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Actualités - CHRONOLOGIE

1559 - Une offre de déclaration un peu plus souple que le projet de résolution La Russie tente auprès de Beyrouth une médiation de la dernière chance (photo)

Jusqu’en fin de journée hier (heure de Beyrouth), la Russie espérait encore voir tous les violons s’accorder au sujet de la 1559. Pour qu’en lieu et place du nouveau projet de résolution franco-américain, le Conseil de sécurité produise une déclaration dite présidentielle, car c’est le président en exercice de cet organisme qui la publie. Une procédure de compromis qui nécessite, comme on sait, l’unanimité des 15 membres. Ce qui implique en général, sauf cas très grave rarissime, plus de souplesse dans le ton et des mesures moins rigides que celles qui sont adoptées dans une résolution. D’une manière tout à fait officielle, la Russie a donc demandé au Liban de mettre de l’eau dans son vin. Et d’accepter une formule de texte qui ne mentionnerait pas nommément la Syrie. Puis de souscrire à un rapport du secrétaire général de l’Onu détaillant ce que le Liban et la Syrie ont fait, ou n’ont pas fait, dans le cadre d’une application impérative, inéluctable, de la 1559. L’ambassadeur russe à Beyrouth, Sergueï Boukine, a donc demandé hier à rencontrer d’urgence le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid. Il lui a rappelé qu’une déclaration présidentielle présente par nature moins de force exécutive qu’une résolution. Sur les détails concrets, l’éclairage est resté assez diffus. Comme le diplomate, Obeid s’est montré particulièrement discret sur ce point hautement sensible. D’autant qu’il ne peut livrer de réponse, de réaction ou de commentaire, avant d’avoir conféré avec la Syrie ainsi qu’avec le président de la République et le Premier ministre. Sans compter qu’il faut prendre en considération qu’à New York, les tractations multilatérales se poursuivent. Toujours est-il que la Russie a fait valoir la pesanteur que représenterait pour le Liban et la Syrie d’être au centre, en 45 jours, de deux résolutions défavorables de l’Onu. Boukine a répété que Moscou préfère une déclaration que Beyrouth devrait accepter. Surtout si l’on parvenait à biffer dans le brouillon la mention du nom de la Syrie. En arrondissant en outre les angles par une formule diplomatique indiquant que le Conseil de sécurité « prend acte » du message du représentant permanent libanais daté du 5 de ce mois d’octobre, ainsi que de la note verbale remise par la délégation syrienne en date du 6. À dire vrai, cette concession toute relative aux parties libanaise et syrienne (dont on ne méconnaît donc pas sciemment l’argumentation) est déjà contenue dans le projet de résolution franco-américain émis avant-hier jeudi. Des sources informées indiquent que, toujours dans un esprit d’aide aux Libanais, Moscou propose qu’il y ait par an trois rapports d’Annan, sur le taux d’application, et non quatre comme le veulent les Franco-Américains. Les périodes de compte-rendu seraient ainsi de quatre mois au lieu de trois, donnant un peu de mou à la corde. En fait, les Russes avaient même proposé qu’Annan produise un rapport sans fixation de délai, quand cela lui semblerait opportun. Mais cette suggestion élastique a été rejetée. Cependant, et parallèlement, les Français et les Américains accepteraient qu’on n’insiste pas sur la condition relative au désarmement des milices libanaises (entendre le Hezbollah) et non libanaises. Une précision russe : la disposition à soutenir le Liban ne peut prendre toute son ampleur qu’au cas où il se montrerait coopératif, pour faciliter l’adoption d’une déclaration présidentielle. Sinon, si l’on doit se rabattre sur une résolution, Beyrouth ne pourrait compter que sur un concours russe sans grande efficience. Interrogé par la presse à sa sortie du palais Bustros, M. Boukine a indiqué que son pays « tient aux positions » qu’il avait exprimées avant l’adoption de la résolution 1559 du Conseil de sécurité. « Les pourparlers au Conseil de sécurité se poursuivent et il existe plusieurs options, mais jusqu’à présent j’ignore laquelle sera adoptée », a-t-il ajouté. Il a affirmé vouloir s’abstenir de fournir plus de détails « pour ne pas nuire aux consultations en cours » aux Nations unies. Critiques Du côté des opinions, des ambassadeurs de grandes puissances qui participent avec force aux tractations en cours à New York critiquent le manque d’unité de la position libanaise, du fait des tiraillements intérieurs. L’un de ces ambassadeurs soutient cependant que les positions dures adoptées par la France ne favorisent pas ses intérêts dans la région. Car les Français, selon lui, ont l’air de s’accrocher au train à grande vitesse conduit par les Américains. Et si ce train devait s’arrêter brusquement, ajoute cet ambassadeur, il y aurait de la casse du côté français. Une façon d’insinuer qu’à tout moment, les Américains pourraient négocier avec les Syriens, en laissant les Français en plan. Le même professionnel décerne par contre un certificat de bonne conduite à la Russie. Qui, depuis le rapport d’Annan, travaille pour un compromis. Et qui a obtenu que le nom de la Syrie ne soit pas mentionné, tandis que l’on prendrait acte des positions libanaise et syrienne. La portée de cette médiation, selon la source citée, est d’établir un équilibre entre les demandes du camp qui veut dissocier la 1559 du dossier régional, et celles du tandem Liban-Syrie, soutenu par un certain nombre de pays, qui pense que tout revient en définitive au problème du conflit avec Israël. Khalil FLEYHANE
Jusqu’en fin de journée hier (heure de Beyrouth), la Russie espérait encore voir tous les violons s’accorder au sujet de la 1559. Pour qu’en lieu et place du nouveau projet de résolution franco-américain, le Conseil de sécurité produise une déclaration dite présidentielle, car c’est le président en exercice de cet organisme qui la publie. Une procédure de compromis...