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Actualités - CHRONOLOGIE

Édition - Tarek Mitri a signé au Salon du livre son ouvrage « Au nom de la Bible, au nom de l’Amérique » Les États-Unis comme « Messie » ou l’irrésistible montée du facteur religieux dans la société américaine

Sous le titre « Au nom de la Bible, au nom de l’Amérique », Tarek Mitri, professeur de sociologie à Harvard et membre du secrétariat du Conseil œcuménique des Églises, publie aux éditions Labor et Fides (Genève) un ouvrage qui se présente comme un portrait de l’Amérique de l’après-11 septembre 2001, un événement dont il a été un témoin privilégié. Pour le profane, l’ouvrage est d’abord relativement ingrat. Il devient cependant passionnant à mesure que l’on se familiarise avec les termes utilisés et la problématique posée. Présentant son livre, largement inspiré d’un de ses précédents ouvrages paru aux éditions Dar an-Nahar, Madinatun Ala Jabal, Tarek Mitri constate qu’ à l’opposé de ce qui s’est passé en Europe, la religion jouit d’une grande vitalité dans la vie publique américaine. Il existe pour lui plusieurs raisons à cela, dont une liberté religieuse totale et un exercice pragmatique de la religion, où le bien-être du croyant passe avant la fidélité aux dogmes. En outre, dans la mémoire historique des Américains, l’Amérique a été pour des millions d’immigrés une sorte de « Terre promise » qui se trouve aujourd’hui investie d’un rôle messianique, celui de répandre la démocratie dans le monde et, au besoin, de l’imposer. Enfin, dans l’omniprésence du facteur religieux dans l’action des États-Unis dans le monde, il y a la haute image qu’ils ont de leur mission. Cette image, dit-il, est érigée par les Américains au rang de « religion civile ». Une religion dont les dogmes sont empruntés à l’imagerie biblique, mais qui est plutôt déiste que chrétienne. C’est sur ce terreau que va se développer, à partir des années 70, et dans un pays où la séparation entre la religion et la politique est pourtant clairement tracée, un retour au religieux ou, pour utiliser une terminologie plus sociologique, une « désécularisation » de la société. Le courant évangéliste conservateur, explique Tarek Mitri, a été l’un des facteurs principaux de ce phénomène de désécularisation. En effet, à partir des années 70, ce courant a décidé qu’il n’allait plus confiner la foi dans la sphère privée, et qu’il allait conquérir les centres de décision politique, dans le but avoué de refaire de l’Amérique une « nation chrétienne ». De fait, en trente ans, les évangélistes conservateurs devaient parvenir à s’emparer du Parti républicain, dans un effort déclaré pour reconquérir toute la société américaine. En parvenant à ces centres de décision, le courant évangélique devait rencontrer, en chemin, les néo-conservateurs, dont le discours s’inspirait, lui, non pas du christianisme, que ces gens-là dédaignent, mais de cette « religion civile » dont il est question plus haut. À l’heure qu’il est, la politique étrangère de l’Amérique est en partie le résultat d’une conjonction dramatique entre le courant évangéliste conservateur et les néo-conservateurs d’une part, et le « terrorisme planétaire » de Ayman Zawahiri et Oussama Ben Laden, avec sa vision manichéenne du monde d’autre part. Voilà shématiquement le paysage social, religieux et politique que Tarek décrit dans son ouvrage. Représentant 20 à 25% de l’électorat américain, les évangélistes conservateurs, qui font du retour des juifs en Palestine un prélude au retour du Christ, représentent un formidable réservoir électoral, où George W. Bush va puiser dans quelques jours les points dont il a besoin pour être élu, et que John Kerry en personne tente de courtiser à sa manière. Fady NOUN
Sous le titre « Au nom de la Bible, au nom de l’Amérique », Tarek Mitri, professeur de sociologie à Harvard et membre du secrétariat du Conseil œcuménique des Églises, publie aux éditions Labor et Fides (Genève) un ouvrage qui se présente comme un portrait de l’Amérique de l’après-11 septembre 2001, un événement dont il a été un témoin privilégié.
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