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ÉCLaIRAGE Proche parmi les proches de Damas, Frangié adresse une facture astronomique au chef de l’État reconduit

C’était hier, encore davantage que les stupéfiants, les énormes propos de Walid ben Talal devant un Émile Lahoud apparemment ravi d’être au Biel, la bombinette politique du jour : Sleimane Frangié a asséné ses conditions pour son éventuelle participation au gouvernement à venir. Ou plutôt sa seule et unique condition – imposante : ce sera, pour lui, le portefeuille de l’Intérieur. Ou rien. Tempête dans un verre d’eau ? Caprice de star ? Répercussion amplifiée d’un desiderata exprimé mezzo vocce par le tuteur syrien ? Déclenchement d’un new deal visant à bousculer, du moins bouleverser, l’échiquier politique local et les rapports (de force) qu’il entraîne ? Réaction et mesure préventive contre les rumeurs qui bourdonnent en faveur de la très prochaine signature d’un bail au Sérail de son vieil ennemi nordiste, Omar Karamé ? Volonté délibérée de compliquer encore plus – est-ce seulement possible... – la mission quasi impossible de Rafic Hariri, engoncé jusqu’aux oreilles dans la formation du prochain cabinet ? Ou alors, contrairement aux deux dernières éventualités, a-t-il décidé de soutenir à sa façon, avec ses moyens, en privilégiant une carte dissuasive, Rafic Hariri contre Omar Karamé, dont le nom est de plus en évoqué dans les coulisses du pouvoir ? L’une de ces hypothèses, trois d’entre elles ou toutes à la fois pourraient s’avérer exactes. Ou aucune. Seule certitude à cette heure : c’est en direction de Baabda, et au chef de l’État lui-même, que ce discours s’adresse. Sachant que la pierre angulaire du système Lahoud a été (depuis 1998), est, et compte bien le rester, au moins jusqu’en 2007, le ministère de l’Intérieur, autour duquel et grâce auquel a été développée et s’est articulée la dimension militaro-sécuritaire tant décriée du régime. Un ministère, d’ailleurs, qui n’a échu, depuis bientôt sept ans, qu’à deux membres de la famille Lahoud : le gendre du président, Élias Murr, ainsi que le père de ce dernier, Michel Murr. Ainsi, dépouiller Émile Lahoud de ce portefeuille, de cette ultime arme, de cet outil, même contesté, de crédibilité et de légitimité, reviendrait à faire du n° 1 de l’État, aussi forte et irréductible que soit la caution tutélaire syrienne, un roi nu. Surtout à l’aune du rapport de forces éternel et pérenne entre le locataire de Baabda et son ennemi intime, le Premier ministre Rafic Hariri. Tout indépendamment du bilan mitigé (il y a du très bon, mais aussi du très mauvais) d’Élias Murr à l’Intérieur, et sans faire quelque procès d’intentions que ce soit à Sleimane Frangié, à propos duquel d’aucuns se demandent, à tort ou à raison, s’il ne se contenterait pas de cloner, à Sanayeh, ce qui se fait au sein du ministère syrien de l’Intérieur. Cet assaut intempestif et tonitruant du ministre de la Santé, proche parmi les proches de Damas, serait-il donc destiné à faire payer à Émile Lahoud la facture d’une reconduction contre laquelle s’opposait, sans ambiguïté aucune, son cœur – mais pas sa raison politique ? Ou alors est-ce parce que, comme le laissent entendre des sources bien informées, la formule ministérielle la plus cotée en ce moment ne lui aurait réservé qu’un portefeuille (secondaire) social ? Ou bien (et c’est cette option que ces mêmes sources privilégient) est-ce en réaction au gel par l’État, pas plus tard qu’hier, des nominations faites par Estéphan Doueihy (un des hommes de Sleimane Frangié) au sein des installations pétrolières de Tripoli, et contre lesquelles s’était emporté Omar Karamé ? Sans compter qu’à l’heure où Émile Lahoud nuance ses appels à l’unité nationale pour la formation du prochain gouvernement, le ministre de la Santé, toujours dans le communiqué d’hier, a nettement insisté sur le nécessaire redoublement des efforts visant à « convaincre » l’opposition. Allant même jusqu’à dire à ces opposants que leurs idées auraient plus de chances d’aboutir au sein du Conseil des ministres qu’à l’extérieur. En attendant, reste à savoir comment Émile Lahoud compte gérer cette facture. Au demeurant astronomique. Ziyad MAKHOUL
C’était hier, encore davantage que les stupéfiants, les énormes propos de Walid ben Talal devant un Émile Lahoud apparemment ravi d’être au Biel, la bombinette politique du jour : Sleimane Frangié a asséné ses conditions pour son éventuelle participation au gouvernement à venir. Ou plutôt sa seule et unique condition – imposante : ce sera, pour lui, le portefeuille de...