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Actualités - OPINION

Le point Dangereux météore

Que nul, poussant des cris d’orfraie, ne s’avise de feindre la surprise et l’indignation. Le nouvel essai d’un missile balistique annoncé hier par Téhéran, cela fait trois semaines qu’on l’attendait. Le 5 octobre en effet, Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, président du Conseil de discernement, révélait aux caciques de l’Institut aérospatial de recherche : « Nous sommes en mesure d’avoir des fusées pouvant atteindre des cibles éloignées de 2 000 kilomètres. » « Les experts savent que tous les autres paliers sont accessibles dès lors qu’un pays parvient à ce stade », ajoutait-il, déplorant dans le même temps que « si nous n’avions pas limité autrefois nos recherches, nous serions plus avancés encore ». Ainsi donc, Israël, mais aussi les bases américaines dans le Golfe et même, craint-on, certaines régions du Sud-Est européen sont désormais à la portée de ce Chahab-3 (météore en farsi), dont on dit qu’il représente une phase transitoire avant le passage à Chahab-4, une arme à deux étages, capable d’atteindre la plupart des capitales du Vieux Continent. Faut-il appréhender une frappe préventive – américaine ou bien israélienne – ouvrant la voie à un embrasement général dans ce volcan moyen-oriental qui gronde depuis trop longtemps pour ne pas menacer d’entrer en éruption d’un moment à l’autre ? Il est certain qu’en s’obstinant à aller de l’avant dans son programme, Téhéran s’engage dans une bien délicate partie, à un moment où les auspices peuvent lui paraître favorables. Certes oui, l’Amérique est occupée à choisir son guide pour les quatre années à venir et se trouve de plus embourbée dans cet Irak de toutes les (mauvaises) surprises. À Gaza, l’État hébreu, lui, est en train de perdre son âme, alors qu’Ariel Sharon joue son devenir politique, peut-être même sa vie. L’Europe pour sa part se trouve empêtrée dans des contradictions aujourd’hui multipliées par vingt-cinq. Enfin, la Russie, que moins d’un million de Tchétchènes font trébucher à chaque pas, ne peut plus prétendre jouer sur la scène mondiale un rôle majeur, même en invoquant la gloire passée de Pierre le Grand. Pour autant, l’impunité de ceux-là, la République islamique en tête, qui prétendent s’infiltrer dans la cour des aînés est-elle assurée ? Rien n’est moins certain. Pour ne rien arranger, les Israéliens jouent de malheur. Leur satellite espion Ofek-6, conçu pour surveiller les progrès du programme iranien, a fini dans les eaux de la Méditerranée dès son premier test. Peu après toutefois, un Arrow, mis au point avec l’aide du Pentagone, passait avec succès son premier test au large de la Californie. Moins inquiète semble-t-il que son protégé sioniste, l’Administration Bush fait montre d’une inhabituelle prudence, ayant remplacé par des mises en garde répétées ses menaces directes, restées sans effet. À l’époque, on n’est pas près de l’oublier, Rafsandjani avait été parfaitement clair : « Les États-Unis et le régime sioniste, avait-il dit, sont nos ennemis. ils devraient savoir, en se basant sur leurs expériences passées, qu’ils ne peuvent s’engager contre nous dans un conflit dangereux. » L’argument est nettement insuffisant pour effrayer même un tigre en papier yankee. Plus sérieusement, les mollahs prétendent vouloir prémunir le pays contre tout danger. Lors de la guerre contre l’Irak, rappellent-ils, nos principales villes, y compris la capitale, ont été la cible d’attaques répétées de Scud. C’est alors, à les en croire, qu’a germé le projet de batteries de missiles stratégiques. La première concrétisation de cette idée remonte au mois d’août dernier, avec l’annonce d’un essai par le ministre de la Défense, l’amiral Ali Chamkhani, mais en des termes si ambigus qu’ils ouvraient la voie aux interprétations les plus alarmistes. Dont se fait l’écho Tel-Aviv, pour qui Chahab-3 serait capable de transporter dans un futur relativement proche une ogive nucléaire. On se trouve là sur un terrain autrement plus dangereux que celui des missiles balistiques, contre lesquels il existe plusieurs formes de parade. Du coup se trouve posée la question de savoir si le but du programme iranien d’enrichissement d’uranium est civil ou bien militaire. Téhéran réclame de la communauté internationale la reconnaissance de son droit à une telle technologie, qui serait destinée à produire du combustible pour des centrales capables bientôt d’assurer entre 7 000 et 10 000 mégawatts d’électricité. En échange de ce geste, le président Mohammed Khatami rappelait hier encore sa disposition à apporter la preuve qu’il n’est nullement question de mettre au point une bombe atomique. Une offre qui risque de rester sans lendemain tant lourd est le contentieux entre les deux parties. Et vif le désir d’effacer les mauvais souvenirs qui empoisonnent, depuis un quart de siècle, les rapports irano-américains. Christian MERVILLE
Que nul, poussant des cris d’orfraie, ne s’avise de feindre la surprise et l’indignation. Le nouvel essai d’un missile balistique annoncé hier par Téhéran, cela fait trois semaines qu’on l’attendait. Le 5 octobre en effet, Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, président du Conseil de discernement, révélait aux caciques de l’Institut aérospatial de recherche : « Nous...