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Actualités - OPINION

Fléchettes Les criquets

Des cigales ? Sûrement pas. Ils font chanter plutôt qu’ils ne chantent. Et ne risquent pas de se trouver forts dépourvus, une fois la bise (mais où tu la veux, ta bise ?) venue. Ces enfants de sœur, et pas de chœur ni de cœur, ne sont pas non plus des sauterelles qui volettent en zigzag. Ils savent parfaitement où ils vont. Et où ils viennent. Mais des criquets ravageurs, qui ne sont pas là pour jouer au cricket, oui. Pour rafler nos récoltes politiques, avec leurs bulldozers électoraux, nos vendanges policières avec leurs SR en civil. Et nos moissons économiques. Dans les champs comme en ville. Leur pompe à fric la plus efficace, ce n’est pas le bidasse. Mais l’ouvrier, agricole ou de chantier. Il est là, innombrable, par centaines de milliers, un million sans doute. Il dort n’importe où, dans des baraques de constructeurs, en bord de mer ou sous les ponts routiers. Il se nourrit de peu, quelques oignons, un « rghif », une « kaaké », deux concombres, trois tomates. Ou de ce qu’on veut bien lui donner par pitié. Cette pitié encore plus aveugle que dangereuse, comme Zweig l’appelait. Il se fait, bon an mal an, avec les jours de déveine sans travail, ses 2 000 dollars. Dont il envoie at home la moitié facile. Grosso modo, c’est au moins un milliard de dollars que ce laborieux nous soutire. Comme la vie est beaucoup moins chère en Syrie, deux ou trois fois selon les cas, non seulement les va-nu-pieds exportés y apportent l’aisance à leurs proches, mais encore ils constituent désormais un pilier fondamental d’une économie balbutiante. Grand bien leur fasse, d’ailleurs. Ce n’est pas leur bonne fortune qu’on leur envie. Ou qu’on regrette. Mais notre infortune. Lourdement aggravée par le fait que nous l’avons bien cherché. Parce qu’en sus du lâche lâchage de notre autorité politique face à cette invasion dévorante, le privé y met du sien. En envoyant ses vans recruter, à Barbir ou ailleurs, une main-d’œuvre meilleur marché que la fourmi autochtone. Ainsi, le criquet ricaneur chante toujours sa liesse. Au printemps, en été, en hiver. Comme en ce même automne. J. I.
Des cigales ? Sûrement pas. Ils font chanter plutôt qu’ils ne chantent. Et ne risquent pas de se trouver forts dépourvus, une fois la bise (mais où tu la veux, ta bise ?) venue. Ces enfants de sœur, et pas de chœur ni de cœur, ne sont pas non plus des sauterelles qui volettent en zigzag. Ils savent parfaitement où ils vont. Et où ils viennent.
Mais des criquets ravageurs,...