Pour la deuxième semaine consécutive, des milliers de personnes à Moukhtara en solidarité avec le chef du PSP Joumblatt : Nous continuerons la bataille, et ni les SR, ni les prisons, ni l’oppression ne nous effraient

Pour la deuxième semaine consécutive, Moukhtara a été ce week-end le rendez-vous de milliers de Libanais, venus apporter, des quatre coins du Mont-Liban et de la Békaa-Ouest, leur soutien à celui qu’ils appellent désormais, en écho au député Bassem Sabeh, « l’émir des libertés » : le chef du PSP, Walid Joumblatt. Pour « la défense de la liberté, de la démocratie, et d’un Liban souverain et indépendant », et en signe de solidarité avec les « positions nationales » du député du Chouf « face aux campagnes qu’il est en train de subir », les banderoles, les portraits et autres drapeaux libanais ou partisans ont été brandis hier par la foule dans toute l’enceinte du palais et dans le village. Et les slogans répétés ad libidum : « Nous ne voulons pas de ministères, juste le palais de Moukhtara » ; « Un ministère ne se crée qu’au palais de Moukhtara » ; « Viens voir Lahoud, viens voir ce qu’est capable de faire le zaïm du Chouf » ; « Rien que pour tes yeux Walid, notre sang est prêt à couler, rien que pour la liberté, nous sommes prêts à mourir » ; « Va chez Lahoud et dis-lui que Walid est toujours le raïs du monde entier », etc. Walid Joumblatt a écouté chaque délégation et lui a répondu. En demandant d’abord qu’il y ait davantage de drapeaux libanais : « Notre bataille est libanaise, ni partisane ni sectaire, et le drapeau libanais ne contredit en rien l’arabité libanaise, comme a dit Kamal Joumblatt. » En mettant ensuite tout naturellement l’accent sur la liberté, la souveraineté libanaise, la démocratie. En rappelant que le Liban, « par sa diversité, est une valeur ajoutée pour la Syrie, les Arabes et le monde : c’est du Liban qu’est née la démocratie », a-t-il dit. « Nous n’avons besoin de leçons de patriotisme, d’où qu’elles viennent », a-t-il ajouté, appelant chque système « à s’occuper de ses propres affaires et à ne pas se mêler des affaires internes du Liban ». Devant des délégations de la Békaa-Ouest, le chef du PSP n’a pas épargné non plus certains députés, « qui représentent les services de renseignements et non pas le peuple ». Citant l’Exhortation apostolique et ce qu’elle souligne à propos de la coexistence libanaise, il a rendu hommage au patriarche maronite. Pour évoquer ensuite un monde arabe « aujourd’hui prisonnier et muselé », et marteler que « ni les services de renseignements, ni les prisons, ni l’oppression, ni les intimidations ne nous font désormais peur. Nous allons continuer la lutte en faveur d’un Liban libre, souverain et indépendant. Nous n’avons aucune relation avec les autres systèmes, alors laissez-nous comme nous sommes, comme est le Liban depuis des siècles, avec notre diversité, nos idées, notre acceptation de l’autre. Nous ne voulons de personne une caution en arabisme – cette caution, c’est nous tous qui la donnons. Notre bataille aujourd’hui consiste à préserver une patrie libre et indépendante, qui entretient des relations privilégiées avec la Syrie, à condition que le système libanais reste basé sur la démocratie. Cette bataille, nous allons la gagner », a assuré Walid Joumblatt. Pour le seigneur de Moukhtara, « il est hors de question que le système libanais devienne comme ceux des autres pays – ni aujourd’hui, ni demain, ni plus tard. L’arabité sans libertés n’a aucun sens : nous avons vu le résultat dans le monde arabe, nous avons combattu, avec beaucoup de slogans, l’impérialisme, le sionisme, le colonialisme et tout le reste. Mais en fait, qu’avons-nous fait ? C’en est fini de l’Irak, de la Palestine... » a-t-il dénoncé.