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Actualités - CHRONOLOGIE

1559 - Blocage en vue d’avoirs libanais aux États-Unis La Maison-Blanche serait résolue à déclencher des sanctions en rafale contre Beyrouth

Selon des informations parvenues à Beyrouth, la Maison-Blanche étudie avec le département américain des Finances, section de lutte antiterroriste, les moyens à mettre en œuvre juridiquement pour bloquer les avoirs aux États-Unis d’un certain nombre d’investisseurs libanais. Ces mesures feraient l’objet d’un projet de loi, distinct de celui qui mentionne les officiels libanais notoirement soumis à Damas, que le Congrès devra adopter, la justification étant que le Liban ne se conforme pas aux injonctions énoncées dans la résolution numéro 1559 du Conseil de sécurité de l’Onu. Les rapports indiquent que la section de lutte antiterroriste au département US des Finances a effectué une enquête statistique pointue sur les investissements, à tous les niveaux, des Libanais aux États-Unis. Les sources soulignent avec force que le blocage des avoirs ne sera pas la seule sanction contre le Liban, qu’il y en a bien d’autres sous étude. Elles mettent l’accent sur le sérieux avec lequel les Américains traitent ce dossier, sous la supervision directe de la Maison-Blanche. Ajoutant que le département d’État, peut-être jugé trop mou, est tenu au courant des mesures envisagées, mais que rien ne lui a été demandé à lui, pour le moment. Les rapports ajoutent qu’il faut prendre en compte non seulement ce que les États-Unis communiquent par les canaux diplomatiques, un flux qui s’est d’ailleurs raréfié ces derniers temps, mais aussi, et surtout, les déclarations en flèche de leurs responsables. Dont le secrétaire d’État Colin Powell et son bras droit, Richard Armitage, connu pour avoir ses grandes et ses petites entrées à la Maison-Blanche. Où, selon ces sources, on suit de très près ce qui se passe au Liban. À preuve qu’un staff spécial, relevant du Conseil national de sécurité que dirige Condoleezza Rice, a reçu pour mission de traiter ce dossier. Les cadres américains agissent, ajoutent les sources, comme s’ils étaient sûrs que Bush allait être réélu en novembre, la semaine prochaine en fait. C’est-à-dire qu’ils mettent en chantier du concret qui devra prendre corps dans les toutes prochaines semaines. Une évidence saute aux yeux des sources citées : les Américains mettent les bouchées doubles dans la préparation du nouveau projet de loi de sanctions et vont bien plus vite que lors de l’élaboration du Syria Accountability and Lebanon Sovereignty Act. Plan majeur Selon des observateurs, cette hâte et ce durcissement s’expliqueraient par l’adoption d’un plan majeur visant à dégager méthodiquement toutes les embûches, tous les obstacles à consonance éventuellement sécuritaire pouvant entraver la politique américaine dans la région. Donc à faire sauter ce que les faucons de Washington appellent le bouchon syro-libanais. Pour affaiblir toute résistance virtuelle face aux visées US, à la présence physique ou diplomatique des Américains dans la région, et à leurs intérêts, économiques, commerciaux ou même culturels. Selon les mêmes sources, les Américains soutiennent qu’ils ne sont pas dupes de ce qu’ils nomment le petit jeu libanais. Ils indiquent que malgré d’incessantes démarches, le Liban, tout en protestant verbalement de son attachement et de sa docilité à l’égard de la légalité internationale, n’a jamais rien fait pour commencer à appliquer la 1559. Une dérobade telle que même certains pays arabes (entendre notamment le Koweït) en ont pris ombrage, invitant ouvertement le Liban à se conformer sans tarder à la 1559. Disparité franco-US Sur un autre plan, des sources à Beyrouth se disent satisfaites de constater une réémergence de la disparité diplomatique entre la France et les États-Unis. Dans ce sens que Paris a réagi avec calme à la formation du cabinet Karamé, en admettant que la Syrie n’est pas intervenue dans cette procédure. Alors qu’Armitage l’Américain déclarait sans ambages que le gouvernement Karamé a été formé à Damas. Tandis que le porte-parole du département d’État, Richard Boucher, sans évoquer spécifiquement la question du cabinet libanais, affirmait qu’au sujet de l’immixtionnisme syrien au Liban, aucun progrès n’a encore été constaté. Toujours est-il que le Liban officiel tente d’atténuer les pressions, en relançant diplomatiquement l’Amérique et la France. Qui exigent, Washington surtout, que la 1559 commence à être appliquée avant le premier rapport Annan dans six mois. Khalil FLEYHANE Debble : « Le Liban n’a pas besoin de la Syrie pour assurer sa stabilité » La vice-conseillère du secrétaire d’État aux Affaires étrangères pour le Proche-Orient, Elizabeth Debble, a déclaré hier, dans un entretien à la LBCI, que « la Syrie a joué un rôle dans la formation du nouveau gouvernement libanais ». Elle a estimé que les six prochains mois permettront à ce gouvernement « de montrer sa volonté d’améliorer la situation du peuple libanais », tout en précisant que ceci ne pourra se faire sans l’application de la résolution 1559 et le retrait syrien du Liban. Refusant de parler de délais pour l’application de la résolution, Mme Debble a totalement exclu la possibilité d’un « troc » entre la Syrie et les États-Unis, qui permettrait à Damas de garder son contrôle sur le Liban en contrepartie de sa coopération concernant l’Irak et les organisations terroristes. Quant à l’éventualité d’un effondrement libanais en cas de retrait syrien, elle a déclaré : « C’est le peuple libanais qui sera le plus grand perdant si l’ingérence syrienne se poursuit. Je pense que certaines parties sous-estiment les capacités de ce peuple, qui n’a pas besoin de la Syrie pour assurer sa stabilité. » Estimant que la coopération avec la France à propos de l’application de la résolution 1559 se poursuivra, Mme Debble n’a cependant pas évoqué une possible surveillance internationale des élections législatives du printemps. Activation de la loi du 11 mai Récemment, deux congressmen, ou plutôt une congresswoman républicaine de Floride, Eliana Ross-Leithnen, et un député démocrate de New York, Elliott Engel, ont adressé une motion à la Maison-Blanche, la pressant de faire geler les avoirs aux États-Unis d’officiels libanais connus pour leur allégeance à la Syrie. En fait, ce que les représentants en question réclament, ce sont des décrets d’exécution pour une loi adoptée le 11 mai dernier et qui vise le Liban comme la Syrie. À Beyrouth, une source à la confluence de la diplomatie et du monde des affaires indique que les mesures américaines éventuelles, absolument discrétionnaires, ne sont, le cas échéant, susceptibles d’aucun recours en justice. Ces sanctions ne frapperaient pas seulement les avoirs ou investissements directs aux États-Unis des officiels libanais visés, mais aussi des opérations entre des établissements US et leurs correspondants à Beyrouth. D’après cette même source, l’éventail serait assez large pour provoquer un malaise qui, à la longue, pourrait affecter la stabilité de la monnaie libanaise. Affaire à suivre. N. A.

Selon des informations parvenues à Beyrouth, la Maison-Blanche étudie avec le département américain des Finances, section de lutte antiterroriste, les moyens à mettre en œuvre juridiquement pour bloquer les avoirs aux États-Unis d’un certain nombre d’investisseurs libanais. Ces mesures feraient l’objet d’un projet de loi, distinct de celui qui mentionne les officiels...