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Actualités - ANALYSE

ÉCLaIRAGE - Un suivi semestriel de l’application de la résolution avalisé La 1559 verrouillée par la déclaration unanime du Conseil de sécurité

Ils étaient seulement neuf le 2 septembre dernier à vouloir « maintenir les pieds de la Syrie au feu », selon la formule imagée de la numéro deux de la délégation américaine à l’Onu, Anne Patterson. Hier, ce sont les quinze membres du Conseil de sécurité qui ont décidé – à l’unanimité – d’entretenir la flamme, en votant une déclaration présidentielle qui appelle Damas à mettre en application la résolution 1559. Unanimité : voilà, au-delà de toutes les explications qui peuvent être données, le maître mot, l’élément majeur qui ressort de la séance tenue hier à New York par le Conseil de sécurité sur le Liban. Désormais, les États-Unis, la France et leurs sept partenaires occidentaux (ou pro-occidentaux) du Conseil de sécurité qui avaient voté la 1559 ne sont plus seuls à exprimer leur soutien au rétablissement de l’indépendance politique libanaise. Hier, des pays comme la Russie, la Chine, le Brésil, le Pakistan, les Philippines et – surtout – cette Algérie autrefois alliée de la Syrie au sein de l’axe de tous les radicalismes arabes, se sont finalement associés à ce soutien, après s’être abstenus le 2 septembre. C’est précisément cette unanimité au sein de la communauté internationale qui donne toute sa force à la déclaration présidentielle lue par le représentant britannique, président en exercice du Conseil de sécurité. De leur point de vue, les coauteurs du texte ont eu raison d’insister sur cette formule, en faisant les concessions nécessaires, plutôt que d’aller vers une nouvelle résolution. En théorie, une déclaration du Conseil de sécurité a moins d’impact qu’une résolution. Les adversaires de « l’ingérence » des Nations unies dans le dossier libanais se feront un plaisir de le relever au cours des prochains jours. Pourtant, ils se trompent. Voici pourquoi : une résolution existe déjà, la 1559, qui établit de manière décisive une nouvelle donne géopolitique pour le Liban, à savoir tout simplement la fin de l’ère syrienne. Mais ce texte souffrait d’une faille, celle d’avoir été adopté par neuf voix sur quinze, soit le minimum requis. Certes, les six autres voix ne se sont pas opposées à la résolution, elles s’étaient seulement abstenues. Cela suffisait pourtant à démontrer que la communauté internationale restait plus ou moins divisée sur la question. Un mois plus tard, le secrétaire général de l’Onu constatait dans son rapport que les parties concernées ne se sont pas conformées aux exigences de la résolution. Ce qui a amené ses coauteurs à convenir de la nécessité d’un mécanisme de suivi. Dès lors, l’alternative qui se posait était la suivante : faire adopter soit une déclaration qui avalise ce mécanisme en corrigeant la faille de la 1559 (l’unanimité étant obligatoire dans ce cas), soit une nouvelle résolution qui, sur le fond, n’ajoute rien d’important à la précédente et, dans la forme, maintienne la division au sein du Conseil de sécurité. Moyennant des concessions somme toute mineures, relatives notamment à la périodicité des rapports du secrétaire général (chaque six mois au lieu des trois fixés dans le projet initial), Paris et Washington ont donc tranché. Et entraîné derrière eux les six abstentionnistes. De sorte qu’aujourd’hui, la 1559 paraît nettement plus forte dans son impact qu’au moment de son adoption. Pour ce qui est de l’autre compromis trouvé, qui consistait à ne pas désigner explicitement la Syrie, outre le fait qu’il était déjà retenu même dans le cas d’une nouvelle résolution, le moins qu’on puisse dire est qu’il perd pratiquement toute sa signification dans la mesure où le texte de la déclaration se réfère au rapport présenté par Kofi Annan. Or ce dernier avait le plus explicitement du monde pointé le doigt en direction de Damas. Ceci ayant entraîné cela, il est clair que la feuille de vigne représentée par la formule des « troupes étrangères » ne cache plus rien. Comme est tombée une autre feuille de vigne, celle utilisée jusqu’ici par Beyrouth et Damas pour formuler leur respect embarrassé à l’égard des résolutions des Nations unies. Les premières réactions officielles libano-syriennes ne laissent en effet aucun doute sur l’état d’esprit des dirigeants dans les deux capitales sur ce que la communauté internationale réclame d’eux. Tant du côté du palais Bustros que chez le ministre syrien des Affaires étrangères, Farouk el-Chareh, le ton était à la désolation face à ce qui est perçu comme un « dangereux précédent ». Le Liban et la Syrie, on le sait, s’opposaient farouchement au principe même d’un mécanisme de suivi pour la mise en application de la 1559. Ils avaient même rejeté les efforts de la Russie de trouver une sorte de modus vivendi avec la 1559, à travers notamment l’allongement de la périodicité de ce suivi. L’approche russe aurait dû pourtant éclairer les Syro-Libanais, puisqu’il s’agissait de reconnaître dans le principe l’aspect définitif de la 1559 tout en essayant de jouer autant que possible sur le temps. D’une certaine façon, n’est-ce pas là ce que disait le vice-président du Conseil, Issam Farès, dans son discours devant l’Assemblée générale de l’Onu, en septembre, lorsqu’il affirmait que le litige entre Beyrouth et New York concernait uniquement le timing ? Le jusqu’au-boutisme libano-syrien n’a-t-il pas favorisé en fin de compte l’entente au sein du Conseil de sécurité ? Paris et Washington ont concédé les six mois. Moscou, Pékin, Alger et les autres n’ont plus rien à redire. En somme, hier, par le biais du Conseil de sécurité, le monde entier s’est prononcé pour l’indépendance du Liban. Le monde entier... à l’exception de la Syrie et du Liban. Élie FAYAD

Ils étaient seulement neuf le 2 septembre dernier à vouloir « maintenir les pieds de la Syrie au feu », selon la formule imagée de la numéro deux de la délégation américaine à l’Onu, Anne Patterson. Hier, ce sont les quinze membres du Conseil de sécurité qui ont décidé – à l’unanimité – d’entretenir la flamme, en votant une déclaration présidentielle qui...