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Actualités - OPINION

Pas de crise, mais crise quand même... L’idée d’une démission de ministres semble avoir été écartée

Un député influent, placé au centre des tractations en cours, indique qu’elles se poursuivent sans éclat, qu’il n’y aura pas de brusque démission en bloc de ministres pour précipiter le départ du cabinet. En précisant, dans un aveu indirect d’embûches, que l’on en est toujours au stade des préliminaires. Que l’on n’a pas encore abordé les questions sérieuses. Et qu’il faut donc compter plusieurs jours avant l’épilogue. Un mois et demi après la prorogation, on en reste au même point. Le changement de cabinet avait été annoncé initialement pour le 2 ou le 3 octobre. Tout a été gelé et reporté. En grande partie, reconnaît ce député, à cause de la 1559. Et de la nouvelle résolution qui doit en naître. Et dont la teneur peut beaucoup influer sur la nature et la composition du prochain cabinet libanais. Qui serait, selon les cas (et les options des décideurs), soit de confrontation, soit de (bonne) composition, c’est le mot. Partant de là, il n’y aurait pas de nouveau gouvernement au Liban avant que l’Onu ne proclame ses décisions. C’est ce que confirme d’ailleurs un ministre informé, qui avoue qu’actuellement tout ce que l’on fait, c’est de gagner du temps, en le perdant comme on peut avec de soi-disant pourparlers ministériels. Afin de faire croire qu’il n’y a pas de lien entre cette question et la 1559, pour éviter des remous à l’intérieur. Ou, plus exactement, pour ne pas apporter de l’eau au moulin de l’opposition, qui réclame que l’on prenne l’Onu au sérieux et que l’on commence à programmer le retrait syrien de ce pays. Au nom de la souveraineté, de l’indépendance et de l’autonomie de décision nationale. Comme, du reste, au nom de l’intérêt bien compris de la Syrie autant que du Liban. Pour aujourd’hui, mardi, rien à attendre. En effet, la Chambre se réunit pour former ses commissions. Mais Hariri devrait rendre son tablier dans les 48 heures. Dans le respect des formes. Car en pratique, il gardera tout le temps devant lui : on sait qu’un gouvernement démissionnaire est toujours prié d’expédier les affaires courantes jusqu’à son remplacement. Ce qu’il fait déjà, toujours en pratique, depuis pas mal de temps. Les proches du président du Conseil indiquent qu’il suit évidemment de près l’évolution du dossier libanais sur la scène internationale. Et qu’il se prépare en conséquence par des démarches intérieures. Auxquelles il évite soigneusement de donner un caractère de défi par rapport à aucune partie interne, régime en tête. Il prend donc soin de se concerter, à chaque pas, avec toutes les forces politiques locales, ses adversaires traditionnels compris. Il reste en effet convaincu qu’il faut un minimum de cohésion nationale, et d’entente, pour limiter les dégâts éventuels dans la difficile passe régionalo-internationale que le pays affronte. Toujours est-il que, selon d’autres sources ministérielles, la succession des jours a permis de bien faire chauffer la marmite gouvernementale. Qu’une formule préférentielle serait déjà au point. Que la procédure constitutionnelle sera lancée cette semaine. Selon un de ces ministres, qui prennent peut-être leurs désirs pour des réalités, il n’est pas question de continuer de la sorte. Il affirme, comme les loyalistes pressés, que le retard est inadmissible car il porte préjudice au régime (re)commençant. Car la temporisation est naturellement interprétée, ici et au-dehors, comme un signe évident de faiblesse du pouvoir prorogé. Et, au contraire, comme un signe de force de l’opposition, dans la mesure où celle-ci, qui refuse de participer au gouvernement, montre qu’elle peut en entraver la formation, par l’étendue de son influence. Mais des lahoudistes avouent en privé leur crainte de voir le président Hariri ne pas se montrer exagérément coopératif. Et ils redoutent qu’il prenne tout son temps, plusieurs jours, avec une secrète jubilation intérieure, avant de présenter la démission du gouvernement actuel. Il ferait de la sorte pression pour disposer d’une marge de manœuvre plus large et imposer ses vues aux partisans du régime. Une attitude que Koraytem justifierait par la nécessité de répondre au vœu de Berry, qui a considéré, la semaine dernière, les concertations officieuses comme étant irrégulières, constituant même à ses yeux une hérésie constitutionnelle. En fait, pour les autres tenants du pouvoir, il est évident que Berry n’a sorti ce verdict que par frustration, après avoir vu ses exigences de copartage des portefeuilles discutées, sinon rejetées. Il a donc dénoncé des négociations auxquelles il avait lui-même participé. En s’appuyant sur l’avis de Kornet Chehwane critiquant ces pratiques en marge des procédures constitutionnelles. En tout cas, des lahoudistes inquiets auraient demandé au chef de l’État de conseiller à des ministres proches de démissionner. D’organiser ensuite des conférences de presse tonitruantes pour accabler Hariri. Mais d’autres loyalistes, plus écoutés semble-t-il, ont jugé cette idée peu pertinente et même politiquement dangereuse, donnant des armes en définitive au même Hariri. Qui serait en mesure de montrer que c’est la partie d’en face qui provoque la rupture, alors qu’elle prétend chanter la coopération. Surtout que Hariri semble appelé à revenir à la barre, qu’il n’y a pas d’autre choix sensé et qu’il ne faut pas lui donner un prétexte pour se dérober lui-même. Lui seul, indiquent ces modérés, peut assurer l’éventuelle participation de Sleiman Frangié et d’un proche de Joumblatt comme de Kornet Chehwane. Ce qui serait proche du cabinet d’union que le régime prône. Une autre idée de pression a connu le même rejet. Il se serait agi de convoquer la Chambre pour une interpellation et pour une motion de défiance faisant chuter le cabinet. Une proposition jugée saugrenue, du moment qu’en tout cas le cabinet s’en va. Sans compter que Damas demande qu’on la joue « cool », comme on dit familièrement aujourd’hui, sans secousses. Toujours est-il que les lahoudistes dans leur ensemble restent pressés. Et font valoir qu’il n’est pas besoin d’attendre la résolution de l’Onu, puisqu’on sait déjà quelle va en être la teneur globale. Philippe ABI-AKL

Un député influent, placé au centre des tractations en cours, indique qu’elles se poursuivent sans éclat, qu’il n’y aura pas de brusque démission en bloc de ministres pour précipiter le départ du cabinet. En précisant, dans un aveu indirect d’embûches, que l’on en est toujours au stade des préliminaires. Que l’on n’a pas encore abordé les questions...