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Actualités - OPINION

Les relations Karamé-Frangié, un nœud désormais moins serré au sein du pouvoir

Le Nord a déboulé en force au sein du pouvoir, après la prorogation. Karamé, Premier ministre. Et Frangié, premier parmi les ministres, puisqu’il prend en charge l’Intérieur. Capital en regard des législatives. Dans leur haute contrée, les deux leaders ne sont pas alliés, loin s’en faut. À ce niveau, leur antagonisme n’est toujours pas dissipé. Mais le geste, sans doute à caractère de loyauté régionale, d’un Karamé exigeant que l’Intérieur soit confié à Frangié plutôt que de revenir encore une fois à Élias Murr, devrait produire des effets positifs. De détente et de rapprochement. Jusqu’à présent cependant, Karamé et Frangié continuent à s’éviter. Pas d’aparté en marge des réunions ministérielles. Et encore moins de rencontre privée de rabibochage et de réconciliation politique. Mais des amis communs s’activent à cet effet. Et laissent entendre que la grande lessive aurait lieu peu après le débat de confiance, fixé à demain jeudi. Le Nord, sauf quelques adversaires également communs ou partagés, se réjouit de cette perspective d’entente. De cette résurrection du pacte qui avait un certain temps lié le président Frangié au regretté Rachid Karamé. Mais les professionnels avertis mettent en garde contre tout optimisme béat. Car le contentieux accumulé est assez lourd, d’une part. Et que d’autre part, les considérations électorales pourraient beaucoup freiner le rapprochement. L’état de rivalité risque de s’en trouver rétabli. Ou alors, il y aurait une sorte de pacte tiède de non-agression, sans alliance. Tout devrait dépendre, en sous-main, des décideurs, comme du découpage des circonscriptions ; sans compter les alliés de l’un et de l’autre qui entreraient en ligne. Cependant, des députés également nordistes relèvent que les chances d’accord sont confortées par le fait, essentiel, que la fabrication de la loi électorale devrait pratiquement se faire en coordination étroite entre les trois pôles de l’Exécutif concernés, le chef de l’État, le président du Conseil et le ministre de l’Intérieur. Qui n’ont pas le choix, car le temps (et les pressions extérieures ou intérieures) presse : il leur faut s’entendre. Partant de là, il est normal de prévoir qu’en ce qui a trait au Nord, le costume devrait convenir aussi bien à Karamé qu’à Frangié. Pour ce faire, ajoutent ces sources, le mieux pour eux deux serait encore de pactiser électoralement. Enjeux En fait, selon ces techniciens, Karamé y a encore plus à gagner que Frangié. Pour la bonne raison qu’en cas d’affrontement électoral, il aurait plus à perdre, l’enjeu pour lui restant le Sérail. De plus, étant réputé comme se trouvant un peu moins proche des décideurs que Frangié, il serait moins avantagé au niveau de l’influence sur l’ensemble du mohafazat. Où, assez paradoxalement, il n’a marqué un peu de points, lors de la dernière épreuve, qu’à Zghorta même. Indirectement du reste via son alliance politique avec Nayla Moawad, opposée à Frangié. Ce dernier de son côté dispose, tout aussi indirectement, d’un atout à Tripoli, via son alliance (toujours solide apparemment) avec Négib Mikati. De tout cela il ressort que l’idée d’une liste de coalition implique qu’il faudrait englober Moawad et Mikati. Un objectif qui n’est pas facile à atteindre. Car il faudrait que Karamé, après s’être réconcilié avec Frangié, réconcilie ce dernier avec Moawad ; et qu’en échange, Frangié le réconcilie avec Mikati ! Un vrai quadrille de bal. Dont les figures sont d’autant plus difficiles à exécuter qu’il faut en plus arranger les choses entre Karamé et le bloc tripolitain, notamment avec le député Mohammed Kabbara. Puis il y a le Koura. Là Karamé souhaiterait le retour à la Chambre, comme au gouvernement, d’Élias Saba. Mais les députés orthodoxes du coin, à savoir Farid Makari, Fayez Ghosn et Sélim Saadé, ne sont évidemment pas d’accord. Et ils bénéficient du soutien de Frangié. Qui, le cas échéant, pourrait lâcher le député PSNS, Saadé, au profit de Saba, en gardant Makari et Ghosn. Reste Batroun, où Karamé soutient Boutros Harb et Frangié Nizar Younès. Dans l’ensemble, sur le plan théorique, le ministre de l’Intérieur regimbe à l’idée de coopter deux membres de Kornet Chewane, Moawad et Harb. Mais comme leurs positions sont modérées, il n’est pas exclu que Frangié mette ses préventions de côté, pour réaliser éventuellement cet objectif majeur : l’unité politique (ou plus exactement électorale) du Nord. Ce qui faciliterait du reste sa tâche en tant que ministre de l’Intérieur organisateur du scrutin. Et le mettrait à l’abri de tout soupçon, de toute accusation de partialité. Philippe ABI-AKL

Le Nord a déboulé en force au sein du pouvoir, après la prorogation. Karamé, Premier ministre. Et Frangié, premier parmi les ministres, puisqu’il prend en charge l’Intérieur. Capital en regard des législatives. Dans leur haute contrée, les deux leaders ne sont pas alliés, loin s’en faut. À ce niveau, leur antagonisme n’est toujours pas dissipé. Mais le geste, sans...