. «Ici, j’ai voulu montrer qu’une urne destinée à recueillir les cendres d’un défunt pouvait aussi se faire passer pour une œuvre d’art», ajoute la sculptrice. «Notre but n’est pas de désacraliser la mort mais bien de la dédramatiser», précise Pierre Aubert qui dénonce, en outre, le monopole exercé par des entreprises de pompes funèbres sur la symbolique de la mort. «Elles omettent souvent de préciser à leurs clients qu’ils ont le droit de construire un monument funéraire eux-mêmes et que le choix des matériaux et des couleurs est libre», insiste-t-il. Il annonce par ailleurs pour la Toussaint 2005 une exposition d’artistes venus de 27 pays européens qui présenteront les sépultures contemporaines de leurs pays respectifs.

Soucieux de proposer une alternative à «la triste uniformité» des lieux de sépulture, un groupe d’artistes a créé, en France, et plus précisément en Lorraine, un lieu de résidence où des architectes, sculpteurs, plasticiens et autres designers sont invités à venir s’exprimer sur le thème de l’art funéraire.
Installé au cœur du parc du château de l’ermitage...