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analyse Le Parti de Dieu se sent particulièrement visé par la 1559 Selon le Hezbollah, la priorité américaine est d’isoler l’Iran

Accueillie avec des réactions mitigées, la résolution 1559 du Conseil de sécurité n’en finit pas de susciter des interprétations diverses au Liban et même en Syrie. Le Hezbollah, qui est l’objet d’un article de la résolution, sans y être toutefois nommément cité, alors que le rapport du secrétaire général des Nations unies évoque dans un large paragraphe la situation au Sud, la nécessité de « pacifier » la frontière nord d’Israël et d’arrêter les opérations de résistance, a sa propre lecture, qui le place dans la ligne de mire de la communauté internationale. Selon des sources proches de la formation, cette résolution serait le fruit d’un long processus commencé depuis quelque temps déjà et visant essentiellement la République islamique d’Iran. Ce pays, figurant en bonne place dans « l’axe du mal » si cher à George W. Bush, ferait désormais partie des priorités américaines. D’ailleurs, ce n’est plus un secret pour personne que le dossier iranien occupe une bonne place chez les analystes de la Maison-Blanche. Les mêmes sources affirment que le principal souci des Américains est aujourd’hui d’empêcher la « République des mollahs » de se doter de l’arme nucléaire. Selon les estimations, l’Iran serait assez proche d’atteindre cet objectif, à moins que cela ne soit déjà fait. Dans les rapports des experts, la bombe nucléaire ne serait disponible qu’à partir de 2007 ou 2008. Mais certains milieux estiment que les projets sont bien plus avancés qu’on ne le croit, même si les autorités iraniennes ne manquent pas une occasion d’affirmer que leur programme est uniquement pacifique et qu’il n’est pas question pour l’Iran de se doter de l’arme nucléaire ou d’utiliser le programme à des fins militaires. Toutefois, le contentieux iranien avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) alimente les appréhensions américaines, qui ont d’ailleurs réussi à convaincre les Européens et plus particulièrement les Français à se rallier à cette campagne. Frapper le Hezbollah pour pouvoir s’en prendre à l’Iran Aujourd’hui, empêcher l’Iran de se doter de la bombe et le contraindre à suspendre son programme nucléaire sont donc en tête des préoccupations de la communauté internationale, non pas à cause de la crainte de la prolifération nucléaire, affirment les sources proches du Hezbollah, puisque le Pakistan et l’Inde possèdent cette bombe, mais parce qu’il s’agit de l’Iran, pays dont la politique ne s’aligne pas sur celle des Américains et qui continue à avoir un solide contentieux avec Israël. Selon les mêmes sources, les Américains ont tout essayé pour obliger l’Iran à céder : pressions directes, opérations de séduction, menaces, rien n’y a fait. Il s’agit donc désormais d’isoler ce pays. Et son principal allié régional, la Syrie. Il faut donc rompre cette alliance en multipliant les pressions sur Damas, affaibli par la crise économique et par la lenteur du régime à s’inscrire dans un processus de modernisation. Il y a d’abord eu le Syria Accountability Act, mais comme la Syrie refusait toujours de comprendre les véritables enjeux internationaux, il a fallu prendre des mesures drastiques, en ayant recours au Conseil de sécurité, après avoir semé la confusion au Liban, qui reste le point faible de la Syrie. Les sources proches du Hezbollah estiment que, pour les Américains, il est indispensable de pousser la Syrie à rompre son alliance avec l’Iran. Toutes les pressions sont concentrées sur ce point. D’abord parce que les deux pays sont influents en Irak et ils sont ainsi une source de problèmes pour les États-Unis et ensuite parce qu’il est plus difficile de frapper un Iran doté d’importantes alliances régionales qu’un pays isolé, comme ce fut le cas de l’Irak en 1991. De plus, pour bien isoler l’Iran, il faut aussi détruire son principal instrument de lutte extérieure, c’est-à-dire le Hezbollah. Car, quoi que l’on dise sur « la libanisation » ou la « syrianisation » de cette formation, elle continue à évoluer dans l’orbite iranienne, s’inspirant largement des principes de la République islamique et entretenant des relations étroites avec certains pôles du pouvoir à Téhéran et à Qom. Et s’il faut en croire les sources proches du Hezbollah, si les États-Unis décident de frapper, directement ou par le biais des Israéliens, les installations nucléaires iraniennes, comme tout porte à le croire, personne, pas même la Syrie, ne pourra empêcher le Hezbollah de riposter contre les villages et les localités du nord d’Israël, ou alors là où il le juge bon. C’est donc pour cela, estiment les mêmes sources, que les Américains considèrent qu’il faut à tout prix neutraliser le Hezbollah, qui continue, même calme, à représenter une force de nuisance assez importante et capable de mettre en cause les plans américains dans la région. Pour ces sources, le véritable enjeu de la résolution 1559 est dans l’article qui porte sur le désarmement du Hezbollah. Aux yeux de la formation islamiste, les États-Unis n’insistent pas vraiment sur le retrait syrien du Liban et s’intéressent encore moins à l’amendement constitutionnel qui a permis la prorogation du mandat du président Lahoud. Par contre, ils tiennent absolument au désarmement du Hezbollah et des groupes palestiniens présents dans les camps, qui constituent une menace pour leurs projets futurs. Et, insistent les sources proches du Hezbollah, les États-Unis savent très bien que seule la Syrie est en mesure de procéder à un tel désarmement. D’où les pressions exercées sur elle et l’hypocrisie de la résolution 1559, qui exige à la fois le retrait syrien du Liban et le désarmement des milices locales ou étrangères... Les mêmes sources considèrent que l’assassinat il y a plus de deux semaines d’un militant du Hamas dans la banlieue de Damas s’inscrit dans ce cadre. Les Israéliens ont toujours les moyens d’infiltrer la Syrie et d’y recruter des agents. Mais ils n’auraient pu passer à l’action sans un feu vert américain. Et c’est là l’élément nouveau qui a permis cet assassinat. Le message adressé à la Syrie est clair : si vous ne cédez pas à nos pressions, nous sommes en mesure de transposer la lutte en Syrie même. Et Damas aura beau céder sur d’autres sujets, notamment en Irak et même sur le volet syro-israélien, les exigences resteront les mêmes : frapper le Hezbollah et rompre l’alliance avec l’Iran. La Syrie cédera-t-elle face à cette nouvelle équation ? La visite du président iranien Mohammed Khatami à Damas, hier, ne laisse présager rien de tel. Mais au Hezbollah, on se prépare à toutes les éventualités. Scarlett HADDAD
Accueillie avec des réactions mitigées, la résolution 1559 du Conseil de sécurité n’en finit pas de susciter des interprétations diverses au Liban et même en Syrie. Le Hezbollah, qui est l’objet d’un article de la résolution, sans y être toutefois nommément cité, alors que le rapport du secrétaire général des Nations unies évoque dans un large paragraphe la...