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Actualités - OPINIONS

Les lecteurs ont voix au chapitre

Réponse au prince al-Walid ben Talal Votre Altesse, nombreux sont ceux qui ont, longtemps, admiré votre esprit d’entrepreneur et votre «success story ». Les libanais vous sont reconnaissants pour votre philanthropie et vos généreuses aides. Malheureusement, cet immense respect qu’ils ont pour vous s’est modifié après vos dernières apparitions publiques. En sortant du salon du patriarche, vous vous êtes acharné contre l’opposition dont Bkerké a été le pilier depuis 14 ans. Peu après, au Biel, vous vous êtes moqué de l’opinion publique en faisant l’éloge du président et en conseillant à l’opposition de « raisonner ». Vous n’êtes pas sans savoir que la majorité des Libanais a rejeté la reconduction ; un businessman comme vous connaît parfaitement « le marché ». Il est difficile de comprendre votre position, sauf si cette fois le rendement sur l’investissement n’est pas recherché dans le « marché » mais ailleurs. L’histoire arabe nous a habitués à travers sa littérature, depuis la Jahilia, aux éloges et aux louanges, mais votre dernier discours était une des rares fois où l’émir n’en était pas le sujet mais l’auteur. Plusieurs personnes ont critiqué votre discours et ont dit ce qu’on devait dire ; je ne répéterai pas les mêmes mots. Votre Altesse, je respecte votre avis, c’est la loi fondamentale de la démocratie que nous souhaitons pour notre pays ; mais quand vous faites un discours politique, que cela soit au moins « correct politiquement ». Vous avez parlé des amendements des Constitutions française et américaine. Permettez-moi de vous rappeler que le mandat du président français a été réduit de 2 ans et non pas prolongé et cela au détriment de M. Chirac ; alors que les 29 amendements américains ne sont que pour renforcer les droits des citoyens et protéger leur liberté. Habib ELSABBAGH Montréal, Canada Curieuses coïncidences Bizarre ! Vous avez dit bizarre ? Juste au moment où nos frères syriens entament un retrait partiel, éclatent des incidents qui sont censés prouver que décidément, ces sauvages de Libanais, par ailleurs complètement écervelés et toujours mus par un esprit confessionnel, n’ont qu’une idée en tête : se massacrer les uns les autres. Et pourtant, lors de mon dernier voyage qui date de quelques semaines à peine et au cours duquel je suis allé partout, mais vraiment partout, j’ai toujours été accueilli chaleureusement, et surtout là où je m’y attendais le moins. Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle manipulation et saurons-nous cette fois y résister ? Si Dieu le veut. Christian GÉDÉON Laissez les « têtes » gouverner ! Qui a dit que le Liban pourrait s’autogouverner ? Notre situation actuelle me rappelle très souvent celle de l’Union soviétique : salaires bas, prix élevés, absence de services sociaux. On est en situation de dépression. Arrêtez, chers politiciens, de répéter que tout cela, c’est à cause de la guerre. C’est plutôt à cause de vous. Comment être fort ? Non pas grâce aux richesses de notre sous-sol, industries lourdes, mais grâce aux jeunes. Laissez les « têtes » gouverner ! Ils sont notre garantie, notre sécurité. Laissez la dignité et la justice régner ! Car « la justice est le droit du plus faible ». Oubliez la guerre, elle fut terrible. Plutôt souvenez-vous de ce que Renan a dit : « Une patrie se compose de morts qui l’ont fondée aussi bien que des vivants qui la continuent. » Hiba HADDAD Il y a amendement et amendement Il fallait s’y attendre… Les propos tenus à la fin de la semaine dernière par le prince al-Walid ben Talal ont suscité ce qu’en langage parlementaire on appellerait « des mouvements divers », qui se sont traduits par des lettres pas toujours publiables. Nous avons choisi celle d’un lecteur qui, à partir de Montréal, relève que la comparaison avec des pays comme la France ou les États-Unis, s’agissant de l’amendement de la Constitution en vue de la prorogation du mandat du président Émile Lahoud, n’est guère possible. De fait, écrit notre correspondant, dans le premier cas, il s’est agi de ramener le septennat à un quinquennat, alors que dans le second cas, les 29 amendements visaient à renforcer les droits des citoyens. Une lectrice ne veut pas voir dans la crise actuelle et la déprime ambiante des effets de la guerre qui a ravagé le pays quinze années durant. La