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Actualités - OPINION

Un test de confiance populaire attend les Trente

On n’attend pas sept miracles, ni même un seul, d’un gouvernement de sept mois. Mais on lui demande de redonner confiance aux Libanais. Dans son propre intérêt du reste, car cela désamorcerait l’opposition. Il ne suffit pas de relever qu’il y a des ministres compétents et probes, représentants de familles politiques illustres. Il faut des actes convaincants. Il ne suffit pas de promettre une loi électorale juste. Il faut encore annoncer clairement la couleur : mohafazat, caza ou petite circonscription. Scrutin majoritaire ou à la proportionnelle. En expliquant comment le choix retenu peut assurer cette saine représentation de proximité que réclame la population. Et en indiquant avec précision quelles mesures sont prévues pour garantir la liberté et la régularité des élections législatives. Côté réforme, il n’est sans doute pas souhaitable de commencer en ouvrant d’anciens dossiers. Car cela provoquerait des conflits. Et, comme en 98, le pouvoir serait accusé de suivre une politique de vindicte, de règlement de comptes. Par contre, il faut lutter sérieusement pour que désormais il n’y ait plus de corruption, de gaspillage, de gabegie, de courtages, de détournements de fonds. En livrant à la justice tout suspect. Le gouvernement doit, tout d’abord, se colleter avec les problèmes urgents. Comme les dizaines de milliers d’élèves que l’école publique ne peut pas absorber. Comme l’électricité, cette pompe à fric, ce tonneau des Danaïdes qu’exploitent des ventres jamais rassasiés, selon le mot de Hassan Nasrallah. Dans les faits, l’opinion, réaliste, échaudée par trop de promesses restées lettre morte, ne s’intéresse pas à la déclaration ministérielle. En fait, elle préférerait que le gouvernement ne parle que dans trois ou quatre mois. Pour dire ce qu’il a fait, ou commencé à faire, et ce qu’il lui reste à accomplir dans les quelques mois suivants. Ce qui préoccupe les Libanais, c’est de savoir, sans entrer dans les détails intérieurs, ce que l’on fait de l’EDL, pour que le courant ne soit plus coupé. Ou encore, ce que l’on a décidé pour freiner la dégringolade économique et financière du pays, en vue du redressement. En réduisant le déficit budgétaire autant que le poids de la dette publique. Dans ce domaine vital, la population ne se préoccupe ni des disputes d’école entre libéraux et dirigistes ni de savoir quels moyens on va utiliser, seul le résultat comptant à ses yeux. Il est cependant évident, et les Libanais le savent, que pour sortir de l’ornière, il faut engager une vraie réforme des pratiques politiciennes comme de l’Administration. Que cela soit à travers l’adoption du projet de budget 2005 élaboré par le précédent ministre des Finances, Fouad Siniora, ou à l’aide d’autres dispositions, d’un plan distinct. En tout cas, il faut comprimer les dépenses, notamment en larguant les parasites, organismes ou personnel. Mettre fin au clientélisme et pourvoir les postes vacants en cadres vraiment qualifiés. D’une manière générale, les gouvernants, et les politiciens, doivent renoncer à la tradition dite du copartage. Sur le plan politique, on ne voit pas l’utilité de la guerre verbale qu’engagent d’entrée de jeu certains ministres contre l’opposition. Et on voit encore moins la pertinence qu’il peut y avoir à vouloir contrer la résolution 1559 du Conseil de sécurité, à coups de fanfaronnades. Si le gouvernement ne fait pas montre d’ouverture sur le plan intérieur et de sagesse sur le plan extérieur, il n’aura pas servi les intérêts bien compris du pays. Émile KHOURY
On n’attend pas sept miracles, ni même un seul, d’un gouvernement de sept mois. Mais on lui demande de redonner confiance aux Libanais. Dans son propre intérêt du reste, car cela désamorcerait l’opposition.
Il ne suffit pas de relever qu’il y a des ministres compétents et probes, représentants de familles politiques illustres. Il faut des actes convaincants. Il ne suffit...