situation présente, lance-t-elle à l’adresse des dirigeants, est le résultat de votre incurie. Sa conclusion ? Confiez donc aux jeunes les rênes du pouvoir car ils sont , dit-elle, notre garantie et notre sécurité. Vous verrez alors que tout, au Liban, ira mieux. À ceux qui pourraient en douter, on répondrait qu’en tout état de cause, tout ne pourra certainement pas aller plus mal… Quel environnement prévoyons-nous pour nos enfants ? Bien sûr le Liban a des priorités (sécurité extérieure et intérieure, situation économique, indépendance) mais depuis bientôt quinze ans que cela dure, qu’est-ce qui a été fait ? Pendant ce temps, la situation écologique du pays se dégrade. Imaginons que de vrais responsables installent, comme dans la plupart des villes européennes, des capteurs de pollution d’air le long du littoral, entre Beyrouth et Jounieh, et que les résultats soient communiqués à la population. Évidemment la circulation serait interdite. Autour des centrales de production d’électricité, qu’on fasse des analyses de sol. Je n’ose pas penser à la quantité de dioxine que l’on trouverait. En plus, au pied de certaines de ces centrales, il y a des maraîchers et ces légumes sont vendus sur le marché. Pauvres consommateurs ! Quant à la pollution marine, pas besoin de faire des prélèvements pour constater la situation de la mer entre le port de Beyrouth et la baie de Jounieh. Et dire que tous les jours, des barques de pêcheurs attrapent des poissons que l’on retrouve sur les étals, bourrés de pesticides, de plomb, de nitrates, etc. Quant au tourisme, bien évidemment, le Liban a fait le choix de celui du luxe. Mais pensez un peu : si l’envie prend les touristes de faire une promenade dans la belle montagne ils seraients servis : tas d’ordures sauvages au détour du chemin, dépôts industriels dont on ne connaît que très bien le contenu... La palme revient à la commune de Ghazir. Le pauvre Lamartine, qui a donné son nom à une si belle vallée, doit se retourner dans sa tombe en constatant qu’elle sert de déversoir sauvage. À Jbeil, il y a un dépôt sauvage d’ordures ménagères qui jouxte la belle plage de la commune et qui envoie grâce au courant favorable ces résidus. Continuons et nos descendants vont nous remercier de leur avoir laissé un bel héritage, sans compter les risques graves sur la santé. Mais l’environnement est-il un souci majeur pour les élus ? Yves KERLIDOU Affaire de barbes Il est scandaleux de lire dans votre journal que vous vous intéressez plus à la taille des barbes des habitants du village du présumé chef d’el-Qaëda au Liban qu’au fait qu’il y ait un homme qui est mort sous la torture dans les prisons libanaises. Ce crime ne perd pas de sa valeur parce que l’homme en question était ou non terroriste. Vu votre réaction à ce qui s’est passé en Irak, à Abou Ghraib, ce qui se passe avec les étudiants libanais demandant le retrait des troupes syriennes, je me demande pourquoi vous vous intéressez si peu au fait qu’un homme soit mort dans les prisons libanaises. C’est avec regret que je dis que plus je lis des quotidiens libanais, moins j’ai envie de retourner au Liban. Mazen BARAKAT Vous trouvez que nous attachons une importance extrême à la longueur d’une barbe ? Peut-être qu’il faudrait lire plus attentivement L’Orient-Le Jour. Vous découvrirez alors que nous pourchassons le scandale partout où il se manifeste et que, à l’instar de Térence, rien de ce qui est humain ne nous est étranger. De grâce, pas de leurre ! Rebâtir, embellir un pays rasé, profané par la guerre civile, « c’est bon pour le moral ». Mais si tout cela a été réalisé sur la ruine de familles démunies qui espéraient assurer l’avenir de leurs enfants en leur léguant les biens de leurs ancêtres, alors, ce n’est point bon, ni beau pour la morale. Qui de nous, Libanais surtout, peut être aussi facilement leurré, et bêtement émerveillé par le renouveau du pays ? Avant de retaper et rénover les anciennes bâtisses, il fallait d’abord ressusciter l’humanisme, la dignité, l’honnêteté et la justice. Georgette MEDAWAR
Réponse au prince al-Walid ben Talal
Votre Altesse, nombreux sont ceux qui ont, longtemps, admiré votre esprit d’entrepreneur et votre «success story ». Les libanais vous sont reconnaissants pour votre philanthropie et vos généreuses aides. Malheureusement, cet immense respect qu’ils ont pour vous s’est modifié après vos dernières apparitions publiques.
En sortant du...